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core membre de la confédération du Rhin. Bientôt on voit le roi de Saxe venir à Dresde pour visiter et rassurer Napoléon vainqueur. Celui-ci le reçut avec dignité dans le propre palais du roi. Dresde est divisé en deux parties par le cours de l'Elbe. La ville proprement dite est située sur la rive gauche, et la ville neuve ou Neustadt sur la rive droite; cette dernière partie était occupée par des Russes de l'arrière-garde de Miloradowitch; ils avaient brûlé les ponts qui servaient à la communication avec la ville qu'ils occupaient. Ces Russes, de toutes les fenêtres qui faisaient face à la ville, ne cessaient de tirer et leurs balles venaient frapper jusque sur les murs du palais.

Le 9 mai, à la naissance du jour, Napoléon monté à cheval, s'occupe des moyens de faire taire le feu des ennemis dans Neustadt; il fait établir, à quelque distance de Dresde, des ponts, et deux bataillons français passent sur la rive droite. L'ennemi pour contrarier cette entreprise dirige contre les Français une batterie d'environ cinquante canons. Napoléon lui oppose une autre batterie de quatre-vingts pièces, placée sur une éminence. Les Français, sans attendre l'achèvement des ponts que l'on construisait, trouvent moyen de réparer les ponts rompus et d'établir des ponts de bateaux; ils passent sur la rive droite que Miloradowitch et ses Russes abandonnèrent.

Le 11, l'armée française marcha à la poursuite de ses ennemis qui se retirèrent sur Bautzen.

Napoléon apprit à Dresde, par les déclarations. du roi de Saxe et par des lettres interceptées, les relations intimes de l'Autriche avec les souverains coalisés ; que l'Autriche, tout en parlant de paix, favorisait secrètement la guerre que la Prusse et la Russie faisaient à la France; mais la victoire de Lutzen changea ses résolutions; cette puissance envoya à Napoléon M. de Bubna, et aux alliés M. de Stadion.

M. de Bubna remit à Napoléon une lettre de l'empereur d'Autriche qui portait qu'en refusant son contingent, il ne se refusait pas à l'alliance, et qu'il offrait sa médiation. M. de Bubna demanda des concessions que Napoléon ne pourrait accorder, et parla d'un congrès qui se réunirait à Prague ou ailleurs, dans lequel la paix serait négociée. Cette dernière proposition fut acceptée si les autres puissances l'acceptaient. Napoléon, après l'expression de ses sentimens, répondit à son beau-père qu'il préférait mourir les armes à la main, à se soumettre si l'on voulait lui dicter des conditions.

Les armées ennemies s'étaient arrêtées entre l'Elbe et l'Oder à Bautzen aux environs, et à douze lieues de Dresde; là elles se préparaient, par des travaux immenses, à recevoir les Français et à leur livrer une bataille décisive. Napoléon en fut instruit; il fit toutes les dispositions nécessaires; il avait reçu des renforts; sa grosse cavalerie et la ca'valerie italienne étaient arrivées à Dresde. Avant de faire couler le sang, Napoléon, qui

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avait reçu de l'envoyé autrichien des propositions d'armistice et d'un congrès, chargea le duc de Vicence de se rendre aux avant-postes ennemis, et même auprès de l'empereur Alexandre, et de signifier aux alliés ses dispositions pacifiques; ces alliés ne répondirent pas alors, et attendirent d'être battus pour faire leur réponse.

Le 18 mai, dans la matinée, Napoléon sortit de Dresde, s'avança sur la route de Bautzen et fut coucher à Harthau. Le 19, continuant sa route dans la même direction, il fut frappé à la vue de la petite ville de Bischoffswerda, réduite en cendres. On ne peut supposer que les Russes voulussent, dans la Saxe, employer ce moyen de destruction dont ils avaient usé pour la défense de leur pays. Il est plus vraisemblable que les Français, dans les désordres et embarras de leur marche, avaient, sans intention, causé l'incendie de cette ville; ce qui le ferait croire, c'est la promesse que fit Napoléon de fournir aux frais de sa reconstruction, promesse qu'à son retour de Silésie il accomplit en partie, en faisant délivrer aux incendiés un secours provisoire de cent mille francs.

Bientôt Napoléon arrive à son armée, visite les avant-postes et découvre la position des ennemis. Bautzen, retranché et crénelé, formait le centre, et la ligne était protégée par le cours de la Sprée.

Le 20 on s'attaque, on se canonne; plusieurs divisions passent la Sprée; à midi l'armée française, tout entière, est au-delà de cette rivière; à

deux heures la division Compans enlève, par escalade, la ville de Bautzen. Le général Bonnet, le duc de Tarente, chassent, le premier, le Prussien Kleist; le second, Miloradowitch, des hauteurs et monticules qu'ils occupaient. On se bat pendant cinq heures dans les environs de Bautzen; les ennemis sont repoussés de tous leurs postes. La nuit met fin au combat. Napoléon dit aux principaux officiers: Donnons quelques momens au repos et nous recommencerons demain.

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Le 21, à cinq heures du matin, la bataille recommence. « L'empereur, dit M. le baron Fain, qui avait passé la nuit à donner des ordres, venait » de céder au sommeil sur la pente d'un ravin, au » milieu des batteries du duc de Raguse; on le ré» veille, il tire sa montre, et, à la direction des feux, il proclame la victoire '. »

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Alors on se baitait au centre, mais on se battait plus vivement aux deux ailes. Le général Lauriston était aux prises avec le corps prussien d'York et avec l'armée russe de Barclay de Tolly. La divivision italienne du général Pery avait été écrasée par le général russe. Aveuglés par ce succès, les ennemis ne savaient pas que le corps qu'ils venaient de battre faisait partie de la première ligne d'une armée de soixante mille hommes, commandée par le maréchal Ney, armée qui s'avançait et attaquait l'armée des alliés sur son flanc droit et sur ses derrières.

• Manuscrit de 1813, tom. I, pag. 410.

Cette attaque imprévue met le désordre parmi eux; Napoléon s'en aperçoit, en profite, en faisant avancer le centre et charger à la baïonnette. Tous les postes sont envahis par les Français. L'ennemi se retire précipitamment dans la direction de Weissemberg. A six heures du soir, Napoléon occupe, avec sa vieille garde, le camp retranché où quelques heures avant se tenaient l'empereur de Russie et le roi de Prusse, et ordonne par décret que sur le Mont - Cénis serait érigé un monument qui transmettrait à la postérité sa reconnaissance envers les peuples de France et d'Italie.

Les ennemis, vivement poursuivis dans leur retraite, se battent avec une ardeur souvent fatale aux Français. Les champs de bataille de Bautzen et de Wurtchen étaient jonchés de morts et de blessés, et l'on comptait dix mille hommes, amis ou ennemis, étendus dans la plaine. On évalua à vingt mille les blessés qu'on fit transférer à Dresde. Tels furent les horribles résultats de ces deux journées. Ce sont les incendies, le sang, le carnage, la mort qu'il faut aux souverains pour terminer leurs différens; ceux qui machinalement tuent et se font tuer ne sont pas les plus criminels.

L'ennemi, toujours poursuivi et toujours combattant, abandonne le passage de Reichembach, mais cet avantage est balancé par la perte du général de cavalerie Bruyères emporté par un boulet de canon; il était un vétéran de l'armée d'Italie.

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