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élève notre âme en même temps qu'elle l'intéresse, et enchante à la fois la raison et l'imagination. Telle est la double puissance de l'Andromaque et de l'Iphigénie. Voilà pourquoi la forme dans laquelle ces ouvrages sont conçus nous paraît supérieure à toutes celles qu'on a créées pour le théâtre. Sans doute ces contrastes qui naissent dans le drame d'une reproduction moins épurée de la vie humaine, y sont une source d'effets puis sants sans doute les musiciens qui rient et boivent auprès du corps inanimé de Juliette rendent les larmes de sa mère et de son amant plus touchantes sans doute Desdémone ressort plus pure et plus naïve encore sur le fond ténébreux des bassesses et du cynisme de Iago. Mais ce qui est une source de contrastes peut en être une de dissonances. En jetant ainsi sur le théâtre tous les accents de l'âme, tous les aspects de la vie, peut-on éviter de choquantes disparates? L'âme ne se prête pas toujours à ces impressions de nature si diverse qui la frappent coup sur coup. Souvent la brusque opposition du pathétique et du comique, au lieu de seconder l'effet de l'un ou de l'autre, ne peut qu'affaiblir l'un et l'autre. Ce n'est pas sans raison que Boileau a séparé la comédie de la tragédie, et exigé de celle-ci cette noblesse soutenue, qu'il ne faut pas confondre avec la pompe, et qui n'exclut ni le naturel ni la passion. On objecte que le poëte, fidèle aux préceptes de Boileau, pourra charmer les esprits d'élite, les intelligences élevées, mais restera sans action sur la foule dont le drame s'empare avec tant de puissance. Est-il donc vrai que le peuple ne puisse pas être sensible aux beautés dramatiques de l'ordre le plus élevé? Est-il vrai que l'art véritable ne puisse admettre que l'aristocratie des intelligences dans son sanctuaire? N'avons-nous pas vu plus d'une fois, lorsque naguère de grandes solennités ouvraient à la foule empressée les portes de la comédie française, n'avonsnous pas vu Racine accueilli avec plus d'admiration et d'enthousiasme que

les jours ordinaires, par un parterre ignorant mais sensible, comme l'est toujours le peuple, à tout ce qui est grand et élevé? Avant de prononcer si vite sur cette question, qu'on se rappelle ce que disait le plus habile interprète de nos chefs-d'œuvre, notre Talma il avouait qu'il ne jouait jamais mieux que dans ces jours de représentation gratuite, où l'émotion populaire augmentait la sienne. Encore une fois, nous laissons place au drame parmi les genres littéraires; mais nous croyons que celui où s'immortalisa Racine, en suivant les préceptes de Boileau, appartient à une sphère plus haute et fait plus d'honneur à l'esprit humain.

BOIN (Antoine), médecin et député, naquit à Bourges le 19 janvier 1769. Il servit longtemps comme médecin dans les armées de la république et de l'empire, et il est auteur de quelques bons ouvrages, parmi lesquels nous citerons les suivants : Dissertation sur la chaleur vitale; Coup d'œil sur le magnétisme; Mémoire sur la maladie qui, en 1809, régna sur les Espagnols prisonniers de guerre à Bourges. Il fit, en 1815, partie de la minorité de la chambre introuvable. Dans les sessions suivantes, ses opinions furent, en général, assez modérées; mais en 1820, lors de la discussion de la loi électorale, il eut le malheur d'attacher son nom au déplorable amendement qui accordait le double vote aux électeurs des colléges de département, et duquel résulta la nouvelle loi des élections, et la chambre qui vota tant de lois funestes, telles que celles de l'indemnité, du sacrilége, du droit d'ainesse, etc. A cette époque, M. Boin était inspecteur général des eaux minérales de France, aux appointements de douze mille francs. En 1815, il avait travaillé avec beaucoup d'activité au renversement du trône impérial, et avait, en récompense de son zèle, reçu la croix d'honneur des mains du duc d'Angoulême.

BOINVILLIERS (Jean-Étienne-Judith Forestier), laborieux grammairien, né à Versailles en 1766, fit ses

études au collège de cette ville, et vint, à l'âge de vingt ans, ouvrir à Paris un cours de littérature. Il entra ensuite comme élève du département à l'École normale, et obtint, lors de la création des écoles centrales, la chaire de belles-lettres à celle de Beauvais. Ce fut le sentiment patriotique qui lui dicta son premier ouvrage, lequel parut en 1794, sous le titre de Manuel du républicain, ou l'Esprit du contrat social mis à la portée de tout le monde. Il serait difficile aujourd'hui d'en retrouver un exemplaire. L'élan qui le lui avait inspiré se calma singulièrement dans la suite. On peut supposer néanmoins que le souvenir que cette publication avait laissé dans certains esprits fut pour quelque chose dans la disgrâce qui frappa Boinvilliers en 1816. Il était, à cette époque, inspecteur de l'Académie de Douai, après avoir successivement rempli les fonctions de censeur des études dans les lycées de Rouen et d'Orléans. Sans motif apparent, il fut brusquement mis à la retraite. Il vint à Paris, résolu de consacrer à ses travaux littéraires les loisirs forcés que lui procurait cette sorte de destitution. La liste des ouvrages auxquels il a mis son nom est trop longue pour trouver place ici. Les plus connus ne sont que des éditions améliorées, des abrégés ou des traductions d'auteurs, à l'usage des écoles. Parmi ceux qui lui appartiennent en propre, on doit distinguer sa Grammaire raisonnée, ou Cours théorique et analytique de la langue française, qui parut pour la première fois en 1803, travail utile, fait avec cons. cience, et particulièrement riche en exemples bien choisis, et par lesquels l'auteur éclaire d'une manière plus heureuse qu'il n'eût pu le faire par de longs développements théoriques, une foule de cas particuliers. Il avait précédemment publié une grammaire et un manuel pour l'étude de la langue latine. Il y ajouta ensuite divers bons recueils d'exercices, des ouvrages d'éducation, enfin quelques œuvres dramatiques, et des poésies qui sont ses productions les plus faibles. Mem

bre d'un grand nombre de sociétés littéraires des départements, et correspondant de l'Institut depuis 1800, il se mit sur les rangs, en 1819, pour une place vacante à l'Académie, et n'eut qu'une voix ! Ce fut alors qu'il se retira à Ourscamp, département de l'Oise, où il mourut en 1830.

BOIRON (Pierre), né à Saint-Chamond, exerçait, dans cette ville, la profession de tonnelier lorsque ses sentiments patriotiques bien connus lui firent donner par ses concitoyens la place d'officier municipal; il fut ensuite nommé député suppléant à la Convention nationale par le département de Saône-et-Loire, ne prit séance qu'apres le procès de Louis XVI, et se rangea du côté des girondins. Après le 31 mai 1793, il fut accusé d'avoir pris une part active, par ses conseils, à l'insurrection fédéraliste de Lyon; il parvint à se disculper, et un décret, rendu le 8 mars 1794, le déchargea de cette accusation. Après la session conventionnelle, il retourna à Avallon, et reprit son métier de tonnelier.

BOIS-DAUPHIN (Urbain de Laval, marquis de Sablé, seigneur de), maréchal de France, chevalier du SaintEsprit et gouverneur d'Anjou, fils de René II de Laval-Bois-Dauphin et de Jeanne de Lenoncourt-Nanteuil. Ses premières actions d'éclat eurent lieu au siége de Livron, en 1575. Il se distingua ensuite à celui de la Fère, en 1580, et au combat d'Anneau, en 1587. Plus tard, ayant embrassé le parti de la ligue, il fut blessé et fait prisonnier à la bataille d'Ivry, en 1590. Il ne tarda pas cependant à faire sa paix avec Henri IV, auquel il remit les places de Sablé, Château - Gonthier, etc. C'est ce prince qui le fit maréchal de France, et lui confia le gouvernement de la province d'Anjou. Louis XIII le nomma, en 1615, lieutenant général de l'armée qu'il envoya contre les printes. C'est le dernier commandement dont ait été revêtu le maréchal de Bois-Dauphin; il quitta la cour peu de temps après, et se retira dans ses terres, où il mourut en 1629. Il avait épousé Madeleine de Montclair, dame

de Bourbon, dont il avait eu un fils, Philippe-Emmanuel de Laval-Bois-Dauphin, qui mourut en 1640.

BOIS DE LA ROCHE, vicomté de Bretagne, dépend aujourd'hui du département du Morbihan.

BOIS-FÉVRIER, seigneurie de Bretagne, érigée en marquisat en 1674. BOISGELIN (Jean-de-Dieu-Raymond de Lucé) naquit à Rennes, le 27 février 1732. Destiné dès l'enfance à l'état ecclésiastique, il fut nommé successivement grand vicaire de Pontoise, évêque de Lavaur et archevêque d'Aix. Il laissa dans cette dernière ville des Souvenirs honorables. Ayant été nommé président des états de Provence, il fit décréter par cette assemblée la construction d'un canal, auquel on a donné son ncm; la fondation d'une maison d'éducation pour les demoiselles pauvres, et qui subsiste encore à Lambsec, et plusieurs autres établissements utiles. En 1789, M. de Boisgelin siégea, comme député du clergé d'Aix, aux états généraux, où, après s'être montré l'un des plus zélés antagonistes de la réunion des trois ordres, il vota pour l'abolition des priviléges féodaux et pour la répartition annuelle de l'impôt. Mais ensuite il se prononça pour que l'on conservât au roi le droit de guerre et de paix. Cependant il fut élu président de l'Assemblée le 23 novembre 1790. Il opina ensuite pour le maintien des dîmes, en proposant, de la part du clergé, un sacrifice de quatre cents millions. Après avoir combattu la motion qui mettait à la disposition de l'Assemblée tous les biens de l'Église, en garantie de la valeur des assignats, il proposa la convocation d'un concile général, et publia un écrit intitulé: Exposition des principes des évêques de l'Assemblée. Après la session de 'Assemblée constituante, un archevêque constitutionnel ayant été nommé Aix, M. Boisgelin se retira en Angleerre, et ne revint en France qu'apres a signature du concordat. Il fut nomné, en 1802, à l'archevêché de Tours, trecut peu de temps après le chapeau le cardinal. Il mourut à Angervillers, le 22 août 1804.

Le cardinal de Boisgelin était doué d'un goût fin et délicat, d'un esprit brillant et facile; il aima les lettres et les cultiva avec succès. Il prononça, en 1765, l'oraison funèbre du dauphin, fils de Louis XV, celle de Stanislas, roi de Pologne, et enfin celle de la dauphine. Il fut nommé, en 1776, membre de l'Académie française, à la place de l'abbé de Voisenon. Son successeur à la seconde classe de l'Institut fut Dureau de Lamalle.

BOISGERARD (Marie-Anne-François Barbuat de) naquit le 18 juillet 1767, à Tonnerre, département de l'Yonne. Destiné à la carrière des armes qu'avait suivie son père, il entra à l'École militaire, et y fit de tels progrès, qu'en 1791 il fut nommé capitaine du génie. L'année suivante, il se trouva au siége de Spire, et se signala à la prise de cette ville. Il assista aussi à la prise de Mayence, et se rendit ensuite dans la Vendée. Quelque temps après, il passa à l'armée du Nord, et se fit remarquer à Charleroi, à Landrecies, devant le Quesnoy, où il fut blessé, et au siége de Valenciennes, où il fut chargé de l'attaque de la citadelle. Lors du blocus de Maestricht, il commanda les troupes qui avaient ordre de se porter sur le fort Saint-Pierre, et était sur le point de voir les mesures qu'il avait prises pour faire sauter ce fort couronnées d'un entier succès, quand les assiégés demandèrent à capituler. Il reconstruisit ensuite le fort de Kehl et la tête du pont de Huningue. Ce fut dans cette occasion qu'il imagina les pontsradeaux, afin de faciliter les communications. Bientôt apres, il passa, qualité de chef de brigade et de commandant en chef du génie. à l'armée dite d'Angleterre. En 1799, il se rendit à l'armée d'Italie, et fut blessé mortellement à la bataille de Capoue, gagnée par le général Championnet, au moment où le traité de paix venait d'être signé.

en

BOISGUILLEBERT (Pierre le Pesant. sieur de), lieutenant général au bailliage de Rouen, mort en 1714, est auteur de deux traductions de Xiphilin et d'Hérodien, et d'une Nouvelle

historique sur Marie Stuart; mais son principal ouvrage est son Détail de la France sous le règne de Louis XIV. Cet ouvrage, après avoir eu plusieurs éditions sous ce titre, fut réimprimé à Bruxelles, en 1712, sous celui de Testament politique de M. de Vauban. Il renferme sur l'administration des finances des idées justes et saines, et peut encore être consulté aujourd'hui avec fruit, surtout pour les détails statistiques qu'on y trouve.

BOISHARDY (Charles) avait servi comme officier dans le régiment de Royal-Marine, et donné sa démission au commencement de la révolution. Après s'être mêlé, en 1792, aux intrigues de la Rouarie, il devint, en 1793, officier supérieur de l'armée catholique et royale de Bretagne. Il se soumit en 1795; mais sa correspondance adressée aux membres du conseil du Morbihan ayant été interceptée, et son projet de réunion avec d'autres chefs de chouans à Villehemet ayant été divulgué, il fut surveillé et arrêté au moment où il cherchait à rejoindre ses complices. Il fut fusillé, et sa tête fut promenée dans les rues de Lamballe et de Montcontour.

BOISLANDRY (Louis de), né en 1749, était négociant à Versailles, lorsqu'il fut nommé député du tiers état de la prévôté de Paris aux états généraux de 1789. Le 6 juillet 1790, il fit, au nom des comités ecclésiastique et de constitution, un rapport sur la nécessité de forcer les évêques à résider dans leurs diocèses; il combattit aussi la proposition de Mirabeau sur une nouvelle émission d'assignats, et proposa d'éteindre la dette nationale au moyen de délégations nationales portant cinq pour cent d'intérêt. En février 1791, il vota contre l'établissement des taxes à l'entrée des villes, et engagea l'As semblée à s'occuper de régler les droits de patentes. Il se retira de la scène politique après la session de l'Assemblée constituante. Il est mort à Paris en 1834. On a de lui plusieurs ouvrages estimés sur le commerce et l'administration publique.

une place forte était nécessaire à l' mée du Nord pour poursuivre les A glais au delà de la Meuse. Ce fut Bo le-Duc que l'on choisit; mais ce n'ét pas chose facile que de s'en empar Cette place était environnée de fo bien entretenus et bien armés, et ( inondations, qui s'étendaient à plus trois cents toises de ses remparts, faisaient comme une île au milieu d' vaste fleuve. Tant d'obstacles ne rel tèrent pas l'armée française. On n'av point d'artillerie de siége, mais la g nison était faible; on se fia à la f tune. On attaqua tout à la fois la vi et les forts d'Orten et de Crèvecœ dont la prise devait priver la place toute communication avec la Meu La ville fut investie le 23 septemb Dès le lendemain, on entra dans fort d'Orten, évacué par les Hollanda On établit quelques batteries d'obusi et de canons, à quatre-vingts toi des ouvrages extérieurs; on ouvrit tranchée devant le fort de Crèvecœ et on le bombarda avec tant de per vérance, qu'il se rendit, le 29 septemb au général Delmas. L'occupation de fort, en affaiblissant les moyens défense de Bois-le-Duc, ouvrait enc le passage de l'île de Bommel, posit décisive pour l'invasion de la Hollan On s'empara même du fort Sai André, mais on ne pensa pas à en parer les fortifications et à les met en état de défense; de sorte que Hollandais, qui connaissaient l'imp tance de cette position, purent la prendre et la mettre à l'abri d'un n veau coup de main.

Cependant le siége de Bois-le-I traînait en longueur. On commen à avoir des inquiétudes sur l'issue cette entreprise. Les pluies avai étendu les inondations; les tranch près des ouvrages extérieurs n'étai plus praticables; l'artillerie de si était arrivée, mais il fallait, pour tablir, de grands travaux que le inondé rendait longs et difficiles. ] forts isolés qui environnaient la v en empêchaient les approches. Cep dant les batteries de pièces de cam BOIS-LE-DUC (siége de). — En 1794, gne et les obusiers avaient incer

plusieurs parties de la ville; et l'opinion, plus forte dans la guerre que les armes elles-mêmes, y combattait pour les Français. Au moment où l'on s'y attendait le moins, le gouverneur, qui s'était casematé et qui même avait blindé sa demeure avec des bois et du fumier, pour la mettre à l'abri des bombes, dont il craignait singulièrement les éclats, demanda à capituler. On se hâta de lui accorder les honneurs de la guerre; et, le 10 octobre 1794, il retourna en Hollande avec sa garnison, prisonnière de guerre sur parole. On s'étonna de trouver sur les remparts cent quarante-six bouches à feu, et cent trente milliers de poudre dans les magasins.

BOIS-MESLÉ (Jean-Baptiste Torchet de), avocat au parlement de Paris, est auteur d'une Histoire générale de la marine, publiée de 1744 à 1758, en 3 vol. in-4°. Il a paru, en 1759, une seconde édition de cet utile ouvrage.

BOISMONT (Nicolas Thyrel de), célèbre prédicateur, membre de l'Académie française, était né près de Rouen, en 1715. Il mourut à Paris, le 20 décembre 1786, âgé de soixante et onze ans, avec le titre de prédicateur du roi, et celui de docteur en théologie de la maison de Navarre. Ses œuvres ont été recueillies et publiées à Paris en 1805, en 1 vol. in-8°.

BOISMORAND (Claude - Joseph) naquit à Quimper en 1680, et entra dans l'ordre des jésuites, chez lesquels il professa pendant quelque temps la rhétorique à Rennes; mais quelques écarts l'ayant fait reléguer à la Flèche, il quitta la société, quoique déjà revêtu de la prêtrise, et rentra dans le monde, où il se fit bientôt connaître sous le nom de l'abbé Sacred... << Il a passé, dit Collé, pour le plus beau et le plus grand jureur de son temps. Cependant il reconnaissait un supérieur dans ce grand art de jurer: c'était un nommé Passavant, mauvais sujet et gros joueur; cela est presque synonyme. Un jour que l'abbé de Boismorand avait perdu beaucoup d'argent de suite, et qu'il s'était épuisé en jurements nouveaux, n'en pouvant plus inventer, il

regardait le ciel avec fureur, en disant : Mon Dieu, mon Dieu, je ne te dis rien, je ne te dis rien, mais je te recommande à Passavant. Le soir d'un matin qu'il avait fait un sermon trèspathétique, comme il perdait son argent au jeu, il regardait le ciel en donnant ses derniers écus, et disait: Eh! oui, mon Dieu!... oui!... oui!... je t'enverrai des âmes. » Lors des grandes querelles des jansenistes et des molinistes, Boismorand se créa une singulière ressource. Il composait contre les jésuites des mémoires qu'il allait dénoncer au P. Tournemine comme l'œuvre des jansénistes, et se faisait ensuite donner de l'argent pour répondre à ces mémoires. Le manége fut découvert; mais les jésuites, craignant sans doute de s'en faire un ennemi, ne lui tinrent pas rancune. La plume de Boismorand était aux ordres de qui la payait; sans savoir l'anglais, il traduisit le Paradis perdu, d'après la traduction de Dupré de Saint-Maur. Cet homme singulier mourut, dit la Place, sous la haire et le cilice, en 1740. On a de lui divers mémoires pleins de verve, et une Histoire amoureuse et tragique des princesses de Bourgogne, 1720, in-12.

BOISROBERT (François-Métel), né à Caen vers 1592, se fit remarquer par sa gaieté et son talent pour la bouffonnerie, et eut pour auteurs de sa fortune un pape et un cardinal. Il fut d'abord avocat, profession qui ne convenait point à son humeur. Dans un voyage qu'il fit en Italie, il montra à Rome tant d'esprit et de verve plaisante, que le bruit en vint au pape Urbain VIII, qui désira le voir. Boisrobert fut présenté, et fut si amusant, que le pontife voulut lui donner une marque de sa reconnaissance : il le fit possesseur d'un prieuré en Bretagne. Boisrobert ne s'était senti jusque-là nulle vocation pour l'état ecclésiastique : quand il se vit prieur, il comprit que l'Eglise pouvait être le chemin de la fortune; il entra bientôt dans les ordres, et ne tarda pas à être pourvu d'un bon canonicat à Rouen. L'habit ecclésiastique ne lui ôta rien de sa gaieté. Ayant été

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