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de cinq jours. La garnison est composée de trois généraux et quatorze cents hommes.

de

Le prince héréditaire de Bade a été dangereusement malade, mais il est rétabli. Les fatigues de la campagne, et les privations qu'il a supportées comme simple officier, ont beaucoup contribué à sa maladie.

La Pologne, riche en blé, en avoine, en fourrages, en bestiaux, en pommes de terre, fournit abondamment à nos magasins. La seule manutention de Varsovie fait cent mille rations par jour, et nos dépôts se remplissent de biscuit. Tout était tellement désorganisé à notre arrivée, que pendant quelque temps les subsistances ont été difficiles.

Il ne règne dans l'armée aucune maladie; cependant, pour la conservation de la santé du soldat, on désirerait un peu plus de froid. Jusqu'à présent, il s'est à peine fait sentir, et l'hiver est déjà fort avancé. Sous ce point de vue, l'année est fort extraordinaire.

L'empereur fait tous les jours défiler la parade devant le palais de Varsovie, et passe successivement en revue les différens corps de l'armée, ainsi que les détachemens et les conscrits venant de France, auxquels les magasins de Varsovie distribuent des souliers et des capottes.

Varsovie, le 22 janvier 1807.

Cinquante-troisième bulletin de la grande armée.

On a trouvé à Brieg (qui vient de capituler) des magasins assez considérables de subsistances.

Le prince Jérôme continue avec activité sa campagne de Silésie. Le lieutenant-général Deroi avait déjà cerné Kosel et ouvert la tranchée. Le siège de Schweidnitz et celui de Neisse se poursuivent en même temps.

Le général Victor se rendant à Stettin, et étant en voiture

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avec son aide-de-camp et un domestique, a été enlevé par un parti de vingt-cinq hussards qui battaient le pays.

Le temps est devenu froid. Il est probable que sous peu de jours les rivières seront gelées ; cependant la saison n'est pas plus rigoureuse qu'elle ne l'est ordinairement à Paris. L'empereur fait défiler tous les jours la parade et passe en revue plusieurs régimens.

Tous les magasins de l'armée s'organisent et s'approvisionnent. On fait du biscuit dans toutes les manutentions. L'empereur vient d'ordonner qu'on établit de grands magasins et qu'on confectionnât une quantité considérable d'habillemens dans la Silésie.

les

Les Anglais, qui ne peuvent plus faire accroire que Russes, les Tartares, les Calmoucks vont dévorer l'armée française, parce que, même dans les cafés de Londres, on sait que ces dignes alliés ne soutiennent point l'aspect de nos baïonnettes, appellent aujourd'hui à leur secours la dysenterie, la peste et toutes les maladies épidémiques.

Si ces fléaux étaient à la disposition du cabinet de Londres, point de doute que non-seulement notre armée, mais même nos provinces et toute la classe manufacturière du continent, ne devinssent leur proie. En attendant, les Anglais se contentent de publier et de faire publier, sous toute espèce de forme, par leurs nombreux émissaires, que l'armée française est détruite par les maladies. A les entendre, des bataillons entiers tombent comme ceux des Grecs au commencement du siége de Troie. Ils auraient là une manière toute commode de se défaire de leurs ennemis, mais il faut bien qu'ils y renoncent. Jamais l'armée ne s'est mieux portée; les blessés guérissent, et le nombre des morts est peu considérable. Il n'y a pas autant de malades que dans la campagne précédente; il y en a même moins qu'il n'y en aurait en France en temps de paix, suivant les calculs ordinaires.

Varsovie, le 27 janvier 1807.

Cinquante-quatrième bulletin de la grande armee.

:

Quatre-vingt-neuf pièces de canon prises sur les Russes sont rangées sur la place du palais de la République à Varsovie ce sont celles qui ont été enlevées aux généraux Kaminski, Benigsen et Buxhowden, dans les combats de Czarnowo, Nazielsk, Pultusk et Golymin. Ce sont les mêmes que les Russes traînaient avec ostentation dans les rues de cette ville, lorsque naguère ils la traversaient pour aller au-devant des Français. Il est facile de comprendre l'effet que produit l'aspect d'un si magnifique trophée sur un peuple charmé de voir humiliés les ennemis qui l'ont si long-temps et si cruellement outragé.

Il y a dans les pays occupés par l'armée plusieurs hôpitaux renfermant un grand nombre de Russes blessés et malades.

Cinq mille prisonniers ont été évacués sur la France, deux mille se sont échappés dans les premiers momens du désordre, et quinze cents sont entrés dans les troupes polonaises.

Ainsi, les combats livrés contre les Russes leur ont coûté une grande partie de leur artillerie, tous leurs bagages, et vingt-cinq ou trente mille hommes tant tués que blessés ou prisonniers.

Le général Kaminski, qu'on avait dépeint comme un autre Suwarow, vient d'être disgracié; on dit qu'il en est de même du général Buxhowden, et il paraît que c'est le général Benigsen qui commande actuellement l'armée.

Quelques bataillons d'infanterie légère du maréchal Ney s'étaient portés à vingt lieues en avant de leurs cantonnemens; l'armée russe en avait conçu des alarmes, et avait fait un mou

vement sur sa droite: ces bataillons sont rentrés dans la ligne de leurs cantonnemens sans éprouver aucune perte.

Pendant ce temps le prince de Ponte-Corvo prenait possession d'Elbing et des pays situés sur le bord de la Baltique.

Le général de division Drouet entrait à Chrisbourg, où il faisait trois cents prisonniers du régiment de Courbières, y compris un major et plusieurs officiers.

Le colonel Saint-Genez, du dix-neuvième de dragons, chargeait un autre régiment ennemi et lui faisait cinquante prisonniers, parmi lesquels était le colonel commandant.

Une colonne russe s'était portée sur Liebstadt, au-delà de la petite rivière du Passarge, et avait enlevé une demi-compagnie de voltigeurs du huitième régiment de ligne, qui était aux avant-postes du cantonnement.

Le prince de Ponte-Corvo, informé de ce mouvement, quitta Elbing, réunit ses troupes, se porta avec la division Rivaud au-devant de l'ennemi, et le rencontra auprès de Mohring.

Le 25 de ce mois, à midi, la division ennemie paraissait forte de douze cents hommes; on en vint bientôt aux mains; le huitième régiment de ligne se précipita sur les Russes avec une valeur inexprimable, pour réparer la perte d'un de ses postes, Les ennemis furent battus, mis dans une déroute complète, poursuivis pendant quatre lieues, et forcés de repasser la rivière de Passarge. La division Dupont arriva au moment où le combat finissait, et ne put y prendre part.

Un vieillard de cent-dix-sept ans a été présenté à l'empereur, qui lui a accordé une pension de cent napoléons, et a ordonné qu'une année lui fût payée d'avance. La notice jointe à ce bulletin, donne quelques détails sur cet homme extraordinaire..

Le temps est fort beau, il ne fait froid qu'autant qu'il le

faut pour la santé du soldat et pour l'amélioration des chemins, qui deviennent praticables.

Sur la droite et sur le centre de l'armée, l'ennemi est éloigné de plus de trente lieues de nos postes.

L'empereur est monté à cheval pour aller faire le tour de ses cantonnemens; il sera absent de Varsovie pendant huit ou dix jours.

François-Ignace Narocki, né à Witki, près de Wilna, est fils de Joseph et Anne Narocki; il est d'une famille noble, et embrassa dans sa jeunesse le parti des armes. Il faisait partie de la confédération de Bar, fut fait prisonnier par les Russes et conduit à Kasan. Ayant perdu le peu de fortune qu'il avait, il se livra à l'agriculture, et fut employé comme fermier des biens d'un curé. Il se maria en premières noces à l'âge de soixante-dix ans, et eut quatre enfans de ce mariage. A quatre-vingt-six ans il épousa une seconde femme, et en eut six enfans, qui sont tous morts: il ne lui reste que le dernier fils de sa première femme. Le roi de Prusse, en considération de son grand âge, lui avait accordé une pension de vingt-quatre florins de Pologne par mois, faisant quatorze livres huit sous de France. Il n'est sujet à aucune infirmité, jouit encore d'une bonne mémoire, et parle la langue latine avec une extrême facilité; il cite les auteurs classiques avec esprit et à propos. La pétition dont la traduction est ci-jointe, est entièrement écrite de sa main. Le caractère en est trèsferme et très-lisible.

Sire,

Pétition.

Mon extrait baptistaire date de l'an 1690; donc j'ai à présent 117 ans.

Je me rappelle encore la bataille de Vienne, et les temps de Jean Sobieski.

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