Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

mesures plus certaines que jamais pour tâcher de priver l'Angleterre de toute influence sur le continent.

Le 3 décembre, Napoléon, en leur présence, ouvrit la session du corps législatif, par le discours suivant :

<< Messieurs les députés des départemens au corps législatif, depuis votre dernière session j'ai soumis l'Arragon et la Castille, et chassé de Madrid le gouvernement fallacieux formé par l'Angleterre. Je marchais sur Cadix et Lisbonne lorsque j'ai dû revenir sur mes pas et planter mes aigles sur les remparts de Vienne. Trois mois ont vu naître et terminer cette quatrième guerre punique.

» Le génie de la France a conduit l'armée anglaise; elle a terminé ses destins dans les marais pestilentiels de Walcheren. Dans cette importante circonstance, je suis resté éloigné de quatre cents lieues, certain de la nouvelle gloire qu'allaient acquérir mes peuples. Français, tout ce qui voudra s'opposer à vous sera vaincu. Votre grandeur s'accroîtra de toute la haine de vos ennemis. Vous avez devant vous de longues années de gloire et de prospérité à parcourir; vous avez la force et l'énergie de l'Hercule des anciens.

» J'ai réuni la Toscane à l'Empire: ces peuples en sont dignes par la douceur de leur caractère, par l'attachement que nous ont montré leurs an

[ocr errors]

cêtres, et par les services qu'ils ont rendus à la civilisation européenne.

» L'histoire m'a indiqué la conduite que je devais tenir envers Rome. Les papes, devenus souverains d'une partie de l'Italie, se sont constamment montrés les ennemis de toute puissance prépondérante dans la péninsule. Ils ont employé leur influence spirituelle pour nuire à la nôtre. Il m'a été démontré que cette influence était contraire à l'indépendance de la France, à la dignité et à la sûreté de mon trône.

» Par le traité de Vienne, tous les rois et souverains mes alliés ont acquis et acquerront un accroissement de territoire.

» Les Provinces Illyriennes (1) portent sur la Save les frontières de mon empire. Contigu avec celui de Constantinople, je suis en situation de surveiller les intérêts de mon commerce dans la Méditerranée et le Levant. Je protégerai la Porte si elle veut s'arracher à la funeste influence de l'Angleterre; je saurai la punir si elle se laisse dominer par des conseils perfides.

» La Hollande, placée entre l'Angleterre et la France, est le débouché des principales artères de mon empire. Des changemens y deviennent né

(1) La Carniole, l'Istrie, la Dalmatie, le cercle de Willach Trieste, Fiume et autres provinces enlevées à l'Autriche par le traité de Vienne.

cessaires : la sûretéde mes frontières et l'intérêt des

deux pays l'exigent.

» La Suède a perdu, par son alliance avec l'Angleterre, la plus belle de ses provinces (la Finlande.)

<< Mon allié et ami, l'empereur de Russie, a réuni à son vaste empire la Finlande, la Moldavie, la Valachie, et un district de la Gallicie. Je ne suis jaloux de rien de ce qui peut arriver d'heureux à cet empire.

[ocr errors]

Lorsque je me montrerai au-delà des Pyrénées, le Léopard épouvanté cherchera l'Océan pour éviter la honte, la défaite et la mort.

» Je ne demande à mes peuples aucun nouveau sacrifice. >>

Une députation du corps législatif étant venue, suivant l'usage, lui présenter une adresse de remercîment, on remarqua ces mots dans sa réponse: « Pour conduire la France dans la situation où elle se trouve, j'ai surmonté bien des obstacles. Moi et ma famille nous saurons toujours sacrifier même nos plus chères affections aux intérêts et au bien-être de cette grande nation.» Ils n'annonçaient rien moins qu'un divorce, et un second mariage aussi inattendu qu'éblouissant. Les événemens ne tardèrent pas à en donner l'explication. Tout, dans cette double circonstance, eut un caractère grand et solennel,

Le prince archi-chancelier de l'empire et le secrétaire de l'état de la famille impériale ayant été mandés dans la salle du trône, au palais des Tuileleries, le 15 décembre, Napoléon leur parla en cestermes. « Je vous ai appelés auprès de moi pour vous faire connaître la résolution que moi et l'impératrice, ma très-chère épouse, avons prise. L'intérêt et le besoin de mes peuples veulent que je laisse des enfans héritiers du trône où la Providence m'a placé. Depuis plusieurs années j'ai perdu l'espérance d'en avoir de mon mariage avec Joséphine, Je crois devoir sacrifier les plus douces affections de mon cœur et vouloir la dissolution de notre mariage. Je dois ajouter que, loin d'avoir eu jamais à me plaindre, je n'ai au contraire qu'à me louer de l'attachement de mon épouse: elle a embelli quinze ans de ma vie ; le souvenir en restera gravé dans mon cœur. Elle a été couronnée de ma main; je veux qu'elle

[ocr errors]

le titre d'impératrice. »

conserve le rang et

Joséphine dit ensuite : « Ne conservant aucun espoir d'avoir des enfans, je me plais à donner à mon époux la plus grande preuve de dévouement qui ait jamais été donnée sur la terre. Je consens à la dissolution d'un mariage qui prive la France du bonheur d'être gouvernée par les descendans d'un homme suscité la Providence par effapour cer les maux d'une terrible révolution, et rétablir

[ocr errors]

l'autel, le trône, et l'ordre social en France. Cet acte, dicté par la politique, a froissé mon cœur; je me sacrifie au bien de la patrie. »

Acte de ces deux déclarations ayant été adressé le lendemain au sénat, il prononça la dissolution du mariage, décidant que l'impératrice Joséphine conserverait le titre et le rang d'impératrice-reine couronnée, et fixa son douaire à deux millions de francs sur le trésor public.

On eût bien voulu que le mariage religieux fût rompu par le pape; mais il le refusa obstinément, et il fallut se contenter de ce que fit à cet égard l'officialité de Paris. Le cardinal Mauri, que nous avons vu, avec le simple titre d'abbé, jouer un si grand rôle au commencement de la révolution, parmi les défenseurs de la religion et de la monarchie, était alors l'archevêque nommé de la capitale de la France; il ne paraissait cependant à la tête du chapitre métropolitain qu'avec la qualité d'administrateur du diocèse, les discussions que Napoléon avait alors avec le saint siége empêchant qu'il ne reçût l'institution canonique. L'empereur des Français n'avait été marié devant l'église que la veille de son couronnement. Le prétexte sur lequel on s'appuya pour motiver la rupture de son mariage, fut qu'il avait été célébré en l'absence du curé de la paroisse; le souverain pontife y assistait en personne.

« ZurückWeiter »