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montré tout ce dont est capable le sang français. La bataille de Lutzen sera mise au-dessus des batailles d'Austerlitz, d'Jéna, de Friedland et de la Moskwa! Dans la campagne passée, l'ennemi n'a trouvé de refuge contre nos armes qu'en suivant la méthode féroce des barbares ses ancêtres. Des armées de Tartares ont incendié ses campagnes, ses villes, la sainte Moskou elle-même. Aujourd'hui ils arrivaient dans nos contrées, précédés de tout ce que l'Allemagne, la France et l'Italie ont de mauvais sujets et de déserteurs, pour y prêcher la révolte, l'anarchie, la guerre civile, le meurtre. Ils se sont faits les apôtres de tous les crimes. C'est un incendie moral qu'ils voulaient allumer entre la Vistule et le Rhin, pour, selon l'usage des gouvernemens despotiques, mettre des déserts entre nous et eux. Les insensés! ils connaissaient peu l'attachement à leurs souverains, la sagesse, l'esprit d'ordre et le bon sens des Allemands. Ils connaissaient peu la puissance et la bravoure des Français !

» Dans une seule journée, vous avez déjoué tous les complots parricides............... Nous rejetterons ces Tartares dans leurs affreux climats qu'ils ne doivent pas franchir. Qu'ils restent dans leurs déserts glacés, séjour d'esclavage, de barbarie et de corruption, où l'homme est ravalé à l'égal de la brute. Vous avez bien mérité de l'Europe civilisée ; soldats! l'Italie, la France, l'Allemagne vous rendent des actions de grâces! >>

«De notre camp impérial de Lutzen, le 3 mai 1813. » NAPOLÉON.

Le 13 mai au matin.

A S. M. l'impératrice-reine et régente.

La place de Spandau a capitulé. Cet événement étonne tous les militaires. S. M. a ordonné que le général Bruny, le

commandant de l'artillerie et le commandant du génie de la place, ainsi que les membres du conseil de défense qui n'auraient pas protesté, fussent arrêtés et traduits devant une commission de maréchaux, présidée par le prince viceconnétable.

S. M. a également ordonné que la capitulation de Thorn fût l'objet d'une enquête.

Si la garnison de Spandau a rendu sans siége une place forte environnée de marais, et a souscrit à une capitulation qui doit être l'objet d'une enquête et d'un jugement, la conduite qu'a tenue la garnison de Wittemberg a été bien différente. Le général. Lapoype s'est parfaitement conduit, et a soutenu l'honneur des armes dans la défense de ce point important, qui du reste est une mauvaise place, n'ayant qu'une enceinte à moitié détruite, et qui ne pouvait devoir sa résis tance qu'au courage de ses défenseurs.

Le baron de Montaran, écuyer de l'empereur, suivi d'un homme des écuries, s'était égaré le 6 mai, deux jours avant d'arriver à Dresde. Il est tombé dans une patrouille de cavalerie légère de trente hommes, et a été pris par l'ennemi.

Un nouveau courrier adressé de Vienne par M. de Stackelberg à M. de Nesselrode à Dresde, vient d'être intercepté. Ce qui est singulier, c'est que les dépêches sont datées du 8 au soir, et que pourtant elles contiennent des félicitations de M. Stackelberg à l'empereur Alexandre sur la victoire éclatante qu'il vient de remporter, et sur la retraite des Français au-delà de la Saale.

La grande-duchesse Catherine a reçu à Toeplitz une lettre de son frère l'empereur Alexandre, qui lui apprend cette grande victoire du 2. La grande duchesse, comme de raison, a donné lecture de cette lettre à tous les buveurs d'eau de Toeplitz. Cependant le lendemain elle a appris que l'empereur Alexandre était revenu sur Dresde, et qu'elle-même devait

se rendre à Prague. Tout cela a paru extrêmement ridicule en Bohême. On y a vu le nom d'un souverain compromis sans aucun motif que la politique pût justifier. Tout cela ne peut s'expliquer que comme une habitude russe, résultant de la nécessité qu'il y a en Russie d'en imposer à une populace ignorante, et de la facilité qu'on trouve à lui faire tout accroire. On aurait bien dû adopter un autre usage dans un pays civi,lisé comme l'Allemagne.

Le 14 mai au matin.

A S. M. Pimpératrice-reine et régente.

L'armée de l'Eibe a été dissoute, et les deux armées de l'Elbe et du Mein n'en font plus qu'une seule.

Le duc de Bellune était le 13 au soir sur Wittemberg. Le prince de la Moskwa partait de Torgau pour se porter sur Lukau.

Le comte Lauriston, marchait de Torgau sur Dobrilugk.
Le comte Bertrand était à Koenigsbruck.

Le duc de Tarente, avec le onzième corps, était campé entre Bischofswerda et Bautzen. Il avait dans les journées du 11 et du 12, poursuivi vivement l'armée ennemie. Le général Miloradowitch avec une arrière-garde de vingt mille hommes et quarante pièces de canon, a voulu, le 12, tenir les positions de Fischbach, de Capellenberg, et celle de Bischofswerda, ce qui a donné lieu à trois combats successifs, dans lesquels nos troupes se sont conduites avec la plus grande intrépidité; la division Charpentier s'est distinguée à l'attaque de droite; l'ennemi a été tourné dans ses positions et débusqué sur tous les points; une de ses colonnes a été coupée. Nous lui avons fait cinq cents prisonniers. Il a eu plus de quinze cents hommes tués ou blessés. L'artillerie du onzième corps a tiré deux mille coups de canon dans ce combat.

Les débris de l'armée prussienne, conduite par le roi de Prusse, qui avaient passé à Meissen, se sont dirigés par Konigsbruck sur Bautzen pour se réunir à l'armée russe.

Le corps du duc de Reggio a passé hier à midi le pont de Dresde.

L'empereur a passé la revue du corps de cavalerie et des beaux cuirassiers du général Latour-Maubourg.

On dit que les Russes conseillent aux Prussiens de brûler Potsdam et Berlin, et de dévaster toute la Prusse. Ils commencent eux-mêmes à donner l'exemple; ils ont brûlé de gaîté de cœur la petite ville de Bischofswerda.

Le roi de Saxe a dîné le 15 chez l'empereur.

La deuxième division de la jeune garde, commandée par le général Barrois, est attendue demain 15 à Dresde.

Le 16 mai au soir.

A S. M. l'impératrice-reine et régente.

Le 15, S, M. l'empereur et S. M. le roi de Saxe ont passé la revue de quatre régimens de cavalerie saxons (un de hussards, un de lanciers, et deux régimens de cuirassiers ), qui font partie du corps du général Latour-Maubourg. Ensuite LL. MM. ont visité le champ de bataille et la tête de pont de Prielnitz.

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Le duc de Tarente s'était mis en mouvement le 15, à cinq heures du matin, pour se porter vis-à-vis Bautzen.

Il a rencontré au débouché du bois l'arrière-garde ennemie; quelques charges de cavalerie ont été essayées contre notre infanterie, mais sans succès. L'ennemi ayant voulu tenir dans cette position, la fusillade s'est engagée, et il a été déposté.

Nous avons eu deux cent cinquante hommes tués ou blessés dans cette affaire d'arrière-garde. On estime la perte de

l'ennemi de sept à huit cents hommes, dont deux cents pri sonniers.

La deuxième division de la jeune garde, commandée par le général Barrois, est arrivée hier à Dresde.

Toute l'armée a passé l'Elbe.

Indépendamment du grand pont de Dresde, il a été établi un pont de bateaux en aval, et un autre en amont de la ville. Trois mille ouvriers travaillent à couvrir la nouvelle ville par une tête de pont.

La gazette de Berlin, du 8 mai, contenait le réglement de la landsturm. On ne peut pousser la folie plus loin; mais il est à prévoir que les habitans de la Prusse ont trop de sens, et sont trop attachés aux vrais principes de la propriété, pour imiter des barbares qui n'ont rien de sacré.

A la bataille de Lutzen, un régiment composé de l'élite de la noblesse prussienne, et qui se faisait appeler cosaques prussiens, a a été presque entièrement détruit; il n'en reste pas quinze hommes; ce qui a mis en deuil toutes les familles.

Ces cosaques singeaient réellement les cosaques du Don. De pauvres jeunes gens délicats avaient à la main la lance, qu'ils soutenaient à peine, et étaient costumés comme de vrais cosaques.

Que dirait Frédéric, dont les ouvrages sont pleins d'expressions de mépris pour ces hideuses milices, s'il voyait que son petit-neveu y cherche aujourd'hui des modèles d'uniforme et de tenue!

Les cosaques sont mal vêtus; ils sont sur de petits chevaux presque sans selle et sans harnachement, parce que ce sont des milices irrégulières que les peuplades du Don fournissent, et qui s'établissent à leurs frais. Aller chercher là un modèle pour la noblesse de Prusse, c'est montrer à quel point est porté l'esprit de déraison et d'inconséquence qui dirige les affaires de ce royaume.

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