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Qu'ils ne parlent donc pas le langage du droit! Qu'ils ôtent leur toque et leur robe, et mettent à la place la tunique et le képi! S'ils aiment tant la guerre, qu'ils prennent le chemin de fer de Cracovie, qu'ils aillent combattre, qu'ils aillent affronter et punir le général Mourawieff, qu'ils aillent grossir les bandes polonaises, qu'ils aillent en partager les privations, les souffrances et les dangers; mais qu'ils cessent d'insulter la France et ceux qui, comme nous, mettent au-dessus de l'indépendance de la Pologne la paix et la liberté de l'Europe!

Il est temps d'en finir avec ces prétendus amis de la Pologne, qui sont aux Polonais ce que les faucheurs sont aux épis... Ce n'est pas avec une plume que ces journalistes écrivent, c'est avec une faux.

le peuple chrétien qui s'est associé à tous les progrès de la civilisation moderne et revendique ses droits les plus chers et les plus sacrés, et la barbarie mongole qui représente la force brutale et foule aux pieds les lois humaines et divines, il y a désormais un abime de sang.

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L'Europe souffrira-t-elle que l'humanité soit impunément violée? souffrira-t-elle que cette guerre d'extermination se prolonge, à la honte éternelle du dix-neuvième siècle?

» Peuples de l'Occident, entendez le cri d'alarme que pousse la nation martyre! c'est sur son cadavre que le despotisme voudrait se frayer un chemin au cœur de la civilisation! Mais Dieu est avec nous, et sa justice nous fera triompher!

"

Signé LOUIS WOLOWSKI, présidant la réunion; Joseph ordega, membre et secrétaire du comité; ACHILLE BONOLDI, XAVIER BRANICKI, LADISLAS CZARTORYSKI, SÉVERIN GALEZOWSKI,

ALEXANDRE GUTTRY,

1863

NI PAIX COMPROMETTANTE NI GUERRE AVENTUREUSE

7 octobre 1863.

Le Constitutionnel nous apporte un avertissement signé... de M. Paulin Limayrac! La leçon nous est faite en ces termes sévèrement paternels:

« Il y a deux journaux à Paris qui, dans la question de Pologne, se sont placés aux deux pôles opposés: l'un veut la guerre à tout prix; l'autre LA PAIX A TOUT PRIX; l'un procède de la tradition révolutionnaire et l'avoue, c'est l'Opinion nationale; le second procède de la tradition doctrinaire, sans se l'avouer, c'est la Presse. La question de Pologne, répétons-le, est entrée, par le refus de la Russic, dans une phase nouvelle, dont le premier incident a été la déclaration faite par le comte Russell, touchant les traités de 1815. Sur ce TERRAIN NOUVEAU, le gouvernement français fera son devoir comme il l'a fait dans les négociations qui viennent de finir. Il ne s'arrêtera pas, comme M. de Girardin le lui conseille; il ne se précipitera pas, comme le demande M. Guéroult. Les excitations passionnées, de quelque part qu'elles viennent, ne le feront pas se méprendre sur ce qu'il doit au soin de son honneur, pas plus que sur ce qu'il doit aux grands intérêts de la paix. La France conservatrice n'a pas plus à redouter une guerre aventureuse sous le négociateur de Villafranca que la France libérale n'a à redouter une paix compromettante sous le vainqueur de Solferino..>

Ce que nous voulons, ce que nous avons toujours voulu, ce que nous poursuivons en 1863, ce que nous poursuivons depuis 1836, c'est la paix systématisée, succédant à la paix armée.

La paix systématisée exclut la paix à tout prix.

La paix à tout prix est une locution surannée qui appartient au vocabulaire des vieux partis antérieurs à l'ère du libre échange et des chemins de fer. C'est une locution qui n'a plus de sens.

Entre l'immobilité et le mouvement, nous ne connaissions pas d'état intermédiaire. Il paraîtrait que M. Paulin Limayrac en a découvert un. Nous l'en félicitons, mais nous n'en félicitons pas les malheureux Polonais, qui se font exterminer depuis sept mois que la diplomatie, échangeant dépêches contre dépêches, n'avance pas, ne recule pas, ne renonce pas...

Mais en quoi donc consiste le terrain nouveau dont parle M. Paulin Limayrac et dont, selon lui, on serait redevable au discours de lord John Russell? Ce terrain prétendu nouveau ne date pas de septembre 1863, il date de décembre 1846, et s'il appartient à quelqu'un, c'est d'abord à M. Guizot, et ensuite à lord Palmerston. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à compulser les archives du ministère des affaires étrangères.

Étrange chose! quand M. Paulin Limayrac, si docte qu'il soit, parle, nous trouvons que c'est M. Adolphe Guéroult qui a raison. En effet, si la France ne doit pas déclarer hautement qu'elle s'arrête afin d'arrêter la lutte et le carnage, ce qu'elle a de mieux à faire, c'est de se précipiter, comme le demande M. Guéroult et comme M. Limayrac trouve que M. Guéroult a tort de le demander.

Mais pourquoi la France se précipiterait-elle? Ne sait-elle pas qu'en effet sous le vainqueur de Solferino elle n'a point à redouter une paix compromettante? C'est précisément la raison sur laquelle nous nous fondons pour repousser une guerre aventureuse.

II

Nous prenons la liberté de mettre sous les yeux de M. Paulin Limayrac les trois extraits suivants :

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Dépêche diplomatique de M. Guizot au comte de Flahault,
Vienne, pour protester contre l'incorporation de Krakovie.

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» Le gouvernement du roi ne fait donc qu'user d'un droit évident et en même temps il accomplit un devoir impérieux en protestant

solennellement contre la suppression de la république de Krakovie, acte positivement contraire à la lettre comme au sens da traité de Vienne du 9 juin 1815. Après les longues et redoutables a itations qui ont si profondément ébranlé l'Europe, c'est par le respect des traités et de tous les droits qu'ils consacrent que l'ordre européen s'est fondé et se maintient. Aucune puissance ne peut s'en affranchir sans en affranchir en même temps toutes les autres. La France n'a pas donné l'exemple d'une semblable atteinte à la politique de conservation et de paix. La France n'a pas oublié quels douloureux sacrifices lui ont imposés ces traités de 1815. Elle pourrait se réjouir d'un acte qui l'autoriserait, par une juste réciĮ rocité, à ne consulter désormais que le calcul prévoyant de ses intérêts. Et c'est elle qui rappelle à l'observation fidèle de ces traités les puissances qui en ont recueilli les principaux avantages! C'est elle qui se préoccupe surtout du maintien des droits acquis et du respect de l'indépendance des États! >>

II.

- Dépêche diplomatique de lord Palmerston au vicomte Ponsomby à Vienne, pour protester contre l'incorporation de Krakovie.

« En addition aux arguments que Votre Excellence a reçu instruction d'opposer à la destruction proposée de l'indépendance de l'État de Krakovie et à son annexion à l'Autriche, j'invite Votre Excellence à signaler au gouvernement autrichien qu'une semblable mesure ne serait non-seulement pas justifiée par une impérieuse nécessité, et tout en violant le traité de Vienne, mais qu'elle occasionnerait le plus grand tort au commerce de l'Europe et qu'elle serait surtout préjudiciable aux intérêts commerciaux de la GrandeBretagne. Il doit être évident pour le gouvernement autrichien que le sentiment de l'atteinte portée aux intérêts matériels de ce pays tendrait incontestablement à augmenter la désapprobation de la nation anglaise par ce qu'elle considérerait injuste en soi-même et en désaccord avec les stipulations des traités. »>

III. - Dépêche diplomatique du prince de Metternich en réponse aux deux dépêches précédentes, adressée au comte d'Apponyi, ambassadeur à Paris, et au comte de Dietrichstein, ambassadeur à Londres.

Foreign Office, 7 décembre 1846.

» La mesure que S. M. l'empereur a prise, de concert avec LL. MM. l'empereur de Russie et le roi de Prusse, par rapport à Krakovie, l'a été dans le sentiment des droits qui compètent et des devoirs qui incombent à Sa Majesté Impériale:

>> De ses droits, parce que l'empereur, en faisant insérer le traité du 3 mai 1815 dans le recez général du congrès, n'a pas entendu céder à tous les cosignataires de cet acte un droit appartenant exclusivement aux parties contractantes du traité du 3 mai;

» De ses devoirs, — parce.que ceux que Sa Majesté avait à remplir envers les peuples confiés par la Providence à ses soins ne lui auraient pas permis de rétablir un corps politique qui, après avoir contrevenu pendant une longue série d'années aux conditions sur le respect desquelles son indépendance avait été fondée, a fini par sacrifier l'existence politique qui lui avait été donnée à des projets insurrectionnels, hostiles à tout ordre gouvernemental et social.

» L'empereur, tout en regrettant vivement qu'il y ait une différence d'opinion entre les cabinets anglais et français et les trois cours au sujet du point de droit dans cette question, ne s'en flatte pas moins que leurs vues se rencontrent dans la résolution commune à toutes les cours, d'observer et de faire observer scrupuleusement les traités dans le véritable sens de leur lettre et de leur esprit. »>

Que pense M. Paulin Limayrac de la dépêche de M. Guizot du 3 décembre 1846, comparée au discours de lord Russell du 28 septembre 1863? Que pense M. Paulin Limayrac de la réponse du prince de Metternich, comparée à la réponse du prince Gortchakoff?

M. Paulin Limayrac, comme c'est son usage, échapperat-il à la difficulté de la réponse par la majesté du silence? D'avance nous répondons oui.

III

On nous dit :

Avant la paix de Villafranca, avant le discours du 29 juillet 1859, il y avait eu Magenta et Solferino!

Nous répondons :

Oui sans doute; mais aussi il y avait eu un appel de l'empereur Napoléon III à tous les Italiens, des Alpes à l'Adriatique; le sang français avait abondamment coulé, sans parler de tout l'argent français qui avait été dépensé.

Le gouvernement français n'a pas fait d'appel aux Polonais pour qu'ils se soulevassent contre le gouvernement russe. Le sang des soldats français, qui avait coulé sur les bords du Tessin, n'a pas coulé sur les bords de la Vistule. L'empereur des Français, pour déclarer hautement qu'il renonce à une guerre où il n'aurait avec lui ni l'Angleterre

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