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tionner le mode d'élection, pour généraliser ses formes, qu'autant qu'on peut arriver à instituer, au sein de cette nation, une sorte d'intelligence collective, dont les actes soient regardés et reçus comme des résultats d'un discernement national. Plus on méditera sur le mode de l'éligibilité prescrit par la constitution, et plus on sentira tout ce qu'il y a de profond et de vrai dans la conception de cette institution si neuve, qui généralise, et cependant réalise la pensée nationale, pour faire sortir de ses actes l'impulsion qui anime le gouvernement, et garantit la vie du corps social.

La nouvelle constitution a organisé d'une manière fixe les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Cette division fait, la force, la splendeur d'un état, et établit la liberté des peuples sur des bases inébranlables. Quelques médecins ont cru, dit M. Adams, que, s'il était possible de tenir les humeurs du corps humain dans une exacte balance, on le rendrait peut-être immortel : avec plus de raison, on en pourrait dire autant du corps social. C'est dans la confusion des pouvoirs que naît, croît et se fortifie ce principe desorganisateur qui bouleverse et dissout les.

ciétés politiques; c'est la rouille qui corrompt le

fer; c'est l'arsenic qui empoisonne le corps humain.

Les constitutions des anciens peuples éprou vèrent de perpétuelles variations, parce que les lois fondamentales étaient faiblement combinées.

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ly avait à Athènes des archontes, à Sparte des éphores, à Carthage un sénat et des suffètes, à Rome des tribuns, des consuls et un sénat; mais tous les pouvoirs étaient mal distribués, et cette confusion enfantait les factions et les guerres. Les anciens législateurs n'ont point fixé d'une manière précise la division et l'équilibre des pouvoirs; ils étaient mélangés, sans ordre et sans règle; ils s'embarrassaient dans leurs mouvemens, et se choquaient dans leur direction. Platon et Aristote ont bien développé quelques principes sur cette matière; mais ils n'ont point posé les limites qui doivent régler ces pouvoirs : tout était désordre et confusion dans leurs idées. La science de la politique et de la législation était dans son enfance, et on ignorait ces principes sociaux qui doivent régir les états et gouverner les peuples.

Diviser les pouvoirs, les combiner de manière que leur réunion concoure au bien général, environner le pouvoir législatif d'une grande con-' sidération morale, la puissance exécutrice d'une grande force physique, et le pouvoir judiciaire d'une grande vénération; voilà les bases essentielles

sur lesquelles repose le pacte social qui nous régit. Si nous avons vu se succéder rapidement trois différentes constitutions, c'est qu'elles n'avaient point pour base la division et l'équilibre des pou voirs. Dans la première, la puissance exécutrice était sans force; on avait rendu illusoires ses droits et ses prérogatives; on l'avait dépouillée de tous les moyens de faire respecter ses ordres; on l'avait mise hors de la législation et de la souveraineté. Dans la seconde, tous les pouvoirs étaient exercés par la convention nationale: cette constitution organisa le désordre, légalisa l'insurrection, consacra la tyrannie et l'usurpation. Dans la troisième, la puissance exécutrice était exercée par cinq directeurs; ses opérations divisées rendaient la marche des lois lente et incertaine ; elle était, pour ainsi dire, étrangère à la puissance législative; sa dépendance, contre laquelle elle s'irritait, devait nécessairement produire les passions de la haine et de l'orgueil: il n'y avait point ce centre d'unité qui constitue véritablement le pouvoir exécutif. Cette polygarchie renfermait un principe de désorganisation, un germe de corruption qui prépara la chute de cette étrange constitution.

Pour établir la division des pouvoirs, et pour défendre la liberté publique contre le despotisme et l'usurpation, la constitution a créé des tribuns.

Ce tribunat n'ordonne rien, n'établit rien ; il maintient et il conserve. Il n'est point législateur; il examine les projets de loi, les discute, et ne forme qu'un vœu d'admission, ou de rejet. Cette autorité constituée veille sur la conservation de la liberté publique; elle dénonce les abus, et propose les améliorations qu'elle croit utiles pour la prospérité et le bonheur de l'état. Que les tribuns n'oublient jamais les grands devoirs qui leur sont imposés ; ils doivent discuter avec sagesse et avec maturité les lois que le gouvernement propose à leur examen. Loin d'eux cet esprit de parti qui annonce toujours des vues d'intérêt et d'ambition! Sans doute ils doivent défendre la liberté publique, et les droits du peuple ; mais qu'ils apprennent que la liberté est fondée sur l'amour des lois, de F'ordre, de la justice, et sur la pureté des mœurs; que le peuple n'est libre ni heureux que lorsqu'il aime le travail, qu'il obéit aux lois, et qu'il respecte ses magistrats. Loin des tribuns cette rivalité, ces dénonciations, ces entravès, qui gêneraient la marche du gouvernement, en étendraient peut-être le pouvoir, et pourraient diminuer cette vénération et cet amour que le peuple doit à son premier magistrat! C'est par l'harmonie qui doit régner parmi les autorités constituées que naissent la prospérité de l'état, l'union et le bonheur de

tous les membres du corps social. Que cette maxime d'ordre et de salut public soit gravée dans le sanctuaire des lois. Que les législateurs y attachent leurs pensées : c'est en la méditant qu'ils rempliront avec zéle et avec fidélité ces grands devoirs qu'exige l'auguste ministère qui leur a été confié.

La constitution a créé un sénat conservateur qui représente l'assemblée générale des électeurs de France; il nomme les consuls, compose la liste nationale, élit dans cette liste les législateurs, les tribuns, les juges du tribunal de cassation, et les commissaires de la comptabilité; il veille au dépôt sacré de la constitution. Gloire et honneurs immortels soient rendus à ces hommes sages qui ont fermé les portes de ces assemblées primaires qui ont été le foyer de tant de crimes et de tant de conspirations! Sans doute, le peuple a des droits: qu'on les respecte ces droits, bien loin de souffrir qu'on les viole: il faut en confier la garde à de zélés défenseurs qui, revêtus d'une grande autorité, écartent avec soin, et coupent même, s'il le fauty, ces mains avides et sacriléges qui chercheraient à envahir l'héritage, et à élever sur les ruines de la liberté publique l'oppression et le despotisme. Tranquille dans son état, et jouissant des fruits de

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