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raissait sur la scène politique après vingt années d'une honorable retraite : les voix se partagèrent pour la présidence entre lui et Lanjuinais; ce fut Lanjuinais, l'orateur le plus hostile au gouvernement impérial, qui l'obtint. Les mesures militaires absorbaient alors les pensées de Napoléon la nation était délivrée de la guerre civile; le duc d'Angoulême, arrêté, après quelques succès, au PontSaint-Esprit, avait capitulé; puis, fait prisonnier par des paysans, il fut remis en liberté sur l'ordre de l'empereur, et quitta la France: la Vendée elle-même, contenue par les mesures fermes et conciliantes du général Lamarque, déposait les armes. Mais l'Europe s'avançait menaçante; les Anglais sous Wellington, les Prussiens sous Blücher occupaient la Belgique; un enthousiasme frénétique pour la liberté animait contre Bonaparte les universités allemandes; à leur voix toute l'Allemagne se soulevait, et derrière elle s'ébranlaient déjà les colonnes russes et les hordes de la Tartarie.

Napoléon fait de nouveau surgir en peu de jours une armée formidable du sol de la France. Il peut compter trois cent mille combattants; sur ce nombre, cent dix mille sont dirigés sur la Belgique. Le 12 juin il part lui-même pour son armée; il va combattre Wellington et Blücher, qui réunissaient chacun quatre-vingt-dix mille hommes sous leurs drapeaux. Son espoir est de les battre séparément et de les exterminer, pour faire face ensuite à l'Autriche et à la Russie. Le 16 une bataille sanglante s'engage auBataille tour du village de Ligny, dans les plaines de Fleurus, touFleurus. jours glorieuses pour nos armes. Les Prussiens sont battus,

de

1815.

et perdent vingt-deux mille hommes. Napoléon, vainqueur, se porte, avec soixante-dix mille soldats seulement, au-devant des forces anglaises, hollandaises et ha

de Wa

terloo ou Saint

du mont

Jean. 18 juin

1815.

novriennes, et les rencontre à Waterloo. Grouchy, à la tête de trente-trois mille hommes, contiendra les troupes battues de Blücher, et empêchera leur jonction avec l'armée de Wellington. Le 18 juin, à onze heures du matin, l'action s'engage : le sort du monde était jeté sur le champ Bataille de bataille. Pendant plusieurs heures l'avantage est aux Français; déjà l'ennemi songe à la retraite; vers six heures Napoléon ordonne une charge formidable, et les Anglais fléchissent; mais l'arrivée de Grouchy ou celle de Blücher décidera la victoire. Tout à coup un corps nombreux se montre au loin, sur le flanc droit de l'armée française ; des deux côtés on s'informe avec anxiété; on espère: Wellington reprend confiance; maintenant il est sûr de vaincre, il a reconnu les Prussiens; Blücher a trompé Grouchy : c'en est fait, la déroute des nôtres est complète, immense, et le carnage horrible : deux cents pièces de canon et un matériel considérable tombent au pouvoir de l'ennemi. L'honneur français du moins demeure intact dans cette journée funeste, où, sommés de mettre bas les armes, quelques bataillons mutilés de la vieille garde répondent par ce cri héroïque : La garde meurt, et ne se rend pas. Napoléon, égaré, hors de lui-même, au milieu de cette immense catastrophe, présente sa poitrine aux balles et aux boulets. Il ne peut mourir; pour la seconde fois, la mort ne veut pas de lui: alors, se séparant des débris de son armée, il revient à Paris, pour annoncer lui-même aux deux chambres le désastre de Waterloo et pour concerter avec elles la défense du territoire.

Déjà les sinistres nouvelles de la journée du 18 juin circulaient dans Paris lorsque Napoléon arrivait au palais de l'Élysée; et, tandis qu'il tient conseil avec ses frères et ses ministres, la chambre élective ouvre la séance.

tions de

représen

hostiles à

reur.

L'attitude des représentants, déjà mal disposés pour Résolu Napoléon, est sombre et menaçante. La Fayette se lève, bre des monte à la tribune, et développe une proposition qui tend tants à assurer la liberté des délibérations de la chambre et à l'empe concentrer les pouvoirs dans son sein. Cette proposition est accueillie. La chambre décide que toute tentative faite pour la dissoudre sera punie comme un crime de haute trahison, et elle invite les ministres à se rendre dans son sein. Voyant ensuite dans Napoléon le seul obstacle à la paix avec les puissances prêtes à fondre sur Paris, les représentants, secrètement stimulés par le ministre de la police Fouché, expriment le vœu que l'empereur abdique, et menacent, en cas de refus, de décréter sa déchéance. Napoléon voit ses amis eux-mêmes consternés; la populace des faubourgs fait seule encore retentir à son oreille le cri de Vive l'empereur! mêlé à des clameurs furieuses contre l'étranger et contre les traîtres. Il ne peut se résoudre à s'appuyer sur elle et à la déchaîner contre les représentants de la nation; il résiste aux instances de son frère Lucien, qui l'exhorte à tenter un autre 18 brumaire, Seconde et signe une seconde abdication en faveur de son fils. Les tion de chambres acceptent cet acte; et, sans se prononcer d'une manière absolue pour Napoléon II, forment un gouvernement nement composé des ministres Carnot et Fouché, duc soire d'Otrante, des généraux Caulaincourt et Grenier et de

abdica

Napoléon

22 juin

1813. Gouver

provi

l'ancien conventionnel Quinette: Fouché, qui a trahi l'empereur, est nommé président de ce gouvernement provisoire.

Napoléon s'éloigne, et de la Malmaison, où il se retire, il tourne les yeux vers l'Amérique. Derrière lui, d'innombrables ennemis se précipitent sur la France : les chemins de Paris sont ouverts, les Anglais et les Prussiens s'y en

gagent témérairement; cent soixante mille soldats français peuvent en peu de jours être réunis sous les murs de la capitale, et leur fermer la retraite. Napoléon suit, sur la carte et dans sa pensée, la marche imprudente des ennemis; son génie guerrier se réveille encore une fois : il écrit au gouvernement provisoire qu'il a conçu pour les vaincre. et les anéantir un projet d'une exécution infaillible; il demande à combattre comme simple général : son offre est repoussée avec insulte par Fouché. L'empereur se résigne à quitter la France', et se dirige vers Rochefort, sous la garde du général Becker. Mais les croisières anglaises cinglent devant le port: abusé par une illusion étrange, Napoléon se flatte qu'une noble confiance de sa part triomphera des exigences absolues de la politique. Il monte avec sa suite sur le vaisseau anglais le Bellerophon; de Napoleon là il écrit au prince régent, et lui demande la liberté de le Belles'asseoir, comme un autre Thémistocle, au foyer du peuple juillet britannique, en réclamant la protection des lois. La réponse à cette lettre est l'ordre de conduire l'illustre suppliant à Sainte-Hélène; et presque aussitôt il cingle, pour le repos du monde, vers ce rocher, qui sera sa prison et son tombeau. C'est ainsi que cet homme prodigieux disparaît pour la seconde fois et pour toujours de la scène politique, laissant après lui un grand vide, où vinrent se heurter les intérêts divers dont le choc prolongea au loin d'effrayantes oscillations en Europe; semblable à un immense navire englouti tout à coup au sein de l'Océan, les vagues écumantes bouillonnent encore longtemps au-dessus du gouffre où il a disparu.

s'embar

que sur

rophon.

1815.

mation

XVIII.

CHAPITRE II.

Depuis la capitulation de Paris et la rentrée de Louis XVIII dans la capitale jusqu'à la chute du ministère Decazes.

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Les armées alliées ouvraient pour la seconde fois la Procla- France aux Bourbons. Louis XVIII, dans une proclamation de Vouts du 28 juin, datée de Cambray, disait : « J'accours pour ra• << mener mes sujets égarés, pour adoucir les maux que « j'avais voulu prévenir, pour me placer une seconde fois « entre les armées alliées et les Français, dans l'espoir que « les égards dont je pense être l'objet tourneront à leur sa«lut.... Je promets, moi qui n'ai jamais promis en vain, « de pardonner aux Français égarés tout ce qui s'est passé « depuis le jour où j'ai quitté Lille, au milieu de tant de larmes, jusqu'au jour où je suis rentré dans Cambray, au « milieu de tant d'acclamations. Mais le sang de mes en<< fants a coulé par une trahison dont les annales du monde << n'offrent pas d'exemple; les auteurs de cette trame hor« rible seront désignés par les chambres à la vengeance << des lois. >>

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Louis XVIII cependant n'avait point encore été proclamé dans la capitale l'armée française, forte de cent vingt mille hommes et de cinq cents pièces de canon, campait sous les murs de Paris, et la chambre des représentants continuait, au bruit des armes, à discuter d'abstraites théories et à établir des garanties pour les droits de la nation. Les Anglais et les Prussiens s'étaient témérairement avancés, laissant derrière eux une triple ligne de places

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