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PARI S.

On assure que presque tous les ambassadeurs étrangers ont déja reçu de leurs souverains respectifs leurs nouvelles lettres de créance auprès de S. M. I., et il n'est pas douteux que les autres ne les reçoivent bien:ô). (J. de Paris).

-Os apprend de Berlin qu'il y est pas é un courrier français qui se rend à Pétersbourg; on le ait chargé de depêches pour l'ambassadeur fra: çais, le général Hésouville, depres lesquelles on croit que cet ambassadeur quittera pour quelque temps, par congé, cette résidence, en y laissaut un chargé d'affaires.

La procédure de la conjuration touche à son terme. On pense que le jugement pourra être reudu du 20 au 21. Le général Moreau a prononcé, le 16, le discours suivant, qui contient le plan de sa défense, qu'a ensuite développce M. Bonnet.

« Messieurs, en me présentant devant vous, je demande à être entendu un instant moi-même. Ma confiance dans les défenseurs que j'ai choisis, est entière: je leur ai livré sans réserve le soin de défenure mon innocence: ce n'est que par leur voix que je veux parler à la justice; mais je sens le besoin de parler 1991-mème, et à vous, et à la nation.

>> Des circonstances malheureuses produites par le hasard, ou préparées par la haine, peuvent obscurcir quelques instans de la vie au plus honnête homme; avec beaucoup d'adresse, un criminel peut éloigner de lui et les soupçons et les preuves de ses crimes; une vie entière est toujours le plus sûr témoignage conte ou en faveur d'un accusé. C'est donc ma vie entière que j'oppose aux accusateurs qui me poursuivent. Elle a été assez publique pour être connue. Je n'en rappellerai que quelques époques, et les témoins que j invoquerai sont le peuple français, et les peuples que la France a vaincus.

J'étais voué à l'étude des lois au commencement de cette révolution qui devait fonder la liberté du peuple français. Elle changea la destination de ma vie; je la vouai aux armes, je n'allai pas me placer parmi les soldats de la liberté par ambition; j'embrassai l'état militaire por respect pour les droits des nations; je devius guerrier, parce que j'étais citoyen.

» Je portai ce caractère sous les drapeaux, je l'y ai toujours conservé; plus j'aimais la liberté, plus je fus soumis à la discipline.

» J'avançai assez rapidement, mais toujours de grade en grade, et sans en franchir aucun, toujours en servant la patrie, jamais en flattant les comités. Parvenu au commandement en chef, forsque la victoire nous faisait avancer au milieu des nations ennemies, je ne m'appliquai pas moins à leur faire respecter le caractère du peuple français, qu'à leur faire redouter ses armes. La guerre sous n.cs ordres ne fut un fléau que sur les champs de bataille. Du milieu mème de leurs campagnes ravagées, plus d'une fois les nations et les puissances ennemies m'ont rendu ce témoignage. Cette conduite, je la crovais aussi propre que nos victoires à faire des conquêtes à la France. Dans les temps même où les maximes contraires sembloient pré

valoir dans les comités de gouvernement, cette conduite ne suscita con re moi ni calomnie ni persécution. Aucun nuage ne s'éleva jamais autour de ce que j'avais acquis de gloire militaire, jusqu'à cette trop fameuse journée du 18 fructidor: ceux qui firent éclater cette journée avec taut de rapidité, me repprechèrent d'avoir été trop lent à dénoncer un homme dans lequel je ne pouvais voir qu'un frère d'armes, jusqu'au moment où l'évidence des faits et des preuves me ferait voir qui étoit accusé par la vérité et non par d'injustes soupe ns. Le directoire, qui seul connoissait assez bien les circonstances de ma conduite pour le bien juger, et qui, on ne l'ignore point, ne pouvait pas être disposé à me juger avec indulgence, déclara hautement combien, il me trouvait irréprochable; il me donna de l'emploi : le poste n'était pas brillant; il ne turda pas à le devenir.

» Jose croire que la nation n'a point oublié combien je m'en montra digne; elle n'a point oublié avec quel dévouement facile on me vit combattre en italie dans des postes subordonnés; elle n'a point oublié comment je fus reporté au commandement en chef par les revers de nos armées, et renommé général en quelque sorte par nos malneurs; elle se souvient comment deux fois je recomposai l'arniée des débris de celles qui avaient été dispersées, et comment, après l'avoir remise deux fois en état de tenir tête aux Russes et à l'Autriche, j'en dép sai deux fois le commandement pour en prendre un d'une plus, grande confiance.

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» Je n'étais pas, à cette époque de ma vie, plus républicain que dans toutes les autres: je le parus davant ge. Je vis se porter sur moi, d'une manière plus particulière, les regards et la confiance de ceux qui étaient en possession d'imprimer de nouveaux mouvemens et c'est un fait de nouvelles directions à la république. On me proposa, connu, de me mettre à la tête d'une journée à-peu-près semblable à celle du 18 brnnaire. Mon ambition, si j'en avais eu beaucoup, pouvait facilement se couvrir de toutes les apparences, ou s'honorer même de tous les sentimens de l'amour de la patrie. La proposition m'était faite par de, hommes célèbres dans la révolution leur patriotisme, et dans nos as-embićes nationales par leurs talens; je la refusai. Je me croyais fait pour commander aux armées, et ne voulais point commander à la république. C'était assez bien prouver, ce me semble, que si j'avais une ambition, ce n'était point celle de l'au- torité ou de la puissance: bientôt après je le prouvai mieux encore. Le 18 brumaire arriva, et j'étais à Paris. Cette révolution, provoquée par d'autres que par moi, ne pouvait alarmer ma conscience. Dirigée par un homme environné d'une grande gioire, elle pouvait me faire espérer d'heureux résultats. J'y entrai pour la seconde fois, tandis que d'autres portis me pressaient de me mettre à leur tête pour la combattre. Je reçus dans Paris les ordres du général Bonaparte. En les faisant exécuter, je concouros à l'élever à ce haut degré de puissance que les circonstances rendaient nécessaire. Lorsque, quelque temps après, il m'offrit le com mandement en chef de l'armée du Rhin, je l'acceptai de lui avec autant de dévouement que des mains de la république elle-même. Janis mes succès militaires ne furent plus rapides, plus nombreux, plus décisits qu'à cette époque, où leur éclat se répandait sur le gouverne ment qui maccuse. Au retour de tant de succès, dont le plas grand de tous était d'avoir assuré, d'une manière efficace, la paix an coctiuent, le soldat entendait les cris éclatansde la reconno:s-ance nationale. Quel moment pour conspirer, si un tel dessein avoit pu jamais entrer dans mon amie! On connaît le dévouement des armées pour les chefs qu'elles aiment, et qui viennent de les faire marcher de victoire en victoire : un ambitieux, un conspirateur, aurait-il laissé

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échapper l'ocasion où, à la tête d'une armé de cent m'l'e hommes, tant de fois triomphante, il rentrait au milieu d'un- ation encore agitée, et toujours inquiète pour ses principes et pon leur durée ?

Je ne ongeai qu'à licencier l'armée, et je rentrai dans le repos de la vie civile. Dans ce repos qui n'était pas sans gloire, je je uis-ais sans donte de mes honneurs, de ces honneurs qu'il n'est pas dans la puissance humaine de m'arracher, du souvenir de mes actions, du.... témoignage de ma conscience, de l'estie de mes compatriotes et des étrangers, et, s'il faut le dire, du flatteur et doux pressentiment de la postérité.

» Je jouissais d'une fortune qui n'etait grande que parce que mes desirs n'étaient pas immenses, et qui ne faisait aucun reproche à ma conscience. Je jouissais de mon traitement de retraite. Surement j'étais content de mon sort, moi qui jamais n'enviai le sort de personne. Ma famille et des amis d'autant plus précieux que, n'ayant plus rien à espérer de mon rédit et de ma fortune, Is ne pouvaient rester attachés qu'à moi seul; tous ces biens, les seuls auxquels j'aie pu jamais attacher un grand prix, remplissaieut non ame toute entière, et ne pouvaient plus y laisser entrer ni un vou, ni une ambition se serait-elle ouverte à des projets criminels?

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» Elle était si bien connse cette situation de mon ame, elle était si bien garantie par l'éloignement où je me trouvais de toutes les routes de l'ambition, que depuis la victoire de Hohenlinden jusqu'à mon arrestation, mes ennemis n ont jamais pu me trouver, ni me chercher d'antre crime que la liberté de ines dicones: mes discours!.... ils ont été souvent favorables aux opérations do gouvernement, et si quelque fois ils ne l'ont pas été, pouvais-je donc croire que cette liberté fut un crime chez un peuple qui avait tant de fois décrété cole de la persée, celle de la parole, celle de la presse, et qui en avait beaucoup joni sous les rois mėшe.

» Je le c nfesse, né avec une grande franchise de caractère, je n'ai pu perdre cet attribut de la contrée de la France où j'a reçu le jour, nidas les camps, où tout lui donne un nouvel essor, in dans la révolution qui l'a toujours proc amé comme une vertu de l'homme et comme un devoir du citoyen. Mais ce x qui conspirent blâment-ils si hautement ce qu'ils n'approuvent pas ? Tent de franchise ne se concilie guères avec les mystères et les attentats de la politique. Si j'avais voulu concevoir et suivre les plans de conspiration, j'aurais di simulé mes sentin ens et sollicité tous les emplois qui m'aurrient replacé au milieu des forces de la nation. Pour me tracer cette marche, au defant d'un génie politique que je n'eus jainais, j'avais des exemples sus de tont le monde, et rendus imposans par des su cès. Je savais bien peutêtre que Monck ne s'était pas éloigné des armées lorsqu il avait voulu conspirer, et que Cassius et Brutus s'étaient approchés du cœur.de César pour le percer.

» Magistrals, je n'ai plus rien à vous dire. Tel a été men caractère, telle a été ma vie entière. Je proteste à la face du ciel et des hommes de l'innocence et de l'intégrité de maconduite: vous savez vos devoirs, la France vous écoute, l'Europe vous contemple, et la postérité vous attend. »

M. Bonnet avait annoncé que le grand-jage avait pro mis au général Moreau la communication des charges existantes contre lui; le grand juge a authentiquement démenti cette assertion, dans une lettre adressée à M. le procureur-général impérial en la cour de justice criminelle.

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