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DE L'IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT, PÈRE ET FILS,

IMPRIMEURS DU ROI, DE LA MARINE ET DE L'INSTITUT.

CHRONOLOGIQUE

DE

L'HISTOIRE

DE FRANCE,

DEPUIS LA PREMIÈRE CONVOCATION DES NOTABLES
JUSQU'AU DÉPART DES TROUPES ÉTRANGÈRES.

1787-1818.

Guillaume Homaré Rocques drite Tomillard

Je présente une époque signalée par de grands événements,
de terribles révolutions, des guerres acharnées, et des
traités non moins funestes.

Histoires de TACITE.

A PARIS,

CHEZ FIRMIN DIDOT PÈRE ET FILS,
LIBRAIRES, RUE JACOB, N° 24.

Et à Londres, chez MARTIN BOSSANGE et Compagnie,
Libraires, 14 Great Marlborough street.

1820.

CC

147.5 M785

L'HISTOIRE nationale doit former une partie essentielle de l'éducation primaire, s'il est vrai que la connaissance des devoirs de sujet et de citoyen appuie les lois, fasse la force et amène la sécurité d'un gouvernement sagement constitué, c'est-à-dire établi pour la nation elle-même.

Jadis, le professorat des colléges reconnaissait pour base de toute instruction, l'étude des langues mortes. On voyait des pédagogues en soutane ou sous le froc monacal, expliquer les annales de vingt peuples païens, et, s'enfonçant dans les obscures régions d'une merveilleuse antiquité, exalter l'imagination de nos jeunes élèves, en leur signalant les ombres fantastiques de Léonidas, de Scévola, de Décius, de Clélie; déployer à leurs yeux étonnés les hauts faits de Sésostris, de Cyrus, d'Alexandre, personnages à demi fabuleux, guerriers d'un monde à peu près idéal; tandis que les noms les plus glorieux de la terre des Français étaient laissés dans l'oubli : on passait sous silence les exploits du vainqueur de Bouvines, les bienfaits de ce Charles qui sauva la France aussi, mais sans combats, et par les seuls moyens de sa profonde sagesse; le bonheur de cet autre Charles que la mollesse avait plongé 7 dans l'abime, et que relevèrent des sujets généreux. On dédaignait de montrer aux jeunes Français le dévouement sublime d'Eustache de Saint-Pierre, le mâle courage de ces femmes plébéïennes conduites par Jeanne Hachette, la valeur bien plus éclatante de Jeanne d'Arc, juridiquement assassinée à vingt ans par le fanatisme ultramontain, que conduisait la vengeance des Anglais. Une ignoble effigie, sur la place d'Orléans, était le seul indice de la reconnaissance des habitants qu'avait sauvés cette jeune héroïne. Un poëme ridicule obscurcit sa mémoire; un poëme obscène la fit revivre pour la flétrir. Combien aurait-on compté de Français hors de Saint-Jean-deLône (Côte-d'Or) qui connussent les noms de Pierre Desgranges, de Pierre Lapre, dignes citoyens qui, en 1636, s'étant mis à la tête des habitants de cette ville, la défendirent contre une

nombreuse armée d'Allemands et d'Espagnols, et préservèrent ainsi la France des horreurs d'une invasion?

Nos écoles retentissaient des oraisons du consul romain à Catilina, contre Verrès, pour Milon; des harangues mensongères de Tite-Live, des fictions de Quinte-Curce; tandis que les discours du vertueux l'Hôpital, les combats, les vertus, les crimes de nos pères, leurs malheurs même, d'où procédèrent les nôtres, ne semblaient pas dignes de nous instruire. On eût rougi de jeter un regard sur nos annales; et les plus beaux modèles de l'héroïsme national restaient ensevelis dans les archives poudreuses des cités, dans les bibliothèques des monastères. Prétendait-on former des sujets à la monarchie, en ne leur parlant que d'Athènes et de Rome?

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Vers le milieu du 18e siècle, la nation, humiliée de ses revers, honteuse des égarements de ses chefs, inquiète sur l'avenir, se replie sur le passé Henri IV d'abord, puis Lusignan, Tancrède, Du Guesclin, Bayard, sortent de la tombe, comme pour nous demander compte de l'héritage qu'ils nous transmirent. A leur aspect, les savants interrogent avec un zèle plus judicieux les antiquités nationales, les jurisconsultes recherchent les origines de nos lois, les publicistes sondent les fondements de nos institutions; on recherche avec avidité les vestiges de nos anciennes libertés. Ce ne sont plus des faits stériles, ce sont d'utiles renseignements qu'on demande à l'histoire. On veut savoir d'où l'ou est parti, connaître le but vers lequel on se dirige.

A cette époque, paraît, en français, un Abrégé de l'Histoire, de France, à l'usage de l'École-Militaire; abrégé qui, tout concis qu'il est, imparfait comme il est, donne une esquisse des faits principaux. Mais à quelles sources le jeune homme puisera-t-il des notions plus étendues, lorsqu'il n'existe encore que des chroniques apocryphes ou des recueils d'anec dotes ?

De Thou, le premier historien digne de ce titre, vivait sous Louis XIII. Il se montra peu jaloux d'écrire pour les grands de son temps, gens fort illettrés, consumant leurs jours dans les intrigues d'une cour remplie d'Italiens pervers. Il ne jugea pas

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