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les montagnes, pour couper la route; mais on était déjà fort avancé, quand la tête de cette colonne vint déboucher dans le centre des Français. Pendant quelques momens elle coupa la division Loison du reste de l'armée. Le prince d'Essling qui, en cet instant, quittait le corps du duc d'Elchingen pour aller visiter les divisions qui précédaient, faillit d'être pris avec son état-major. Ce désordre fut, au surplus, de peu de durée : la colonne anglo-portugaise recula, et l'armée française reprit sa marche; elle bivouaqua, la nuit suivante, à Chao-de-Lamas. Mieux conduite et débouchant plutôt, la colonne anglaise, en arrêtant la marche des Français, les eût exposés à être défaits où même à se voir contraints de mettre tousbas les armes. Elle fut prise entre deux feux, tandis que c'était elle qui devait y mettre ses adversaires.

Le duc d'Elchingen, dans la nuit du 13 au 14, fit filer les bagages des corps qui marchaient avant le sien, et se débarrassant de tout ce qui pouvait le retarder ou le gêner dans ses mouvemens, ne voulut même garder avec lui qu'une compagnie d'artillerie. Pendant cette même nuit, lord Wellington essayait de jeter des troupes sur sa gauche, pour le forcer au moins à presser sa retraite le jour suivant.

Le 14, dès que le jour commença de paraître, l'armée française reprit sa marche. Elle fut harcelée dans sa route, mais inutilement, quelques

difficultés qu'opposassent les localités. Elle ne s'arrêta que peu de temps à Miranda-de-Corvo, et elle y mit le feu avant de partir à onze heures du soir. Cette précaution était nécessaire : elle devait servir à ralentir la poursuite de l'ennemi, et l'armée avait un défilé à franchir; il fallait aussi qu'elle passât une rivière. C'était à Foz d'Arunce qu'elle rencontrait ces nouveaux obstacles.

Le village de Foz d'Arunce est situé sur la Ceira, rivière encaissée, rapide et profonde, qui en tous temps n'offre qu'un gué extrêmement dangereux. Il y existait bien un pont; mais on croyait que l'ennemi l'aurait détruit. Cependant cette commission ayant été confiée aux milices, avait été si mal remplie, qu'une seule arche se trouvait endommagée; en une heure elle fut convenablement rétablie. L'armée française passa la Ceira, partie sur ce pont, partie à deux gués. La rive gauche dominant la rive droite, les Anglo-Portugais eussent pu, de ce point, faire beaucoup de mal, si on les eût laissés maîtres de s'y loger aussitôt; le général Ferey reçut donc l'ordre d'y prendre poste, avec cinq régimens d'infanterie. Deux autres régimens et une brigade de cavalerie légère durent couvrir ses flancs. Le reste de l'armée s'établit sur la rive droite; le huitième corps à la droite, le sixième au centre, le deuxième à la gauche, et la cavalerie en arrière sur la route de Ponte-de-Murcella.

Les troupes françaises passèrent toute la journée

181 1. dans ces différentes positions: elles étaient harassées, et avaient besoin de prendre quelque repos. L'ennemi parut à la chute du jour. S'étant partagé dans sa marche entre plusieurs chemins, il arriva à la fois à gauche, à droite, et en face de la position gardée par le général Ferey. Lord Wellington ne s'attendait pas probablement à trouver là de nombreux adversaires : aussi voulut-il d'abord pousser les avant-postes du général Ferey, comme de simples gardes avancées. Ces avant-postes, se sentant soutenus, résistèrent avec vigueur. Alors des masses ennemies se mirent en mouvement; elles jetèrent le désordre parmi des tirailleurs que l'on avait lancés, du côté des Français, à l'appui des avant-postes, et ces tirailleurs, poursuivis de près, rompirent eux-mêmes, en se retirant avec précipitation, quelques pelotons du trente - cinquième régiment par lesquels on les faisait soutenir, De ces pelotons l'épouvante se communiqua au régiment entier qui fut bientôt dans une pleine déroute, grâce à la disparition du colonel, qui, dès le premier moment, tomba blessé au pouvoir de l'ennemi en s'avançant pour le reconnaître. Ce régiment en entraîna d'autres dans sa fuite; ce ne fut plus en un instant, vers le pont, qu'une confusion de gens qui voulaient le passer tous à la fois, et dont une partie se noya en essayant, pour se mettre plus vite en sûreté, de traverser la rivière à la nage dans ce nombre fut compris un porte- drapeau du trente

cinquième régiment, qui resta enseveli sous les eaux avec son aigle.

Le duc d'Elchingen, s'apercevant du tumulte, accourut de sa personne pour rétablir l'ordre, et commanda au général Mermet, placé de l'autre côté du pont, de le passer avec ses troupes, pour arrêter les Anglo-Portugais. Ce mouvement fut, dans l'obscurité, la cause d'une méprise qui augmenta encore la confusion. Entre Français on se prit réciproquement pour ennemis, et l'on tira les uns sur les autres; il y eut des coups qui portèrent dans le groupe même du duc d'Elchingen. Quelques troupes cependant, conservant leurs rangs, marchaient à la rencontre des véritables adversaires de l'armée française. Les plus avancés de ceux-ci prirent à leur tour l'épouvante, troublés par l'horrible bruit que produisait cette confusion; ils fuirent dans le plus grand désordre, croyant à quelques volées de mitraille qui leur furent envoyées de la rive droite, que le tout n'était qu'une feinte pour les attirer sous le feu des batteries françaises. Le général Ferey maintenait cependant son poste avec un sang froid impertubable, car cette échaufourée n'avait eu lieu que pour les troupes qui flanquaient sa position, et en gardaient les approches. Elle coûta quatre cents hommes environ de part et d'autre.

Pendant la nuit, le duc d'Elchingen ramena toutes les troupes sur la rive droite, et fit ensuite sauter le pont, Toute l'armée française se mit alors en

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marche sur Ponte-de-Murcella. Ce village est placé sur la rive droite et au bord même de l'Alva. On le trouva occupé par un rassemblement considérable de milices et de paysans, qui avaient coupé le pont et faisaient mine de vouloir défendre le passage de la rivière. Le comte d'Erlon, pour tourner ces ennemis d'ailleurs peu redoutables, donna à quelques compagnies, l'ordre d'aller passer la rivière un peu plus haut. Ce mouvement ayant été exécuté, les Portugais se retirèrent en toute hâte. L'armée française prit position sur une haute montagne, à une lieue et demie en-deçà de la rivière, tandis que l'on réparait le pont.

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L'armée française passa l'Alva le 17, et prit d'abord poste sur la rive droite; le huitième corps à Corticada et à Moïta; le sixième sur les hauteurs de Ponte-de-Murcella, et le deuxième, plus à gauche, dans la direction de Maceira. On avait dessein de se reposer à Ponte-de-Murcella; mais l'ennemi ayant enlevé, à deux lieues sur la gauche, le pont de Pombeiro, on décida que l'on continuerait de marcher autrement l'armée se serait vue en danger d'être coupée de la route de Celorico et de ses communications avec le général Reynier, qui se trouvait dans les environs de Lorosa. On marcha toute la nuit. Le 21, on atteignit Celorico; on n'ayait, pour ainsi dire, pas vu les Anglo-Portugais. Le 23, le duc d'Elchingen quitta l'armée par ordre du général en chef. Il y avait déjà plusieurs jours

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