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l'Europe cesserait d'avoir pour elle cette estime et cette considération que lui a acquises son alliance avec la France. Si elle s'unissait avec l'Autriche, elle serait battue, et la puissance de la France deviendrait colossale. Ne l'a-t-elle pas été, battue, en Suisse, en Hollande? Et quand Souvarof arrivait, notre armée n'était-elle pas au delà de l'Adda? Écrivez dans ce sens; faites des bulletins dans ce sens, et commentez beaucoup la campagne de l'an VII.

Archives de l'Empire.

NAPOLÉON.

7910. A M. TALLEYRAND.

Calais, 19 thermidor an XII (7 août 1804). Monsieur Talleyrand, Ministre des relations extérieures, j'ai nommé M. Champagny au ministère de l'intérieur. L'ambassade de Vienne devient par là vacante. Je désire que vous me proposicz les personnes que vous croyez propres à remplir ce poste important. Comme ce ministre est nécessaire à Paris, vous lui enverrez ses lettres de récréance. Vous pouvez en faire part à M. de Cobenzl, qui est à Paris; à cette occasion, vous lui ferez sentir qu'il y aurait de l'inconvenance que l'Empereur nommat un successeur à M. Champagny, si la cour de Vienne ne lui envoie pas en même temps ses lettres de créance.

Archives des affaires étrangères. (En minute aux Arch, de l'Emp.)

NAPOLÉON.

7911. AU MARECHAL BERTHIER.

Dunkerque, 19 thermidor an XII (7 août 1804). Mon Cousin, mon intention est que vous écriviez au général Bernadotte pour qu'il fasse rappeler de Ratisbonne M. de Reden, et que, si cette personne ne revient pas en Hanovre, ses biens soient confisqués. Il convient que les États sachent mon mécontentement de la conduite de M. de Reden à Ratisbonne. Ils diront qu'ils n'y peuvent rien; mais il ne faut tenir nul compte d'une pareille réponse. Vous recommanderez au maréchal Bernadotte de se faire donner tout l'argent qui est nécessaire pour les besoins de l'armée. Les Hanovriens sont habiles à se prévaloir de fausses apparences. Ils fournissent secrètement de l'argent à leur armée, dont une partie a déjà filé en Angleterre.

Archives de l'Empire.

1 Commandant en chef l'armée du Hanovre.

NAPOLÉON.

7912. AU MARECHAL BERTHIER.

Dunkerque, 20 thermidor an XII (8 août 1804). Mon Cousin, il est de la plus grande importance de faire une circulaire aux généraux commandant les conseils de recrutement, pour leur faire sentir le préjudice qu'éprouve l'État des conscrits malingres et inhabiles au service militaire qu'ils envoient. Un grand nombre est invalide et ruine le trésor public sans aucun avantage. Il serait nécessaire aussi de faire passer sur-le-champ l'inspection aux revues. NAPOLÉON.

Archives de l'Empire.

7913. A M. CAMBACÉRÈS.

-

Dunkerque, 22 thermidor an XII (10 août 1804). Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 21 thermidor. Je n'ai pu qu'être vivement peiné de l'explication que vous me donnez. Les règles ne sont pas suivies. Je suppose que le ministre du trésor public n'est pas à Paris; faites venir son premier commis et demandezlui des éclaircissements. Les obligations, à peine signées par le ministre des finances, doivent être mises dans le grand portefeuille, d'où elles ne peuvent sortir que par un arrêté. Je n'ai autorisé aucune sortie d'obligations de l'an XIII. Faites connaître, je vous prie, que les obligations échues qui sont sur la place soient sur-le-champ retirées. C'est vouloir discréditer le trésor public que d'en émettre de cette époque. Non-seulement elles ne sont pas en dépôt, mais elles sont même négociées. Je connais des personnes qui en ont acheté. Je crains fort que notre trésor ne soit dans une fausse direction. Continuez à prendre des éclaircissements sur cet objet. Comment arrive-t-il que ces obligations, si elles n'ont été mises qu'en dépôt, soient négociées et vendues sur la place? Dites au trésor public qu'aucune ne doit sortir du portefeuille que par mon ordre. Je ne condamne pas le ministre du trésor public; il est trop ami des règles pour avoir permis que des obligations de l'an XIV sortissent du portefeuille. Cependant Maret m'assure que je n'ai rien signé de relatif à cela.

Comm. par M. le duc de Cambacérès.

(En minute aux Arch. de l'Emp.)

NAPOLEON.

7914. A M. CAMBACÉRÈS.

Dunkerque, 22 thermidor an XII (10 août 1804).

Mon Cousin, je compte partir cette nuit pour Ostende. J'ai passé

la journée à faire manœuvrer les troupes. Veillez à ce que tout ce qui est relatif au couronnement marche. Je me porte fort bien, quoiqu'on s'obstine à Paris à me faire malade. Je ne conçois pas comment il n'est pas possible à la police d'arrêter quelques-uns de ces colporteurs de mauvaises nouvelles, qui évidemment sont poussés par les Anglais.

Comm. par M. le duc de Cambacérès.

(Ea minute aux Arch. de l'Emp.)

NAPOLÉON.

7915. A M. GAUDIN.

Dunkerque, 22 thermidor an XII (10 août 1804).

Vous trouverez ci-joint une note qui m'est envoyée de la caisse d'amortissement; sur l'avis que j'ai eu que des obligations de l'an XIV se négociaient sur la place, j'avais fait connaître qu'on m'en achetat. Expliquez-moi comment cela arrive. Je désirerais aussi que, remplissant votre ministère avec exactitude, vous m'envoyassiez des bulletins, au moins deux fois la semaine, de ce qui se fait à la Bourse. J'apprends tout par les autres et rien par vous. Cependant, vivant avec des hommes de finance, ces choses ne peuvent être ignorées de vous.

Archives de l'Empire.

NAPOLÉON.

7916. A M. FOUCHE.

Dunkerque, 22 thermidor an XII (10 août 1804).

Monsieur Fouché, faites arrêter la femme Bernet, femme Montagne, si c'est une émigrée qui fait des voyages de Paris à Saint Pétersbourg. Faites informer sur l'évasion de Bourmont et de d'Andigné; le commandant du fort paraîtrait compromis. Faites mettre le séquestre sur les biens des deux. La conduite de Moreau, qui s'est embarqué à Barcelone, prouve ce que j'en avais toujours pensé, qu'il lèvera le masque et passera en droite ligne chez nos ennemis. Un nommé Montaut, demeurant à Paris, rue Saint-Dominique, n° 942, vend son crédit près les bureaux de la guerre. Un Piémontais a obtenu par son crédit une retraite de 4,000 francs en lui payant tant pour cent. Faites suivre cet homme, et voyez à découvrir ce foyer de corruption.

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Dunkerque, 22 thermidor an XII (10 août 1804). Monsieur Talleyrand, Ministre des relations extérieures, je vous renvoie le portefeuille, dans lequel je ne vois rien d'important. Il serait peut-être à propos de faire ressortir l'immoralité de la cour de Pétersbourg, où l'empereur donne des marques de considération si extraordinaires et si inusitées au meurtrier de son père.

L'ambassadeur Cobenzl à Paris est un homme très-faux, trèsacharné à peindre tout ce qui se fait ici sous les plus odieuses couleurs. Il paraît avoir bien l'esprit faux de sa cour. Je crois nécessaire de vous dire cela, afin que vous vous en méfiiez dans vos communications avec lui, et que vous ne soyez pas plus longtemps dupe de sa prétendue bonhomie.

Je ne pense pas qu'il soit utile de tarder plus longtemps de répondre à la Russie; il vaut mieux voir de suite à quoi elle en veut venir. Voici comme je pense qu'il faudrait répondre à M. d'Oubril; vous m'enverrez la note que vous rédigerez en conséquence, afin que je la voie avant que vous la remettiez :

«Le soussigné, ministre des relations extérieures, a mis sous les yeux de l'Empereur la note de M. d'Oubril, chargé d'affaires de Russie. Sa Majesté m'a ordonné de déclarer qu'elle voulait qu'il ne fût porté aucune attention aux injures dont cette note est remplie ; qu'elle avait depuis six mois vu avec peine que les notes du cabinet de Saint-Pétersbourg portaient toutes le même caractère; que, lorsque dans des relations aussi importantes on emploie un style si inconvenant, le blame en est tout entier au cabinet qui s'en sert. Sa Majesté l'Empereur des Français, depuis le moment où elle renvoya les prisonniers russes, n'a pas perdu une occasion de donner une preuve de déférence, d'estime et de considération au souverain de la Russie; en échange, elle n'en a reçu que de mauvais offices. Tous ceux qui voulaient troubler la tranquillité de l'intérieur de la France, tous les individus que le cabinet de Saint-Pétersbourg avait employés en temps de guerre contre la France, l'ont été avec plus d'ostentation depuis la paix; et, dans les détails des affaires, on n'a oublié aucune occasion de montrer à la France de la haine. Lorsqu'on a porté à Saint-Pétersbourg le deuil d'un homme condamné à mort. pour avoir conspiré contre la France, Sa Majesté ne s'en est pas plainte; on a poussé l'inconvenance jusqu'à le faire porter en Espagne, à Vienne, même en Hollande. On l'eût fait porter par la légation russe à Paris, que Sa Majesté avait ordonné qu'on n'y fit aucune

AN XII (1804). attention. Mais par là la Russie n'a fait tort qu'à elle. Si elle reconnaît le comte de Lille pour souverain de la France, pourquoi a-t-elle fait des traités et eu des communications immédiates avec le Gouvernement français? Cette observation n'a échappé à personne en Europe. La Russie est maîtresse de se conduire avec le raisonnement et la conséquence qu'elle veut. La déclaration brusque et inattendue faite à la diète de Ratisbonne n'a point excité les plaintes de la France; elle a porté la modération jusqu'à vouloir l'ignorer. Cependant, quel paraît être le but de cette déclaration? La cour de Saint-Pétersbourg voulait-elle effectivement avoir des informations? Que ne les demandait-elle directement? Voulait-elle faire voir qu'elle n'avait pour la France aucune considération? L'Europe, depuis l'affaire d'Entraigues et la conduite de Markof à Paris, n'en doutait plus. Voulait-elle faire sentir qu'éloignée du théâtre de la guerre, elle pouvait rester tranquille au milieu de l'incendie de l'Europe et être maîtresse de s'en mêler ou non? L'Europe en est persuadée et pensera que la Russie verrait avec plaisir la guerre se rallumer sur le continent, sûre qu'elle n'y prendra que la part qu'elle voudra, se retirera ou s'avancera comme il lui plaira, et exercera sa prépondérance sur la ruine des autres États. L'Empereur n'est pas assez dépourvu de sens pour ne pas comprendre combien cette politique serait avantageuse à la Russie et défavorable et ruineuse pour lui,

» La précédente note que M. d'Oubril a remise a été imprimée dans les gazettes. L'Empereur des Français pourrait en faire de mème de sa réponse; il n'a pas cru de son devoir ni de son intérêt d'exciter la guerre du continent, ni d'insulter à qui que ce soit.

» Quant aux menaces contenues dans la dernière note de M. d'Oubril, Sa Majesté l'Empereur m'a ordonné de déclarer que l'histoire du passé n'a autorisé aucune puissance, et la Russie pas plus qu'une autre, à menacer la France; que si le général Souvarof obtint des succès en Italie, l'armée autrichienne en avait déjà obtenu avant qu'il arrivàt; et que si son armée, au lieu d'avoir été défaite en Suisse et en Hollande, avait continué à être victorieuse et eût dicté la paix au milieu des plaines de la Champagne et de la Lorraine, les menaces n'eussent pas plus réussi avec la France. Il faut que la Russie sache bien que l'Empereur des Français n'est ni l'empereur des Turcs ni l'empereur des Persans. Si donc la Russie peut faire la guerre à la France parce que telle est sa volonté, si son système est d'humilier la France et de l'obliger à reconnaître dans ses ambassadeurs le droit de protéger à Paris des sujets rebelles ou le nouveau droit public de naturaliser les Français qui lui conviennent, l'Empereur des Français

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