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>> armée combinée pour obliger le Portugal à >> se détacher de son alliance avec l'Angle» terre, et à céder jusqu'à la paix définitive >> aux troupes espagnoles et françaises, le » quart de son territoire >>

La guerre fut donc résolue; les corps de troupes françaises qui revenaient d'Italie, renforcèrent l'armée d'observation de la Gironde. Les ordres donnés par le premier Consul à son ministre de la guerre (et que nous avons compris dans le recueil de Pièces justificatives à la suite de ce volume), peuvent faire juger de l'activité avec laquelle il pressait cette nouvelle entreprise : il y employait sans efforts des moyens surabondans, une élite de soldats aguerris, impatiens de combattre et traversant joyeusement les Alpes, les Pyrénées, pour courir de nouveaux hasards. L'Espagne, au contraire, dont les finances et l'armée étaient également délabrées, manquait de soldats et d'approvisionnemens, et ne pouvait rassembler les 40,000 hommes qu'elle s'était obligée à mettre sur pied. Le prince de la Paix qui devait

repoussés des côtes de la Méditerranée et de l'Adriatique : ils flottaient sur le Tage en aussi grand nombre que sur la Tamise.

Malgré cet échange de faveurs, la balance penchait fortement du côté des Anglais; ils vendaient cher leur protection, et le pavillon portugais était insulté comme celui des autres nations, par l'exercice du prétendu droit de visite; mais ces humiliations que la nation supportait impatiemment, n'étaient pas assez vivement ressenties par le gouvernement, pour qu'il prêtat l'oreille aux insinuations du cabinet des Tuileries. Le premier Consul qui voulait les appuyer de toute l'influence de l'Espagne, ne négligea rien de ce qui pouvait la lui acquérir. Pendant qu'il flattait la cour, la rassurait sur ses vues ultérieures, et montrait son mépris pour les faibles restes du parti républicain, en élevant au trône de Toscane un prince de la maison de Bourbon, il faisait pratiquer, par son frère Lucien Bonaparte, ambassadeur à Madrid, le trop célèbre prince de la Paix le crédit de ce favori fortement

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attaqué, venait de se relever par l'éclatante disgrâce de son principal adversaire don Urquijo, qui, par ses talens et sa fermeté, s'était concilié l'estime publique. Le chevalier Azara, ambassadeur d'Espagne près du gouvernement français, accusa ce ministre de servir secrètement les intérêts de l'Angleterre; l'inquisition le dénonça comme fortement imbu de principes démocratiques et anti-religieux on prétendit aussi qu'il avait violé les lois sanitaires, et contribué à introduire le fléau de la fièvre jaune dans l'Andalousie, en dispensant de la quarautaine le vaisseau qui avait ramené l'intendant de la Havanne; enfin le bref du pape qui attribuait à don Urquijo la circulation d'écrits anti-catholiques, combla la mesure et décida sa perte.

Le nouveau triomphe du prince de la Paix fut celui du parti français; et ce fut aussi la première semence des calamités qui dans la suite accablèrent l'Espagne, et changèrent le cours des destinées de la France. Le favori ne s'arrêta point aux premières

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marches du trône, et s'élevant tout à coup au rang et au pouvoir des anciens maires du palais, il se fit nommer généralissime et consultador general. L'accueil distingué fait à l'ambassadeur de France fit assez voir quelles mains avaient préparé son élévation. Le roi répondant à Lucien Bonaparte s'exprima ainsi : « Le premier Consul >> peut compter sur ma loyauté, comme je >> compte sur la sienne, et chaque jour vous >> le prouvera davantage ». La reine ajouta : << Nous savons que le premier Consul a de » l'amitié pour nous, et nous le lui rendons >>> bien; il peut compter sur notre bienveil» lance, puisqu'il nous donne tant de preuves » de la sienne ».

Après s'être assuré de la cour d'Espagne par les négociations, il ne restait plus qu'à les appuyer par l'appareil de la force militaire; dès que le premier Consul eut reçu la nouvelle de la victoire d'Hohenlinden, et qu'il put en prévoir les conséquences, il pressa davantage la cour de Madrid; il flatta l'orgueil du prince de la Paix en fai

sant briller à ses yeux quelques rayons de gloire militaire, et lui présentant l'appât séduisant du rôle de conquérant et de pacificateur. Dès le 26 décembre 1800 des ordres furent expédiés pour la réunion à Bordeaux d'un corps d'observation, destiné à agir au-delà des Pyrénées: il était composé de sept régimens d'infanterie, deux divisions d'artillerie et cinq régimens de cavalerie; sa force totale était à peu près de 20,000 hommes; le général en chef, qui fut désigné plus tard, devait correspondre directement avec le ministre de la guerre, et avec l'ambassadeur de France à Madrid. Ces premières dispositions ne laissaient plus aucun doute sur le projet concerté avec l'Espagne, d'une entreprise contre le Portugal. L'alarme que devait causer une si formidable alliance y fut bientôt répandue; le premier Consul dut croire que le prince régent ne pouvant conjurer cet orage, et le voyant grossir aux approches de la paix. continentale, ne hasarderait pas d'attirer

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