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vorables, le colonel Dietz, faisant les fonctions de briga dier, fit, avec promptitude et sang-froid, des dispositions que ses troupes exécutèrent parfaitement. Par divers mouvemens, il réussit à tromper l'ennemi sur son véritable dessein, jusqu'à ce qu'il pût saisir le moment favorable pour tomber sur lui tout d'un coup de tous côtés, et avec toutes ses divisions éparses. Il mit en déroute la cavalerie ennemie, rompit les carrés d'infanterie, et força les batteries, auxquelles il prit seize canons, avec plusieurs chariots de munitions attelés. Étonné de la promptitude et de l'accord de sa manoeuvre, et mis complètement en déroute, l'ennemi se retira avec précipitation, et quoiqu'il tentât plusieurs fois de prendre poste encore une fois, on le poursuivit jusqu'à la nuit tombante.

Pendant que ces événemens se passèrent sur l'aile gauche de l'armée bavaro-autrichienne, le général Wrede fit aussi attaquer de deux côtés le village de Morvilliers. Le maréchal Marmont, duc de Raguse, l'avoit occupé; mais, sans attendre l'attaque à la baïonnette qui alloit être dirigée sur lui, il se retira, par la route qui conduit de Morvilliers à Brienne, jusqu'à l'entrée d'un bois, où il prit une seconde position.

Le feld-maréchal lieutenant baron de Spleny suivit l'ennemi à travers le village, au-delà duquel il forma sa ligne; ensuite il avança rapidement vers la forêt, força l'ennemi de quitter aussi cette seconde position, s'empara de la forêt, et se plaça au-delà.

Sur ces entrefaites, le feld-maréchal Blucher étoit arrivé à Dienville, et S. A. le prince royal de Wurtemberg, à la hauteur de l'aile gauche de l'armée bavaro-autrichienne, et de la droite du feld-maréchal. La nuit mit fin au combat;

les armées alliées la passèrent en cette position, ayant derrière elles le champ de bataille.

L'ennemi a souffert, dans cette journée, une perte considérable. L'empereur des Français lui-même a été en danger d'être fait prisonnier par les chevau-légers.

Le 2 février, avant le jour, l'ennemi retira son infanterie de Brienne, n'y laissant qu'une forte arrière-garde de cavalerie et d'artillerie. L'infanterie marcha sur la grande route de Paris à travers le village de Lesmont. Par un mouvement combiné avec le corps du prince royal de Wurtemberg, le général Wrede attaqua l'arrière-garde, la chassa de Brienne, s'empara de cette ville, et poursuivit l'ennemi jusqu'à Lesmont où celui-ci détruisit le pont sur l'Aube, essayant de former une ligne au-delà de la rivière.

Dans la nuit même le corps du maréchal duc de Raguse s'étoit éloigné du front du feld-maréchal lieutenant Spleny, et, par un mouvement latéral, s'étoit rendu sur la route de Vitry et Mézières. Pendant que l'armée bavaro-autrichienne marchoit en avant sur Lesmont, le maréchal Marmont manoeuvroit sur son flanc droit qu'il menaça par la position qu'il prit; cette position pouvoit même mettre en danger le derrière de l'armée alliée, si elle avoit continué de se porter en avant.

.: Cette circonstance engagea le comte de Wrede à quitter la route de Lesmont pour manoeuvrer contre le corps d'armée du général français. Celui-ci avoit occupé le village de Rosnay, sur les hauteurs duquel étoit placée sa principale force; il avoit devant lui un terrain marécageux presque inondé pa rles débordemens de la Voire; il avoit coupé le pont, et obtenu ainsi une position excellente, choisie par l'empereur lui-même, qui, à ce que dirent les

paysans, s'étoit transporté la veille sur les lieux, et avoit fait toutes ces dispositions.

Tous ces obstacles rendirent extraordinairement diffi. cile l'attaque qui fut dirigée contre le maréchal. Déjà plu. sieurs tentatives avoient été infructueuses; la glace trop foible rompoit sous les pieds des soldats, qui souvent enfoncèrent jusqu'aux flancs. Les armes et les munitions étoient mouillées; on ne put avancer que sur la route même,

Dans cet état de choses, le général comte de Wrede résolut de prendre d'assaut la position de l'ennemi. On avança au pas de charge, on surmonta tous les obstacles qu'opposèrent le terrain difficile et la défense opimâtre de l'ennemi; tout en combattant on s'empara d'un pont sur le ruisseau qui traverse Rosnay en deux bras; on avoit déjà pris la moitié du village lorsqu'on fut arrêté par le second bras dont le pont avoit été rompu. L'ennemi se plaça en masse au-delà du ruisseau, et, placé dans l'église et les maisons où l'on avoit pratiqué des meurtrières, il entretint un feu bien nourri.

Quoiqu'on ne pût, dans ces conjonctures, avancer pour le moment, cependant, vers quatre heures du soir, la cavalerie ayant trouvé un endroit guéable, on réussit à chasser l'ennemi des bords du ruisseau; le dixième bataillon national passa le pont qu'on avoit rétabli par le moyen d'une seule planche, et l'ennemi fut entièrement expulsé du village.

Satisfait de lui avoir fait quitter une position regardée comme inexpugnable, le comte de Wrede ne le poursuivit pas; son plan l'appeloit à Arcis. Pour y arriver, il fallut retourner par le même chemin à Brienne, où il coucha;

mais comme le pont de Lesmont, que l'ennemi avoit détruit, n'eût pu être rétabli encore malgré tous les efforts qu'on avoit faits pour cela, les mouvemens du général Wrede furent retardés de vingt-quatre heures. D'après des avis certains, l'empereur Napoléon s'est retiré vers Troyes, où les armées alliées le suivent.

Si les combats des 1er et 2 février ne peuvent être cités dans les annales de l'histoire comme des batailles du premier ordre, ils n'en ont été ni moins décisifs ni moins mémorables. Ce fut, après le 29 janvier, pour la première fois, que l'empereur Napoléon combattit en personne les alliés sur le territoire français : le courage avec lequel ses troupes se battirent, les efforts qu'elles firent, les dangers. auxquels il s'exposa en personne, montrent quelle importance il attachoit à obtenir la victoire dans cette première affaire; il a fallu emporter d'assaut chaque village, chaque buisson; il a fallu acheter avec du sang chaque pied de terre: mais le courage et l'enthousiasme des troupes alliées vainquirent tous les obstacles, et ajoutèrent de nouveaux triomphes à ceux qui avoient dejà illustré la justice de leur cause (1).

(1) Postérieurement à ce rapport, on a annoncé officiellement, dans les feuilles allemandes, que les alliés avoient pris, dans les combats des 31 janvier et premier février, près de deux cents canons, et fait vingt-huit mille prisonniers. La perte des alliés fut estimée à six mille hommes; on ne dit pas à combien se montoit le nombre des Français qui avoient été tués,

Rapport de S. A. le prince royal de Wurtemberg sur la bataille de Brienne, adressé au feld-maréchal général prince de Schwartzenberg, et daté de la Giberie, le 1er février 1814.

Conformément aux ordres que j'avois reçus de partir à midi d'Eclame, pour marcher avec le quatrième corps d'armée sur Chaumenil, et y opérer ma jonction avec le général Wrede, je fis attaquer, par le général Stokmaier,' la forêt qui est à la droite d'Eclame, et qui étoit occupée par quelques bataillons ennemis. Ce général exécuta cette commission avec une telle promptitude et une telle vigueur, qu'en moins d'une demi-heure il s'étoit frayé un chemin à travers la forêt; il força l'ennemi, qui s'étoit porté sur la hauteur boisée à la gauche d'Eclame, à se retirer précipitamment vers la Giberie. Ce village et le coteau qui étoit en avant étoient garnis par plusieurs régimens d'infanterie et de cavalerie ennemis. Le mauvais chemin ne permit pas de faire avancer l'artillerie avec célérité. Néanmoins j'ordonnai à un régiment de cavalerie soutenu de deux bataillons d'infanterie légère, de marcher vers le coteau qui étoit devant nous. La cavalerie ennemie disparut subitement, et le colonel de Gaisbey attaqua à l'instant même l'infanterie qui sortoit de la forêt, et lui prit trente hommes; mais il ne put la poursuivre plus loin, parce qu'elle étoit déjà trop près du village.

Je fis alors attaquer le village de la Giberie par le général Stockmaier. La situation extrêmement avantageuse de ce lieu facilita à l'ennemi une résistance opiniàtre; mais

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