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Hauteurs de Belleville, le 30 de mars.

Milord,

Après une brillante victoire, Dieu a livré aux souverains alliés la capitale de l'empire français, comme un juste châtiment des malheurs infligés à Moscou, à Vienne, à Madrid, à Berlin, et à Lisbonne, par le dévastateur de l'Europe.

Je ne puis vous donner ce moment que les détails trèsimparfaits des événemens de cette glorieuse journée, et solliciter l'indulgence de votre seigneurie.

L'armée de l'ennemi, commandée par Joseph Buonaparte, assisté des maréchaux Mortier et Marmont, occupoit avec sa droite les hauteurs de Fontenay, de Romain– ville et de Belleville; sa gauche étoit sur Montmartre; il avoit plusieurs redoutes dans le centre, et sur toute la ligne une immense artillerie de plus de cent cinquante pièces.

L'armée de Silésie eut ordre de se diriger sur Montmartre, Saint-Denis, et les villages de la Villette et de Pantin, pour attaquer cette position, tandis que la grande armée attaquoit la droite de l'ennemi sur les hauteurs cidessus mentionnées de Romainville et de Belleville. Le maréchal Blucher fit ses propres dispositions pour l'attaque dont il étoit chargé.

Le sixième corps, sous les ordres du général Reifsky, se porta de Bondy en trois colonnes d'attaque, soutenues par les gardes et les réserves, et quittant la grande route de Meaux, attaqua les hauteurs de Romainville et de

Belleville. Elles commandent de même que celles de Montmartre, le terrain entre deux qui est couvert de villages et de maisons de campagne; elles commandent aussi Paris et tout le pays à l'entour. La division du prince Eugène de Wirtemberg, du sixième corps, commença l'attaque, et avec le plus grand courage essuya pendant long-temps le feu meurtrier de l'artillerie, soutenue par les réserves de grenadiers. Son altesse sérénissime, après avoir essayé quelque perte, emporta les hauteurs de Romainville; l'ennemi se retira sur celles de Belleville qui sont en arrière. Le quatrième corps supporta cette attaque plus sur la droite, et eut ordre de son brave commandant, le prince royal de Wirtemberg, de se porter sur les hauteurs de Rosny et sur Charenton. Le troisième corps de l'armée étoit placé en échelon près de Neuilly en réserve, ainsi : que la cavalerie.

L'attaque de la grande armée avoit commencé un peu avant celle de l'armée de Silésie qui avoit été retardée par quelqu'accident; mais les généraux York et Kleist débouchèrent bientôt après près de Saint-Denis et d'Auberville, et là et à Pantin éprouvèrent une résistance très-opiniâtre. Son altesse royale le prince Guillaume de Prusse, avec sa brigade et les gardes prussiennes, se distingua d'une manière remarquable. La cavalerie de l'ennemie essaya de charger, mais fut repoussée d'une manière brillante par les régimens des hussards noirs et de Brandebourg. Une forte redoute et une batterie de l'ennemi dans le centre tinrent en échec le corps du général York pendant une partie de la journée, mais leur flanc étoit gagné par les hauteurs de Romainville, les pertes considérables que l'ennemi avoit éprouvées de tous côtés, et enfin une décon

fiture complète le réduisirent à la nécessité d'envoyer un parlementaire demander une cessation d'hostilités, abandonnant tout le terrain en dehors des barrières jusqu'à ce qu'on eût pris des arrangemens ultérieurs.

Les hauteurs de Montmartre, par la générosité d'un ennemi vaincu, devoient nous être remises, (celles de Romainville et de Belleville étant emportées) au moment où le corps du comte de Langeron alloit leur donner l'assaut, et qu'il occupoit déjà le reste de la montagne.

La division du comte Woronzow emporta le village de la Villette, en chargeant avec deux bataillons de chasseurs, prit douze pièces de canon, et fut aussi arrêté près de la barrière de Paris par le parlementaire.

Cependant da Majesté Impériale, le roi de Prusse et le prince de Schwarzenberg, par un sentiment d'humanité que l'Europe admirera, consentirent à écouter une proposition qui prévenoit le sac et la destruction de la capitale. Le comte de Parr, aide-de-camp du prince maréchal, et le comte Orloff, aide-de-camp de sa majesté l'empereur, furent envoyés pour régler la cessation d'hostilités; et le comte de Nesselrode, ministre de Sa Majesté Impériale, ce soir à quatre heures, quand la bataille a cessé, s'est rendu dans la ville.

On ne peut pas encore connoître les résultats de cette victoire; nous avons fait un grand nombre de prisonniers. On a déjà le rapport en marge des canons pris.

Notre perte a été assez considérable; mais nous avons du moins le consolant espoir, que les braves qui ont succombé, auront contribué à la chute du despotisme, et relevé l'étendard de l'Europe régénérée sous un juste équilibre, et sous le gouvernement des souverains légitimes

Je prends la liberté de vous envoyer mon aide-de-camp, le capitaine Haris, que je charge de cette dépêche, et qui m'a accompagné pendant toute la journée; il passera, j'espère, avec les cosaques, que le lieutenant-général comte Woronzow m'a donnés, et donnera verbalement à votre seigneurie les détails dans lesquels je ne puis entrer. Quand j'aurai reçu le rapport du colonel Lowe, je m'empresserai de vous le transmettre afin de vous faire connoître les détails ultérieurs de cette étonnante journée.

J'ai l'honneur d'être, etc.

CHARLES STEWART, lieut.-gén,

Bulletin russe sur l'attaque de Paris par les troupes

alliées.

Le 18 mars (30 mars n, st.) 1814,

Aujourd'hui, à 5 heures du matin, les troupes alliées de la grande armée et de celle de Silésie, arrivées la veillo devant Paris, firent une attaque décisive sur les forces que l'ennemi avoit réunies pour la défense de sa capitale. L'attention principale étoit dirigée sur les hauteurs de Belleville et du Montmartre, parce que la prise de ces points devoit ouvrir les portes de Paris.

Le général Rayefski amusoit l'ennemi aux villages de Pantin et de Belleville, par une attaque de front, en le tournant par le flanc droit avec la majeure partie de son corps. L'armée de Silésie devoit entourer le Montmarire. Les réserves russe et prussienne faisoient un mouvement vers le village de Pantin, pour soutenir, d'après les circonstances, l'attaque sur l'un ou l'autre des 'points prin

cipaux. Le corps d'armée du prince royal de Wirtemberg avec sa réserve, composée du corps autrichien du comte de Guioulay, avoit l'ordre d'occuper le bois de Vincennes, et d'observer le passage de Charenton. Le corps d'armée bavarois du maréchal comte de Wrède, avec le corps russe du baron de Sacken, restoit aux environs de Meaux, pour assurer le passage de la Marne, au cas où Napoléon prendroit sa direction sur Fère-Champenoise et Sézanne, comme on pouvoit présumer par son mouvement du 15 (27) mars, vers Vitry.

L'ennemi, ayant pour réserve la garde nationale de Paris, et ayant reçu dans la nuit un renfort considérable, tant par sa réunion avec les restes des corps des maréchaux Marmont et Mortier, et de plusieurs troupes arrivées en hâte de l'Espagne et de la France méridionale, que par les réserves des gardes et autres troupes restées à Paris et aux environs, résolut de faire une forte résistance aux alliés, hors de la ville, et de défendre, à cet effet, avec opiniatreté, les hauteurs qui assurent cette capitale.

Le général Rayefski, qui avoit laissé le prince Eugène de Wirtemberg avec le second corps, la quatorzième division d'infanterie et la deuxième division des cuirassiers, faisant sa réserve dans le village de Pantin, et vis-à-vis du bois situé entre Pantin et Romainville, s'avança lui-même sur le flanc droit de l'ennemi, avec la cinquième division d'infanterie et toute la cavalerie de son corps, par ce dernier village: l'ennemi alors prit l'offensive contre les troisième et quatrième divisions d'infanterie, pour soutenir les hauteurs de Romainville et Pantin: il fit occuper par ses tirailleurs le bois et les maisons avancées de Pantin, et appuya toute son infanterie par une artillerie très-favo

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