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à sa propre destruction. Le 17 septembre, il envoya au Corps législatif une constitution complétement rédigée, en le prévenant que cette transmission n'avait d'autre objet que de lui faire connaître l'acte fondamental sur lequel il n'avait point à délibérer, et qui déjà était soumis à l'approbation de la nation. En effet, avant de faire aux deux chambres cette communication inattendue, le Directoire avait publié sa proclamation au peuple, et adressé le projet de constitution. à toutes les administrations provinciales, en les invitant à le répandre, et à faire ouvrir des registres pour recueillir les voies des citoyens.

La première chambre du Corps législatif décida, à la faible majorité de deux voix, que la conduite du Directoire serait examinée par une commission. Elle fit son rapport le 18 septembre, et conclut à ce que le Directoire restât libre d'agir sous sa propre responsabilité; mais cette proposition fut rejetée, et la chambre décréta la suppression des mesures extraordinaires prises par le pouvoir

exécutif. Le Directoire répondit à cette opposition par un coup d'état, et déclara par une nouvelle proclamation la dissolution des deux chambres du Corps législatif : les salles des séances furent fermées; le bataillon des gardes fut délié du serment; tous les employés furent congédiés, et quelques personnes furent arrêtées. Il est inutile d'ajouter qu'à La Haye comme à Berne, la présence des troupes françaises assura la prompte exécution de ces mesures de salut public, et prévint les éclats des factions contre lesquelles elles étaient dirigées. N'ayant plus nulle part la force armée à leur disposition, la fureur des partisans de la démocratie s'exhalait en murmures, en vaines déclamations contre le système de contre-révolution qui détruisait leur funeste puissance. La nouvelle constitution donnée à la Hollande, était plus qu'aucune autre appropriée au génie, aux mœurs, aux coutumes de la nation : le Corps législatif, composé de trente-cinq députés, rappelait les anciens états-généraux : la démarcation des

départemens était la même que celle des Provinces-Unies; le conseil d'état, composé de douze membres, dont le président n'était élu que pour trois mois, avait plus de pouvoir, et des attributions plus étendues qu'on n'en n'avait jamais accordés au stathouder.

Le résultat des votes recueillis dans les municipalités et dans les tribunaux, fut que sur 416,419 citoyens ayant droit de voter, 52,219 rejetèrent le projet de constitution; son acceptation fut en conséquence solennellement proclamée; le silence de ceux qui s'abstinrent de voter ayant été regardé comme un assentiment. On voit par ce résultat, et l'on doit remarquer à l'honneur du caractère hollandais, que depuis l'invasion du territoire, la plus grande partie de la nation ne prit aucune part à tous les changemens politiques; elle se soumit avec résignation à la loi de la nécessité, demeura impassible au milieu des plus grands désastres sans que rien pût altérer sa constance, ses habitudes civiles, et ses pratiques religieu ses. Cette fois, du moins, la nouvelle forme

de gouvernement garantissait les propriétés; et dès qu'elle fut établie, l'abolition des confiscations, la levée des sequestres, la révision des lois vexatoires ramenèrent la confiance et le crédit. L'armée française, qui jusques alors avait occupé la Hollande, reçut l'ordre de se retirer; il n'y resta qu'un corps de huit à dix mille hommes. Enfin, la paix achetée par tant de sacrifices, vint ranimer le commerce languissant et l'espoir de réparer de si longs malheurs.

L'ordre chronologique des événemens (dont nous ne nous écartons quelquefois que pour ne pas entrecouper nos récits, et pour éviter de fatigantes répétitions) aurait exigé que nous eussions placé ici immédiatement après la publication de ces divers traités, la formation du congrès d'Amiens; mais ne pouvant clairement expliquer à la fois, malgré leur connexité, les trois grandes affaires que le premier Consul menait de front à cette époque, nous comprendrons d'abord, dans ce chapitre, tout ce qui a rapport aux affaires d'Italie, et aux grands changemens

qu'y apporta la nouvelle constitution de la république cisalpine; nous réserverons pour le chapitre suivant qui sera uniquement consacré à cet objet, l'entière négociation du traité définitif à Amiens, et nous ferons ensuite, sans nous interrompre dans les derniers chapitres de ce volume qui complétera la campagne de 1802, l'historique de l'expédition de Saint-Domingue.

Bonaparte mûrissait depuis long-temps le projet de régner en Italie, et l'on peut croire qu'après sa victoire à Marengo, et son entrée triomphale à Milan, il résolut de ne laisser jamais échapper de ses mains les rênes du gouvernement de ces belles contrées qu'il avait deux fois conquises. Le régime qu'il avait d'abord établi en Lombardie n'était qu'un mode provisoire d'exercer son autorité; il n'y avait dans cette republique idéale, il ne pouvait y avoir d'autre règle que sa volonté. La faction révolutionnaire étant contenue par la présence des troupes françaises, et par la vigueur de la police militaire, les grands propriétaires, la haute noblesse, le clergé, et à

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