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vent jouer. A ce signal, les troupes qui investissent la ville ont l'ordre de marcher, d'attaquer, de culbuter tout ce qui se présentera et leur sera opposé. Des colonnes armées de torches doivent porter la flamme par-tout où elle pourra incendier, et marcher de ruines en ruines. Le canon tire; on se met en devoir d'exécuter les ordres donnés; soldats et officiers français se disputent à qui combattra avec le plus de valeur. Les Lazzaroni se défendent comme des lions; ils sont repoussés; repoussent à leur tour: cependant ils perdent du ter- · rain, de l'artillerie : on gagne différentes rues; les Lazzaroni sont acculés, mais ils ne sont pas réduits. La nuit survient; le feu continue; la troupe, excédée de fatigues, se partage; une partie veille et combat; l'autre se repose près. des cadavres, sur les cendres, sur les décombres. Le jour paraît, l'acharnement des com battans redouble; on fait, de part et d'autre, des prodiges de valeur : cependant rien ne se. décidait; le général Kellerman marche sur Castel-Nuovo, le général Duhesme sur le fort del Carmine; une colonne va pénétrer dans le quartier des Lazzaroni, pour l'incendier; la garnison du fort Saint-Elme s'est déjà précipitée dans la ville; la victoire enfin, jusqu'alors in

peu

certaine, va bientôt couronner la valeur des Français. Le général Championet rencontre quelques Napolitains que la curiosité avaient enhardis à sortir de leurs maisons; il s'afflige avec eux de leurs malheurs; il témoigne le deşir de les faire cesser; il s'engage à protéger leur religion et à faire respecter saint Janvier; il promet de pourvoir à la subsistance du ple, et de réparer ses pertes. La confiance s'établit, elle se propage; les têtes s'électrisent: on crie, vive les Français ! une garde d'honneur est placée dans l'église de Saint-Janvier. Cette nouvelle se répand; les plus curieux se portent en foule vers leur idole; surpris d'admiration, ils mettent bas les armes; un des chefs des Lazzaroni se met à la tête des Français; il harangue ses soldats; le feu cesse; on dépose les armes; bientôt aux cris de mort succèdent ceux de la joie; le calme se rétablit, la guerre est terminée: on célèbre cet événement par une fête et un Te Deum le 6 pluviose an 7 (25 janvier 1779). On s'empare de tous les forts, des réserves sont placées sur toutes les places, le reste de l'armée bivouaque à Capo di Monte, Capo di Chino, sur toutes les hauteurs qui environnent la ville; une chaîne de postes est établie sur les bords de la mer.

Après ces dispositions militaires, le général en chef, afin de faire cesser l'anarchie, s'était empressé d'adresser une proclamation aux Napolitains, 1 de nommer les membres d'un gouvernement provisoire, et les ressorts de la machine du gouvernement n'avaient pas tardé à être remontés et organisés. Ainsi la révolution avait été aussi prompte que générale dans la nouvelle république parthénopéenne. On reçut alors la nouvelle de la dispersion des insurgés; mais ils n'étaient pas encore entièrement vaincus. De son côté, le gouvernement régénéré avait envoyé des ambassadeurs à Paris, pour y porter les vœux, la soumission et la reconnaissance de leurs commettans. Le directoire, toujours plus incompréhensible dans ses principes politiques et diplomatiques, les avait mal accueillis. Bientôt il avait poussé les choses plus loin. Le général Championet s'était cru obligé de chasser la commission incendiaire que le directoire s'était arrogé le droit de créer, en lui donnant des attributions et des priviléges vexatoires et illégaux. Égaré par les passions de ses agens, le directoire avait rappelé le général Championet, et ordonné sa

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Voyez, à la fin du volume, la nete (30).

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mise en jugement. Les généraux Duhesme, Rey, Dufreise, Broussier et Bonami, avaient partagé cette honorable disgrace. Au moment où tout concourait à ramener l'ordre et le bonheur dans ces contrées, où Naples jouissait de la paix, où les Français étaient aimés, craints et respectés, où enfin on était heureux.

Dès l'instant où le général Mack, réfugié dans Capoue, s'était vu obligé d'y attendre vainement les secours promis par la cour autrichienne, le parti d'Angleterre avait craint que les malheureux événemens qui se succédaient avec rapidité, n'influassent sur le caractère timide du roi, et qu'il ne prît le parti de demander la paix au général Championet; résolution qui aurait déconcerté les longues intrigues du cabinet de Saint-James, au moment même qu'elles décidaient une nouvelle guerre générale. Pour prévenir cette détermination, la reine, le ministre Acton et l'ambassadeur britannique Hamilton, s'étaient concertés avec l'amiral Nelson, afin d'engager le roi à s'embarquer pour la Sicile. On lui avait persuadé que les revers de ses armées étaient la suite d'une vaste trahison, et que les partisans de la révolution française étaient sur le point d'exciter une révolte dans Naples. Pour donner plus de poids

à cette assertion, on avait payé les Lazzaroni du Molo Piccolo, qui avaient fait une émeute dans laquelle avait été assassiné le courrier qui avait apporté la lettre de l'empereur, qui engageait le roi des Deux-Siciles à retarder l'ouverture des hostilités on avait ainsi fait disparaître un témoin dont la présence pouvait être dangereuse, et on avait réussi a décider le roi à se rendre à Palerme avec toute sa cour, le 3 nivose an 7 (23 décembre 1798).

A la même époque, la cour de Vienne ayant appris la nouvelle inattendue de l'invasion du Piémont par les Français, de la retraite du roi de Sardaigne, et de la défaite des Napolitains, avait tenu un conseil extraordinaire; elle se trouvait dans une position extrêmement délicate. D'un côté, le général Mack' déclarait qu'il ne pouvait pas se maintenir plus longtemps dans le fond de la presqu'île de l'Italie, si on ne lui envoyait les plus prompts secours; de l'autre, les dispositions pacifiques de plusieurs états germaniques, faisaient craindre au conseil autrichien de porter seul le poids des hostilités contre les Français, les Suisses, et la moitié des Italiens.

L'armée russe était en marche; mais, arrivée seulement dans les plaines de la Pologne, on

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