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Sommaire : 170. BAUDISSIN, Études sur l'histoire de la religion sémitique, 2o ca171. SCHMIDT, Le siècle de Périclès, II vol. 172. ALLARD, L'art païen sous les empereurs chrétiens. - 173. FONTAINE, Le théâtre et la philosophie au XVIIIe siècle. Chronique (France, Allemagne, Grèce, Italie).

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170.

Studien zur semitischen Religionsgeschichte, von W. W. Grafen BAUDISSIN. Heft II, pp. vш-285 in-8°. Leipzig, Grunow. 1878.

Ce deuxième cahier, qui est un véritable volume, se relie au précédent, nous dit l'auteur, par certaines vues générales sur le principe intime du sentiment religieux chez les Sémites. Néanmoins, ajoute-t-il, il peut être considéré comme formant un tout distinct. Cela nous met plus à l'aise pour en parler; car, si nous avons lu en son temps la remarquable dissertation de M. le comte Baudissin sur Jahve et Moloch1, nous devons avouer ne connaître qu'imparfaitement le premier cahier de ses études sur l'histoire des religions sémitiques. Les quelques observations que nous avons à présenter ne portent d'ailleurs que sur des points de détail et n'intéressent que très-indirectement le système philosophique, plus ou moins plausible, auquel l'auteur rattache ses recherches.

Le présent mémoire est, au fond, une monographie complète de la notion de la sainteté, en particulier chez les Israélites, en général chez les peuples sémitiques, et même, par comparaison, chez quelques peuples non sémitiques.

Dans une première partie (pp. 1-143), M. B. étudie minutieusement les mots destinés à exprimer cette notion, à savoir la racine qadach et ses nombreux dérivés dans les divers dialectes sémitiques. Il suppose que le sens premier de la racine est celui de séparer, mettre à part, et non de briller, être pur. C'est une conjecture ingénieuse à ajouter à celles, assurément moins satisfaisantes, qui ont été déjà émises sur l'étymologie de ce radical; mais ce n'est qu'une conjecture appartenant au domaine de ce que j'appellerai la philologie préhistorique, et il convient de l'accueillir avec d'autant plus de réserve qu'elle s'attaque à l'unité trilitère du radical, ce qui est toujours, comme l'on sait, une opération bien hardie en matière de langage sémitique.

1. Jahve et Moloch, dissertatio inauguralis. Leipzig, 1874.

Nouvelle série, VIII

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Parmi les mots auxquels a donné naissance la racine qadach, il en est un assez singulier au premier abord et sur lequel je voudrais m'arrêter un instant. On le retrouve en araméen, en syriaque et même en arabe: Qedácha, Qedôcho, Qoudás, etc., avec l'acception de boucle ou pendant d'oreille, pendeloque, etc. M. B., préoccupé toujours de l'étymologie qu'il combat, fait remarquer avec raison qu'on doit voir là, non pas une dénomination empruntée à l'éclat de l'or, mais quelque allusion à l'emploi talismanique des bijoux. Je crois que l'on peut préciser davantage ce point. Chez les Orientaux, l'oreille percée, et percée pour recevoir l'anneau, a toujours été, et est encore aujourd'hui, le signe de la servitude 1. Avoir l'oreille percée, c'est être esclave. Ainsi, chez les Persans, par exemple, un halqa-be-gôuch, littéralement qui a un anneau dans l'oreille, est un esclave. Que l'anneau fût porté à l'oreille, au doigt (cf. l'anneau de fer que Prométhée délivré avait conservé au doigt), au poignet et même à la narine (par assimilation à une bête de somme), l'idée première était la même : l'asservissement. Or quiconque se vouait à une divinité et l'on sait combien cette pratique était fréquente dans l'antiquité, se considérait non-seulement comme le serviteur, mais comme l'esclave, c'est-à-dire comme la propriété, comme la chose du dieu qu'il s'était donné, ou que ses parents lui avaient donné pour maître; à telles enseignes que le nom même porté par le dévot, socialement libre, religieusement esclave, reflète souvent cet asservissement fictif: Esclave-de-Jehovah, Esclave-de-Baal, Esclave-d'Astoret, etc., etc. (Abd+x). L'on comprend sans peine que le symbole matériel de la

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1. Cf. Exode, xx1, 6 : « Et il (son maître) lui percera l'oreille avee un poinçon, et il sera son esclave à jamais. » On pourrait citer à l'appui maint exemple de l'antiquité classique.

2. L'on peut comparer cette curieuse fiction des affranchissements pratiqués à Delphes et consistant en une donation ou une vente simulée de l'esclave à la divinité. La libération était ramenée à un changement de maître où l'intéressé trouvait son compte. En d'autres lieux de la Grèce la libération consistait dans un acte formel de consécration (¿vá00g) Cf. pour un exemple récemment trouvé Bull. de Corr. hell. 1879 I, II, 96.

Dans la langue courante du Talmud, le verbe hiqdich, dérivé de notre racine qadach, est passé du sens normal de consacrer à celui d'affranchir un esclave.

Je me suis demandé quelquefois si l'usage des noms théophores helléniques en tos, noms exprimant l'appartenance à une divinité, n'avait pas quelque chose à voir avec cette idée du hiérodulat conventionnel, de la consécration spéciale à une divinité lors de l'imposition du nom. Je m'adresse, non sans hésiter, la même question pour les noms théophores du type x + dwpos (dipov), où x = le nom du dieu. Par exemple Apollodore : l'explication reçue de ce nom est qui a été donné par Apollon. Mais ne serait-ce pas, au moins dans certains cas, à un certain moment, qui a été donné à Apollon Apollodote? En un mot, Apollodore et Apollonios ne seraient-ils pas quasi synonymes? Théodore n'aurait-il pas eu la valeur de Théodule? A@pov ne désignerait-il pas, au lieu du présent fait par un dieu, l'offrande faite à ce dieu (Tà pès Tov Accv dupa)? Peut-être cette conception va-t-elle à l'encontre des habitudes du langage hellénique; mais elle semble avoir été, à tort ou à raison, celle des Phéni

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condition servile qui était théoriquement celle de ces hiérodules pour ainsi dire laïques, de ces Qedechim, ou de ces Qedôchim, du tiers-ordre, ait reçu pour nom le mot même ou un mot proche parent de celui qui désignait la consécration.

Il est inutile de rappeler combien l'usage des pendants d'oreilles, portés par des hommes, était répandu chez les nations anciennes de l'Orient. Cet usage, qui a pu perdre ensuite toute signification, a, je pense, pour origine le point de départ religieux que je viens d'indiquer. Aujourd'hui encore en Syrie, un petit garçon voué spécialement à la Vierge ou à un saint, a l'oreille percée et reçoit l'anneau ou la pendeloque traditionnels. J'ai vu plusieurs fois des paysans musulmans qui s'étaient liés par un vœu se faire autour du doigt ou du poignet une ligature de plusieurs spires de fil rouge. Je serais curieux de savoir s'il n'y a pas quelque chose de ce genre, plus ou moins obscurci, au fond de la mode des boucles d'oreilles, encore en honneur chez bon nombre de nos campagnards en divers points de la France 1. Il ne serait pas impossible de

ciens familiers avec la langue grecque. Je constate, en effet, dans les inscriptions bilingues, où les Phéniciens ont eu à rendre leurs noms en grec, qu'ils ont toujours procédé de la façon suivante quand il s'agissait d'un nom théophore du type Abd + x = Esclave de (tel ou tel dieu): ils ont choisi deux types de composés helléniques : x- tos ou x — dopoç, l'élément divin x étant déterminé constamment par ces sortes de tables de conversions mythologiques où les divinités sémitiques et helléniques avaient été mises presque officiellement en correspondance. Ainsi, étant donné que Athene = Helios, Tanit = Artemis, Astoret = Aphrodite, Ousır (Osiris) Dionysos un Abd - Chemes, un Abd- Tanit, un Abd - Astoret, un Abd - Ousir, etc. (serviteur de... et de...) deviennent indifféremment : un Héliodore, un Artemidore, un Aphrodisios, un Dionysios, etc. Il semble donc que les Phéniciens aient considéré les noms en dopo et en tog comme équivalents entre eux et également aptes à rendre l'idée d'appartenance à la divinité, idée manifestement contenue dans leurs noms nationaux Abd +x. Cette façon de sentir les noms est peut-être grammaticalement abusive, mais elle est d'ordre historique, et je laisse le soin aux hellénistes d'examiner si elle est radicalement inconciliable avec le génie de la langue grecque. Je ferai, en outre, remarquer que si les Phéniciens avaient compris les noms x-cwpoę, comme donné par tel dieu, ils auraient dû être tentés de réserver cette forme pour représenter la catégorie si nombreuse de leurs noms où cette idée est précisément exprimée; ce sont les noms en x-yathon : p. ex. Sanchoniathon, etc..., noms qui veulent bien dire, eux: tel dieu a donné (Cf. dans l'onomastique punique les Deus dedit, Adeodatus, etc.)

1. Cf. La théorie des oblats chez les chrétiens occidentaux. L'oblation des enfants était déjà chose fréquente dans les premiers siècles du christianisme. La tonsure était le principal signe de la condition de ces oblats. Or, la tonsure a été adoptée comme une marque de servitude (la tête rasée). Je ferai remarquer de plus, à propos des réflexions exprimées plus haut sur la valeur vraie des noms propres en dmpos que le nom de l'hostie chez les Grecs est cupov. Nous avons une médaille bien curieuse d'un oblat chrétien Gaudentianus, une bulla, un véritable qoudás, représentant sur une face l'oblation de Gaudentianus, sur l'autre, le sacrifice d'Abraham, où Isaac joue le rôle de dopov ou hostie, rôle rigoureusement parallèle à celui de Gaudentianus. Ce rapprochement prend toute sa valeur si l'on réfléchit que l'arabe qoudás, pendeloque, etc...., a aussi le sens d'eucharistie.

démêler une idée analogue dans l'usage de la bulla et de son équivalent dans les classes inférieures, le nodus, usage emprunté par les Romains aux Etrusques. En un mot, bon nombre de ces bijoux servaient, je pense, à marquer l'être voué au dieu, à charge, bien entendu, pour celuici de la garantir moyennant cette espèce de prime d'assurance, contre toute mauvaise chance. C'était en quelque sorte le MACL constatant l'obligation du dieu.

La question de linguistique vidée ou tout au moins débattue, M. B. passe méthodiquement en revue les diverses dénominations de la sainteté issues de cette racine qadach, dans l'application qu'en fait la Bible: 1° aux choses; 2° aux hommes; 3° à Dieu et aux anges. J'ai vainement cherché quelques réflexions sur l'origine de ce nom moderne si remarquable de la ville de Jérusalem, el-Qouds, la sainteté. Et pourtant, dans ce mot, qui est la base même de la thèse de M. B., se trouvent résumées d'une façon saisissante, toute l'histoire de ce centre religieux du monde israélite, toutes les conceptions théologiques, toutes les superstitions auxquelles il a servi pendant des siècles et sert encore de pivot. Ce nom de Qouds est l'écho direct et vivant du Miqdach, du tabernacle où habitait Jehovah, du Qodech, ou temple, du har haqqo-dech, ou de la montagne de la sainteté, etc. II méritait certes d'être inscrit à côté des noms de localités Qadech et Qadech-Barnea, sur lesquelles M. B. a écrit quelques pages judi

cieuses.

Dans les deux autres parties (pp. 143-231 et 231-270), M. B. examine la sainteté des eaux, des arbres et des hauteurs, chez les Sémites et en particulier chez les Hébreux: sources, fleuves et lacs sacrés des Phéniciens et des Syriens; sources sacrées des Hébreux; sainteté de la mer; arbres sacrés des Assyriens, des Phéniciens et Syriens, des Arabes et des Hébreux; montagnes saintes chez les Sémites idolâtres et chez les Hé

breux.

Le plan tracé par M. B. aurait aussi comporté, il me semble, un chapitre spécial sur la sainteté des animaux, ou du moins de certains d'entre eux. C'est bientôt fait de dire incidemment : « Von der Heiligkeit lebender Thiere bei den Semiten ist bis jetzt nichts bekannt » (p. 146). J'estime, tout au contraire, que nous avons à ce sujet un grand nombre d'indications extrêmement intéressantes, et qu'il eût été utile et instructif de les recueillir et de les grouper méthodiquement. N'y a-t-il pas, en effet, les poissons sacrés, les colombes sacrées, les chevaux du soleil, les veaux de Samarie et tutti quanti? M. B. a rencontré, lui-même, sur sa route, plusieurs de ces objets vivants d'adoration. Comment se fait-il qu'ils ne lui aient pas rappelé qu'il passait, sans s'y arrêter, devant une question appartenant de la façon la plus intime à son sujet, et où il était expédient, par conséquent, de faire halte?

M. B. rapproche ingénieusement la nymphe Abarbarea, l'une des trois sources placées par Nonnus dans le voisinage de Tyr, de la sainte Bar

bara, dont le culte est si répandu en Syrie. M. Noeldeke, dans un excellent article consacré au livre de M. B., fait à ce rapprochement une objection qui peut être, il me semble, écartée ou tout au moins atténuée, si l'on admet entre la sainte mythique, la nymphe de Nonnus, et la nymphe de l'Iliade, non pas une identité réelle, mais une de ces paronomasies si chères à l'antiquité. J'ajouterai que j'ai noté positivement, dans mes pérégrinations en Syrie, des Sources de Barbara: Ain Bourbara. M. Noeldeke combat aussi l'explication du nom du fleuve phénicien Tapúpas ou Aapoúpas (aujourd'hui Nahr Damour) par Tamar, palmier. Le problème, à mon avis, est plus compliqué qu'il ne le paraît, et il faut y faire intervenir encore un nouvel élément de complication, c'est l'équation certaine : Tadmor = Пaλμupá.

A la liste des fleuves sacrés de Syrie, je propose d'ajouter un Belus ou Baal de Judée 2 le Nahr Roubîn qui se jette dans la Méditerranée au sud de Jaffa. Ce Belus inédit ne figure, il est vrai, sur aucune carte, ni dans aucun traité de géographie ancienne. Mais son existence ne m'en paraît pas moins certaine. Voici comment.

J'ai essayé dans le temps de démontrer, et je pense y être arrivé, qu'il y a dans le texte Josué, xv, 11, une faute évidente et qu'on doit lire Nahar hab-bacalah le fleuve de Baal, au lieu du texte reçu harhabbacalah = la montagne de Baal 3, attendu qu'il ne saurait y avoir de montagne grande ou petite en cet endroit absolument plat de la côte de Judée. Le Baal de ce fleuve méconnu s'est transformé pour les Musulmans en un Ruben mythique (Roubîn), objet de la plus grande vénération, exactement comme l'Adonis du fameux fleuve Adonis, au nord de Beyrouth, actuellement le Nahr Ibrahim, est devenu un nom moins mythique. Abraham 4, ou encore comme le Baal du Belus d'Acre, a eu pour héritier direct un Noomân.

Il y aurait beaucoup à dire sur le culte des sources chez les Arabes syriens, et M. B. aurait à puiser sur ce sujet, dans les légendes populai

1. Literarisches Centralblatt, 22 mars 1879, col. 363. 2. Homonyme du Belus d'Acre Nahr Noomân.

3. De même Chikronah, mentionné dans le même passage à côté du Belus de Judée, n'a jamais été une ville comme on l'a toujours admis jusqu'ici, c'est un autre petit fleuve, le Nahar Soukreir ou Soukrein actuel, dont le nom se retrouve dans celui donné par les Phéniciens au Sucro d'Espagne. (Zoúxpwv aujourd'hui le Jucar). Ces deux fleuves figurent dans le tracé de la limite septentrionale du territoire de Juda.

4. A l'actif de cette substitution toute locale du patriarche Abraham à Adonis, je me permettrai de signaler un assez curieux détail. Elien (N. an. 9, 36) nous parle d'un certain poisson qui porte le nom du dieu phénicien "Adovs (Etym. M. Adovic.) Or, il existe aujourd'hui sur la côte de Phénicie, un poisson fort estimé, dont je ne saurais préciser l'espèce, bien que j'en aie plusieurs fois mangé. Ce poisson s'appelle Soultan Ibrahim, ce qui, au taux de conversion établi par : fleuve Adonis Nahar Ibrahîm, nous donne exactement le poisson Adonis, avec un rappel de la signification propre de Adon (maître) dans le mot Soultan.

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