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grande quantité de boulets, de poudre et de munitions de toute espèce.

Le nombre des prisonniers fut de sept feld-maréchaux-lieutenans, neuf généraux-majors, dix colonels, vingt majors et lieutenans - colonels, cent capitaines, cent cinquante lieutenans, deux cents sous-lieutenans et trois mille sous-officiers et soldats. Il y avait encore plusieurs milliers de malades et de blessés dans les hôpitaux.

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Pour témoigner sa satisfaction à l'armée, de tout ce qu'elle avait fait jusque-là de glorieux, Napoléon, indépendamment des récompenses particulières décerna le titre de baron, avec des dotations en terres, au plus brave officier, et la décoration de la légion d'honneur, avec une pension de douze cents francs, au plus brave soldat de chaque régiment.

Cependant l'archiduc Charles, après avoir fait un long détour par la Bohême, s'était rapproché du Danube, et ralliant à lui les débris de l'aile gauche autrichienne, avait pris poste à peu près en face de Vienne. Toute son armée se trouvait ainsi réunie, à l'exception d'un de ses corps resté en observation sur les frontières de la Bohême, pour contenir le prince de Ponte-Corvo ( le maréchal Bernadotte), et le général Vendamme, en position à Linz. Le prince de Ponte-Corvo commandait le contingent de la Saxe, fort d'une vingtaine de mille hommes.

Sept jours après son entrée dans Vienne, Napo

léon chargea les généraux Bertrand et Pernetti, de faire jeter à la suite l'un de l'autre deux ponts sur le Danube, vis-à-vis Ebersdorf, à deux lieues au-dessous de la capitale. Cette opération fut faite en un seul jour, le 18 mai; l'un de ces deux ponts avait cependant plus de deux cent quarante toises, et l'autre plus de cent trente. Dès le soir même, la division Molitor, à l'aide de ces deux ponts, passa dans une ile qu'on appelle Lobau. De cette île au continent, le colonel Aubry établit, en trois heures, un dernier pont sur un canal de soixantedix toises, entre les villages de Gross-Aspern et d'Essling. Les troupes continuèrent à filer pendant la nuit. Le colonel Sainte-Croix fut le premier qui, le 20, aborda la rive gauche, dans un bateau.

L'archiduc, dès le 19, fut informé par ses avant-postes de l'occupation de l'île Lobau; il eut aussi connaissance, le lendemain, de la construction du pont sur le troisième bras du Danube. Il ne fit aucunedisposition pour défendre le passage. Son dessein était de laisser aborder et s'avancer sur la terre ferme une partie de l'armée française, afin de l'accabler ensuite, pendant que la destruction des ponts, pour laquelle il avait tout préparé, la séparerait du reste des soldats de son adversaire.

Le 21, Napoléon, ayant avec lui le prince de Neufchâtel, les ducs de Montebello et de Rivoli (le maréchal Masséna ), vint joindre celles des troupes françaises qui avaient déjà traversé le

dans

fleuve. Il rangea ces troupes de manière qu'elles appuyaient leur droite au village d'Essling, et leur gauche à celui de Gross-Aspern. Il jugea que, cette position, elles pouvaient recevoir l'ennemi, qui ne tarderait pas, sans doute, à tenter un effort pour empêcher le passage du reste de l'armée. Effectivement, le même jour, à quatre heures aprèsmidi, on vit paraître les Autrichiens, et ils engagèrent promptement un combat terrible. Ils déployèrent successivement jusqu'à deux cents pièces de canon et quatre-vingt-dix mille hommes; mais quelle que fût leur supériorité numérique, ils ne purent rien en vain ils attaquèrent, avec une sorte de rage, les villages d'Essling et de GrossAspern. Ils finirent même par être très-maltraités dans ce combat inégal: la division de cuirassiers, Espagne, leur enfonça deux carrés, et leur prit quatorze pièces de canon, qu'elle acheta, il est vrai, par la mort de son général tué dans l'action.

A huit heures du soir, l'ennemi cessa son attaque; mais il la recommença le lendemain des quatre heures du matin. Les troupes françaises s'étaient renforcées en hommes et en artillerie; elles ne tardèrent pas à prendre l'offensive. Napoléon, remarquant que les Autrichiens occupaient une ligne trop étendue, résolut de crever leur centre; ce centre, attaqué par le duc de Montebello, fut presqu'aussitôt culbuté; et l'ennemi, quoique fort de quatre-vingt-dix mille hommes, et n'en ayant

253 en tête que quarante-cinq mille, touchaît au moment d'une défaite totale, lorsqu'on vint avertir le chef de l'armée française, que les ponts venaient d'être emportés par des bateaux chargés de pierres et lancés des îles du fleuve au-dessus de celle de Lobau. Il restait encore sur la rive droite du Danube plus de quarante mille hommes, quatre-vingts pièces d'artillerie et toutes les munitions de ré

serve,

Nopoléon arrêta aussitôt la marche des vainqueurs, et ordonna au duc de Montebello de garder seulement le champ de bataille, en appuyant sa droite à Essling, et sa gauche à un rideau dont se couvrait le duc de Rivoli. A la nouvelle de la rupture des trois ponts, les Autrichiens, qui étaient en pleine retraite, firent volte-face, et revinrent sur leurs pas. S'apercevant que les Français en étaient réduits à économiser leurs munitions, ils firent un terrible usage des leurs; mais inutilement : ils ne purent entamer les Français dans la ligne qu'avait tracée leur chef. Ils portèrent leur réserve en avant; les fusilliers et les tirailleurs de la garde, commandés les uns par le général Mouton, et les autres par le général Curial, la culbutèrent et la contraignirent de se retirer. Les Français restèrent maîtres du champ de bataille, et le soir, l'ennemi reprit les positions d'où il était parti pour l'attaque. Il avait perdu douze mille hommes, et avait eu vingt-qua¬ tre généraux et soixante officiers supérieurs tués ou

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blessés. Le feld-maréchal Weberd, quinze mille hommes et quatre drapeaux avaient été pris par les Français. La perte de ceux-ci, ne s'élevant qu'à onze cents tués et trois mille blessés, eût été, en quelque sorte, comptée pour rien, s'il n'avait fallu comprendre parmi ceux des blessés dont on avait peu de chose à attendre, le maréchal duc de Mon-. tebello, c'est-à-dire l'un des officiers français les plus précieux à l'armée.

Le duc de Montebello eut la cuisse emportée par un boulet vers six heures du soir. On le porta surle-champ auprès de Napoléon. Ils étaient, depuis long-temps, unis de la plus étroite amitié : celui qui, pour son malheur, devait survivre à l'autre, laissa couler des larmes, et s'abandonna d'abord à toute sa douleur, Se rappelant ensuite la retenue que sa situation lui imposait, il dit aux personnes qui l'entouraient: Il fallait que, dans cette journée, mon cœur fút frappé par un coup aussi sensible, pour que je pusse me livrer à d'autres soins que ceux de mon armée. Le maréchal avait perdu connaissance au moment de sa blessure. Lorsqu'il la reprit, il embrassa son ami, en lui adressant ces paroles touchantes: Dans une heure vous aurez perdu celui qui meurt avec la gloire et la conviction d'avoir été et d'être votre meilleur ami! On espérait néanmoins le sauver. Tous les secours lui furent prodigués à Vienne; indépendamment des officiers de santé de l'armée, Napoléon avait fait appeler

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