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Le directoire au variable.

Les assignats au vent.

Le peuple au très-sec.

Le patriotisme à la glace (a).

Selon le mot de Mazarin, les Parisiens payaient, et chantaient ces stances libres:

Quel avenir à nos yeux se présente!

Quel changement dans notre heureux pays'
Cinq potentats qui passent notre attente,
Règnent en paix au milieu de Paris;

Chaque jour, chaque instant, leur âme bienfaisante.
Recherchant des abus la source renaissante,
Nous enrichit en nous appauvrissant;

Oh! le bon temps que celui d'à-présent (b).

Cette misère du peuple faisait penser aux royalistes que les Français appelleraient à eux le gros monsieur de Ham (Louis XVIII); et ils avaient lancé dans le public cette chanson sur l'air : Femmes, voulez-vous éprouver ?

Les cinq-sens.

Jusqu'à ce jour, de nos cinq-sens

On a vanté la jouissance;

Mais aujourd'hui moi je prétends

Qu'un seul est nécessaire en France.

Pour respirer un air malsain,

Que sert un odorat facile'

Et réduits à mourir de faim.

Le goût peut-il nous être utile?
Dépouillés de tout, sans argent,

Du toucher que pouvons-nous faire?

Et la mue est-elle un présent

Pour ne voir que de la misère?

Mais pour d'un heureux changement

Avoir la nouvelle prospère,

Des cinq sens l'ouïe (Louis) est vraiment

Le seul qui nous soit nécessaire (c).

Le nec-plus-ultrà de leurs manifestations est dans une chanson intitulée le Marchand de bois des Tuileries, air des Visitandines.

On dit que dans les Tu leries

Est un chantier fort apparent,
Où cinq cents bûches bien choisies

Sont à livrer en ce moment.

Le vendeur dit à qui l'aborde :

a, La mème affiche fut placée à plusieurs coins de rue.

(b) Recueil de chansons du temps.

(c) Almanach des gens de bien, seconde édition.

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Cinq cents biches pour un Lous;
Mais bien entendu, mes amis,

Qu'on ne les livre qu'à la corde (a).

Certaines gens, véritablement, étaient d'avis de rappeler Louis XVIII, les rentiers de l'état surtout, dont le sort commençait à devenir malheureux, et qu'on représentait maigres et tristes, pleurant leur fortune éventée avec les assignats.

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D'autres se rejetaient plus volontiers sur les idées de bonheur commun, et d'égalité territoriale, mises au jour par Gracchus -Babeuf.

En cette occurrence, le directoire laissa pleurer les rentiers de l'État, mais s'occupa activement de réprimer les tendances des babouvistes. Le 4 mars, il envoya aux Cinq-Cents un messager d'état pour leur annoncer qu'il venait de faire fermer les réunions politiques du Salon dit des Princes, à Paris; la réunion de la maison Sérilly; la Société dite des Echecs, au Palais-Égalité; la Société du Panthéon; la réunion dite des Patriotes, rue Taranne; ensemble le théâtre de la rue Feydeau et l'église Saint-André-des-Arts (c). »

a Le second couplet dit qu'on pourrait écarteler certaines buches, au lieu de les brüler Le troisième promet en plus deux cent cinquante vieux souchons et les cing.

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Le journal le Tribun du Peuple publiait des théories égalitaires, et dans des séances occultes qui devaient aboutir certainement à un mouvement armé, une jolie chanteuse, appelée Sophie Lapierre, chantait des couplets tels celui-ci :

que

Évoque l'ombre des Gracchus,

Des Publicola, des Brutus;

Qu'ils te servent d'enceinte !
Tribun courageux, hâte-toi ;
Nous t'attendons : trace la loi
De l'égalité sainte (a).

Le 13 avril, une affiche collée sur les murs des maisons, contenait entre autres phrases celle-ci : Toutes les autorités établies depuis la constitution de 1793, sont illégales et contre-révolutionnaires. Pendant tout ce mois, il y eut une grande agitation dans Paris; partout se formaient des groupes, et des orateurs populaires enseignaient la foule. Le directoire adressa un message aux deux conseils. « Citoyens législateurs, disait le message, un horrible complot devait éclater demain le 10 mai) dès la pointe du jour; son objet était de renverser la Constitution française, d'égorger le corps législatif, tous les membres du gouvernement, l'état-major de l'armée de l'intérieur, toutes les autorités constituées de Paris, de livrer cette grande commune à un pillage général et aux plus affreux massacres. Le directoire exécutif, informé du lieu où les chefs de cette affreuse conspiration étaient assemblés et tenaient leur comité de révolte, a donné des ordres pour les faire arrèler. Plusieurs d'entre eux l'ont été en effet; et c'est avec douleur que nous vous apprenons que parmi eux se trouve l'un de vos collègues, le citoyen Drouet, pris en flagrant délit... (b).» Le directoire demandait en outre des pouvoirs qui lui furent accordés. On éloigna de la capitale tous les ex-conventionnels, tous les fonctionnaires destitués, tous les militaires sans emploi.

Il s'agissait d'une redoutable conspiration ourdie par Babeuf et ses partisans, qui furent arrêtés et emprisonnés à l'Abbaye, puis transférés dans la tour du Temple. Voici ce qu'on découvrit à cet égard.

Par la conspiration, un directoire secret de salut public, composé de quatre membres, devait diriger les affaires, et avait sous ses ordres, -- en manière d'exécuteur, un comité insurrecteur de salut public; des agents principaux dans chacun des douze arrondissements de Paris; des agents militaires, dans l'intérieur des provinces; des agents intermédiaires, transmettant les lettres et les arrêtés du directoire, aux principaux et aux militaires, et réciproquement.

a Par Sylvain Maréchal.

b) La communication était signée par Carnot

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