Lautenbourg au lieu de Lauterbourg, Chivy au lieu de Chiny, Bruge au lieu de Bruges, sont des erreurs qui n'ont point à invoquer la même excuse. P. 103, nous voyons paraître un député de Torgau, en Hollande; p. 131, un village de Ricer, en Alsace, qui cachent évidemment quelque erreur pareille. Pourquoi M. Raynald, qui francise d'ordinaire tous ses noms, écrit-il, p. 147, Rousselaer (encore faudrait-il dire Rousselaere) au lieu de la forme française Roulers? - Nous ne voulons point nous arrêter plus longtemps à ces détails; ce sont de misérables vétilles, dira-t-on peut-être, et d'absurdes chicanes. Ce n'est point notre avis, et si nous avons insisté sur ce point, ce n'est aucunement dans le but d'être désagréable à l'auteur dont nous estimons les travaux. Mais il est absolument nécessaire de combattre un des travers les plus fâcheux des écrivains français qui s'occupent d'histoire ou de géographie, cette superbe indifférence pour la vraie forme des noms des lieux et des personnages qu'ils font entrer dans leurs récits. C'est un détail du métier, sans doute, mais il n'est pas moins vrai qu'il trahit une précipitation fâcheuse ou bien un laisser-aller blâmable qui met en défiance, dès l'abord, le lecteur plus scrupuleux ou plus instruit. Que de fois des manquements de ce genre n'ont-ils pas permis et souvent très à tort, d'élever contre des auteurs français le reproche stéréotypé d'être ignorants et superficiels? Il nous semble que l'on devrait avoir à cœur, aujourd'hui plus que jamais, de l'écarter une bonne fois par des preuves concluantes. R. 72. Bibliothèque des Mémoires relatifs à l'Histoire de France pendant le XVIIIe siècle. Nouvelle série, avec introduction, notices et notes par M. de LESCURE. Mémoires sur les Comités de salut public, de sûreté générale, et sur les prisons. Paris, Firmin-Didot, 1 vol. in-18 jésus de xxXI545 p. Le sixième volume des Mémoires sur la Révolution française publiés par M. de Lescure est relatif aux comités de salut public, de sûreté générale et aux prisons. Il est précédé d'une introduction de trente et une pages, et l'on pourrait, en cherchant bien, compter en tout six ou sept notes dont voici la plus longue : « Nous supprimons une digression sans intérêt (p. 416). » C'est à peu près tout ce qu'on peut dire de cette nouvelle publication. M. de Lescure, dans son introduction, commence par reconnaître que <«<l'histoire du Comité de sûreté générale et du Comité de salut public est encore à faire, » et, au lieu de publier en tout ou en partie les Mémoires de Barère et les Mémoires sur Carnot, qu'il déclare fort intéressants, il choisit les Mémoires de Sénart, lesquels contiennent << bien des erreurs, bien des exagérations, et tiennent plus du pamphlet que de l'histoire (p. xxvi). » Ces erreurs, ces exagérations, il eût sans doute fallu « les relever au passage; l'éditeur ne l'a pas fait une seule fois, il n'est in- Les documents relatifs aux comités faisaient défaut; on n'en saurait Tout cela est fâcheux, et si la collection Didot, arrivée aujourd'hui à son XXXIVe volume, se continuait ainsi, elle semblerait plutôt un recueil de récits fait pour les cabinets de lecture qu'une bibliothèque de mémoires vraiment digne de ce nom. A. G. ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES Séance du 18 avril 1879. M. Geffroy, directeur de l'école française de Rome, annonce par lettre à l'académie On a trouvé sur l'Esquilin, en démolissant un mur, cinq ou six statues antiques, 2o Des travaux entrepris sur la rive droite du Tibre, en avant de la Farnésine, ont 3. Un peu en aval de ce point, on a trouvé plusieurs dolia du collegium vinario- 4° A la Cucumella, près de Vulci, on a découvert une tombe antique où le cada- M. Delisle, administrateur général de la Bibliothèque nationale, lit un mémoire inti- 324 REVUE CRITIQUE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE de Polignac eut lieu en 1518; François mourut vers l'année 1533. En 1539, sa veuve reçut l'empereur Charles Quint à son château de Verteuil en Angoumois, où elle résidait habituellement. C'est à Verteuil que se trouvait sa bibliothèque; ce qui explique qu'on y voit figurer, entre autres manuscrits, une bible qui avait appartenu précédemment au couvent des cordeliers de Verteuil. Cette bibliothèque comprenait un certain nombre de manuscrits exécutés pour Anne de Polignac ellemême on continuait encore en effet de son temps de rechercher les livres écrits à la main, quoique l'imprimerie fût alors depuis longtemps inventée et mise en pratique. Elle confia apparemment l'exécution de ses manuscrits à un libraire d'Angoulême, qui possédait dans son fonds les déchets d'un atelier typographique établi à Angoulême au xv siècle. En effet la reliure de la plupart de ces manuscrits contient du carton formé avec ces déchets, qui tous appartiennent à la typographie angoumoise la plus ancienne. - M. Delisle, ayant le premier reconnu des traces d'anciennes impressions dans le carton de la reliure de plusieurs manuscrits d'Anne de Polignac achetés par la Bibliothèque nationale, s'empressa de les faire détacher pour les examiner, puis, ayant reconnu l'intérêt que ces fragments présentaient, il s'adressa aux acquéreurs des autres manuscrits et obtint la permission d'en faire également enlever les cartons. Il a réuni ainsi un nombre considérable de fragments, qui ajoutent des faits nouveaux aux notions que l'on avait jusqu'ici sur l'ancienne imprimerie angoumoise. On ne connaissait jusqu'à présent que deux ouvrages imprimés à Angoulême au xv siècle : l'un, daté de 1491, est une édition du recueil de huit auteurs latins répandu au moyen âge et connu sous le nom d'Auctores octo, édition précédée de divers morceaux préliminaires et, entre autres d'une préface en vers d'un grammairien nommé Foucaud Monier; l'autre est une édition du Grécisme d'Everard de Béthune, qui porte également le nom de Foucaud Monier. Le premier de ces ouvrages se trouve à la Bibliothèque nationale, le second à la Mazarine. Or, les cartons des reliures des manuscrits d'Anne de Polignac, décollés et réduits à leurs éléments primitifs, ont fourni des fragments de sept ouvrages différents, tous imprimés à Angoulême au xv siècle, dont l'un est l'édition des Auctores octo déjà mentionnée, mais dont les six autres sont entièrement nouveaux et inconnus jusqu'ici. Ces six livres ignorés des bibliographes et qui reparaissent pour la première fois aujourd'hui sont: 1. Questiones super minorem Donatum, livret de cent quarante feuillets, daté de 1492, dont M. Delisle a pu reconstituer pour la Bibliothèque nationale un exemplaire complet; 2. Deux demi-cahiers d'un ouvrage qui est encore à identifier; 3. Auctores octo, édition différente de celle de 1491, dont deux cent seize feuillets ont été trouvés et dont il ne manque que la fin; 4. Le verger d'honneur, édition qui paraît plus ancienne que toutes les autres éditions connues (fragments); 5. Poëme de Dominique Mancini sur la Passion (fragments); 6. Traité de morale religieuse, non connu d'ailleurs (huit feuillets). Ainsi la découverte de M. Delisle porte de deux à huit le nombre des livres que nous connaissons comme ayant été exécutés par la plus ancienne imprimerie d'Angoulême. Il ne faut pas s'étonner de voir l'industrie typographique florissante dans la ville d'Angoulême, où les lettres avaient pour protecteur un seigneur éclairé, Charles, comte d'Angoulême, et un évêque lettré, Octavien de Saint-Gelais. - M. Delisle termine en signalant quelques-uns des manuscrits d'Anne de Polignac, qui présentent par leur texte même (en dehors des débris typographiques conservés dans les reliures) un certain intérêt. -- que M. Clermont-Ganneau continue sa communication sur les ossuaires juifs de Jérusalem. Revenant sur la question du nom de Salamsion ou ZAAAMYIQ, M. Derenbourg veut expliquer comme la transcription hébraïque d'un nom grec hypothétique aλwpítov, lequel à son tour serait un nom hébreu allongé du suffixe grec tov, M. Clermont-Ganneau déclare que cette supposition ne lui paraît pas admissible. En effet, le nom de Salamsion s'écrit en hébreu par un tsadé (représenté dans la transcription en lettres latines par la seconde s), qui, dans le système de M. Derenbourg, représenterait le du grec; or un grec est toujours représenté en hébreu par un tav; ou si l'on suppose qu'en grec même ce se soit transformé d'abord en un σ, ce & aurait dû être rendu en hébreu par un samed. M. ClermontGanneau persiste donc à voir dans le nom en question un composé d'un mot signifiant paix et du nom de la montagne de Sion. Il ne faut pas s'étonner de voir ce nom géographique entrer dans un nom de personne hébreu. Le nom de Sion avait pris un sens mystique qui le mettait à part des noms géographiques ordinaires. Il y a dans la langue éthiopienne plusieurs noms de personnes qui sont des composés dans lesquels entre le nom de Sion. Le Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX. Le Puy, imprimerie et lithographie Marchessou fils, boulevard St-Laurent, 23. - que française en 1866. Calmann Lévy.) Shakspeares Tomb. (Collins.) The An-Nahlah. (Sabunjie.) The Royal Historical Society. (Cox, Michelsen, Rogers.) Mary Stuart. British Museum Catalogue of printed Books. The Index Society. (Wheatley.) Central Asia. (Lettre de M. Boulger.) - Archæological Survey of Western India, vol. III and IV, by James BURGESS, Printed by Order of H. M. Secretary of State for India. M. STOKES, Early Christian Architecture in Ireland, Bell. a. Sons. Famagousta. (Wood: inscription en vieux français.)The Bronze Gates from Balawat and their chased Pictures. (Pinches.) Literarisches Centralblatt: BACHER, Die Agada der babylonischen Amoråer. Strassburg, Trübner. 1878. (Bon travail.) PREUSS, Quaestiones Boeoticae. Leipzig, Programm des Nicolaigymnasiums. (Travail sur les nouvelles inscriptions béotiennes, qui complète ou rectifie les études de Böckh et de Keil sur certains points.) -BECKER, Gloggnitz in Niederösterreich mit historischen Streiflichtern. Wien, Selbstverlag. (Bonne monographie sur un bourg de la Basse-Autriche, situé au pied de la route du Semmering). -TREITSCHKE (H. de), Deutsche Geschichte im neunzehnten Jahrhundert. I Theil, Leipzig, Hirzel. (Cp. Revue critique, Chronique, n° 15, p. 285; article très-élogieux; ouvrage qui fortifiera le patriotisme allemand; fera époque comme, il y a vingtcinq ans, l'histoire d'Häusser.) Die Hausgesetze der regierenden deutschen Fürstenhäuser, hrsg. u. eingeleitet von SCHULZE. Jena, Fischer. 1878. (2° volume de cet ouvrage important.) BARTHOLOMAE, Das altiranische Verbum in Formenlehre und Syntax dargestellt. München, Ackermann. 1878. (Travail soigné d'un élève de Hubschmann; beaucoup de remarques louables.) HOLTZMANN, Agni nach den Vorstellungen des Mahabharata. Strassburg, Trübner. 1878. (Bon opuscule de 36 pages sur Agni; l'auteur a publié dans la « Zeitschrift der deutschen morgenländischen Gesellschaft » un autre travail sur Indra d'après le Mahabharata.) FURTWANGLER, Plinius und seine Quellen über die bildenden Künste. Leipzig, Teubner. 1877. (Bon.) SAUER, Joachim Wilhelm von Brawe, der Schüler Lessing's. Strassburg, Trübner. 1878. (Travail remarquable d'un élève de l'Université de Strasbourg.) -BUTSCH, Die Bücherornamentik der Renaissance, eine Auswahl stilvoller Titeleinfassungen, Initialen, Leisten, etc., hervorragender italienischer, deutscher u. französischer Officinen aus der Zeit der Frührenaissance, nach der eigenen Sammlung hrsg. u. erläutert. Leipzig, Hirth. 1878. (Ouvrage très-utile.) Jenaer Literaturzeitung, no 14, 5 avril 1879: PETERMANN, die Ethnogra. phie Russland's nach Rittich. Gotha, Perthes. 1878. (Kirchhoff: beaucoup de digressions inutiles, de nombreux points trop brièvement traités.) MICHAELIS, Die Bildnisse des Thucydides. Strassburg, Schultz. 1877. (Engelmann: l'auteur a trouvé un buste de Thucydide dans la galerie des statues de Holkham; ce buste est d'une valeur artistique supérieure à celui de Naples; il aurait été fait d'après une statue de bronze qui daterait de la première moitié du iv siècle.) -FURTWANGLER, Plinius und seine Quellen über die bildenden Künste. Leipzig, Teubner. 1877. (Engelmann recherches très-exactes et très-détaillées; Pline aurait utilisé Cornelius Nepos pour les peintres; Pasitèle pour les descriptions des euvres d'art; il aurait emprunté à Mucien des détails sur les œuvres de Rhodes et de l'Asie-Mineure.) SCHLIE, Die Berliner Amazonenstatue. Schwerin, Bärensprung. 1877. (Engelmann: histoire de la statue d'amazone, restaurée à Rome par Steinhäuser.) - TRENDELENBURG, Der Musenchor. Berlin, Hertz. 1876. (Engelmann: sur le relief de la base d'un marbre d'Halicarnasse, qui représente les Muses.) BRUGSCH-BEY, Reise nach der grossen Oase El Khargeh in der Lybischen Wüste. Leip zig, Hinrichs. 1878. (Pietschmann: nouvelles recherches très-précieuses, remarques de détail sur les traductions.) — WEBER, Akademische Vorlesungen über indische Literaturgeschichte. 2° édit. Berlin, Dümmler. 1878. (Jacobi conserve le texte de la 1° édition, ajoute quelques notes; très-bon.) SOUPÉ, Etudes sur la littérature sanscrite. Paris, Maisonneuve. 1877 (Jacobi : l'auteur a atteint son but; il voulait donner aux gens du monde une image juste et attachante de la littérature sanscrite. Cp. Revue Critique, 1878, n° 18, art. 87, p. 285.) RICHTER, Quaestiones Eschyleae, de falsis rationibus quas viri docti in emendata Septem contra Thebas fabula inierunt et de duplici editione Septem fabulae. Berlin, Mayer a. Müller. 1878. (Wecklein: des choses dignes d'attention, d'autres contestables). VAN HER WERDEN, Emendationes Eschyleae. Leipzig, Teubner. 1878. (Wecklein conjectures sur une foule de passages d'Eschyle, les une anciennes et jusqu'ici éparses dans les revues, les autres nouvelles; beaucoup fines, et pleines de goût.) Anonymi vulgo Scylacis Caryandensis periplum maris interni, cum appendice iterum recensuit FABRICIUS, Leipzig, Teubner. 1878. (Bur sian bon). Commodiani Carmina, recensuit LUDWIG. Leipzig, Teubner. 1878. (Dombart édition très-recommandable). STRAUSS, Klopstock's Jugendgeschichte und Klopstock und der Markgraf Karl Friedrich von Baden. Bonn, Strauss. 1878. (Seuffert : réimpressionde deux essais). - : : Deutsche Rundschau, avril 1879: Graf Moltke's Wanderungen um Rom, aus seinen handschriftlichen Aufzeichnungen. (Suite des notes qu'avait prises M. de Moltke pour un ouvrage sur la campagne romaine; l'ami auquel il les a abandonnées, communique, entre autres choses, trois récits d'histoire romaine qui auraient figuré dans l'oeuvre : la retraite du mont Sacré (Mons Sacer), mort des Fabius à Cremere et, sous le titre de Saxa Rubra, la bataille qui eut lieu en 312 sur les bords du Tibre entre Constantin et Maxence). -Wilhelm SCHERER, Studien über Goethe, Goethe's Pandora. (Etude fine et complète sur la Pandore de Goethe, Pandore représente l'idéal de l'humanité.) SACHAU, Ueber die Afghanen. Aus Eduard Devrient's Nachlass, Briefe von Heinrich Marschner an Eduard Devrient, eingeleitet und mit Anmerkungen versehen von Joseph KÜRSCHNER. (Intéressante publication de la correspondance de Devrient et de Marschner de 1831 à 1833, c'esf-à-dire depuis le début des négociations engagées à propos du libretto d'Hans Heiling jusqu'à la première représentation de l'opéra à Berlin ; les lettres de Marschner sont pétillantes d'esprit.) Akademisches Leben in Russland (Histoire résumée des universités russes au xixe siècle, de leurs cours et de leurs usages, l'auteur a été étudiant de l'Université de SaintPétersbourg au temps de la guerre de Crimée). LEYDEN, Ueber weibliche Krankenpflege und weibliche Heilkunst: (Important pour la question de l'éducation des femmes et des professions qu'elles peuvent exercer.) Literarische Rundschau: BASTIAN, Die Culturländer des alten Amerika: ein Jahr auf Reisen, Beiträge zu geschichtlichen Vorarbeiten. Berlin, Weidmann. (Kapp: quels que soient les défauts de Bastian, il amasse d'énormes matériaux pour l'ethnologie et la géographie; il est le digne successeur de Ritter.) - PFLEIDERER, Religionsphilosophie auf geschichtlicher Grundlage. Berlin, Reimer. (E. v. Hartmann.) SEELEY, Life and Times of Stein, or Germania and Prussia in the Napoleonic Age. Cambridge, at the University Press. (Bailleu éloge presque enthousiaste de ce livre ; l'auteur a fait de Stein le contraste de Napoléon, le représentant le plus remarquable de la « révolution anti-napoléonienne »; étude profonde des réformes de Stein dans toutes les branches de l'administration.) Le Puy, typ. et lith. Marchessou fils, boulevard Saint-Laurent, 23. |