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L'empereur, quittant les bords de la Seine, pour 11-12 févr. opérer sur ceux de la Marne (V. le 10), a chargé les maréchaux Victor et Oudinot de garder la Seine, entre Nogent et Moret, tandis que les généraux Pajol et Allix défendraient l'Yonne, d'Auxerre à Montereau Paris serait ainsi couvert sur la route de Fontainebleau; mais ni les maréchaux, ni les généraux n'ont des forces suffisantes, et les points qu'ils occupent sont presque aussitôt enlevés qu'attaqués.

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Le vaisseau de soixante-quatorze le Romulus, com- 13 février. mandé par le capitaine Rolland, sur le point de rentrer à Toulon, est chassé par une armée anglaise forte de dix-sept vaisseaux de ligne pendant une heure, le Romulus combat, vergue à vergue, le vaisseau à trois ponts le Boyne, tandis qu'un autre bâtiment de même force le canonne et qu'un troisième lui envoie sa volée à demi-portée de pistolet ! Cependant le vaisseau français parvient à se dégager et à prendre mouillage dans la baie de Toulon.

A Vauchamp (une lieue et demie ouest de Mont- 14 février. mirail, Marne), Blucher, sortant de ses incertitudes, reprend l'offensive pour venger l'affront et réparer les échecs de ses lieutenans (V. les 10 et 11): il s'avance avec les Prussiens Kleist, Ziethen et le Russe Kapzewitsch, sur le maréchal Marmont, laissé à Étoges afin d'observer la route de. Châlons. Mais l'empereur qui, après deux autres actions très-avantageuses aux environs de Château-Thierry et sous ses murs, le 12 et le 13, a rejeté Sacken et Yorck à la droite de la Marne, fait soudain volte-face sur Blucher, resté si long-temps immobile à la rive gauche à la vue des Français, le Prussien commençant à se retirer, ses li

15 février.

gnes sont impétueusement chargées par les généraux Grouchy, Doumerc, Bordesoulle, Saint-Germain', et mises en pleine déroute: dix-huit canons, avec trois mille Prussiens, sont pris; sept mille, tant Prussiens que Russes, sont mis hors de combat. Les Français perdent à peine six cents hommes.

Napoléon fit souvent dépendre sa fortune d'un coup grandement hasardé. Ainsi, dans cinq jours, il écrase successivement les cinq corps de l'armée de Silésie, s'avançant avec confiance sur Paris, et leur fait et leur fait essuyer une perte d'au moins vingt-cinq mille tués, blessés ou prisonniers. Il retrouve, en ce pressant danger, les heureuses inspirations qui distinguèrent ses premiers faits d'armes en Italie; mais que sont-elles? des éclairs sillonnant d'épaisses ténèbres, des lueurs d'un flambeau prêt à s'éteindre; et l'ennemi que déconcertent ses rapides manœuvres est le fuyard d'Iéna, le capitulé de Lubeck (V. 14, 18 octobre, 6 novembre 1806). D'ailleurs ces avantages partiels ne sauraient entraîner le sort de la campagne.

Voici la position respective des armées : en vingt jours, l'empereur a battu successivement tous les corps de l'armée de Silésie, et les a jetés entre la Marne et l'Aisne. Blucher serait hors d'état de venger ses humiliations, si le corps très-nombreux du Russe Winzingerode n'accourait de la Belgique pour le soutenir (V. 9, 12): ce renfort de troupes fraîches compense avantageusement ses pertes. Napoléon, se croyant à l'abri de ce côté, du moins pour quelque temps, y laisse en observation les maréchaux Mortier, Marmont il porte ses regards vers la Seine, où la grande armée des alliés a manœuvré séparément, et dont les avant-postes, dépassant Moret et Provins, menacent Melun; tandis que des partis, s'étendant

au sud de Fontainebleau, répandent l'alarme jusqu'aux portes d'Orléans. Secondé par les maréchaux Victor, Oudinot, Macdonald, commandans des débris auxquels on laisse le nom de corps d'armée; conduisant lui-même sa vieille et sa jeune garde; renforcé par des troupes arrivant d'Espagne, l'empereur s'avance sur le flanc de l'ennemi, disséminé à la rive droite de la Seine l'armée française, dont les succès ont ranimé l'ardeur, présente une masse de cinquante mille combattans. Les corps des maréchaux Mortier, Marmont, détachés au nord de la Marne, ne se comprennent pas dans ce nombre, non plus que les troupes confiées au général Maison, qui défend pied à pied la frontière de la Flandre, et s'y couvre de gloire.

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Voici l'état des négociations au congrès de Châtillon 17 février. (V. le 5). De part et d'autre les conférences se suivent sans bonne foi. Si Napoléon les admit, s'il les prolonge, c'est dans l'espoir que des victoires signalées ne tarderont pas d'en rompre le cours. Les cabinets alliés occupent, avec des armées tellement supérieures en nombre, une portion si considérable de l'empire, qu'ils croient toucher au but de leurs opérations : rejetant à ce jour les bases qu'eux-mêmes proposèrent à Francfort (V. 1er. décembre 1813), bases fondées sur ce qu'eux-mêmes appelaient les limites naturelles de la France, ils se refusent à lui laisser une consistance analogue au rang qu'elle doit occuper dans le système politique : ils donnent un projet de traité, -Art. 2. L'empereur des Français renonce » à la totalité des acquisitions faites par la France, depuis le commencement de 1792, et à toute in >>fluence constitutionnelle hors de ses anciennes limi» tes......... Art. 4. Il reconnaît aux puissances

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» alliées le droit de déterminer, d'après les traités con» venus entre ces puissances, les limites et rapports, >> tant des pays cédés par la France, que de leurs états » entre eux, sans qu'elle puisse aucunement y inter» venir. Art. 5. Toutes les colonies de la France lui » seront restituées, à l'exception des îles de Tabago, » des Saintes, de Bourbon et de France. Art. 6. Il >> remettra, dans de très-brefs délais, et sans excep» tion, les forteresses des pays cédés, et toutes celles >> encore occupées par ses troupes, en Hollande, en Belgique, en Allemagne, en Italie. Ces places seront >>remises, dans l'état où elles se trouvent, avec leur » artillerie, les munitions, et tout ce qui n'est pas propriété particulière. L'empereur remettra, égale» ment sans délai, aux armées alliées, les places de » Besançon, Béfort, Huningue, à titre de dépôt, jusqu'à la ratification de la paix définitive. »

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Napoléon, qui provoqua tant de fois l'armement des puissances, et les punit si durement de leurs défaites et de leurs perfidies, reçoit d'elles, à son tour, les plus dures conditions de paix. Peut-être, l'empereur d'Autriche, désirant l'avantage de sa fille, aurait fait adoucir ces conditions, et la France aurait pu conserver cette partie des départemens de la Sarre et du Mont-Tonnerre, indispensable à la régularité et à la défense de la frontière nord-est; mais, en se réduisant à ce point, Napoléon se voyait profondément humilié aux yeux de l'Europe! Les Français, sortis d'un si long enchantement, dégagés de toute reconnaissance, comptant leurs blessures, lui reprochant éternellement la perte de toutes ces belles contrées que d'autres généraux avaient conquises; les Français auraient limité son autorité; l'esprit de liberté, si fortement comprimé jusqu'alors, aurait repris son élasticité :

les troupes sur lesquelles il n'aurait plus versé des flots de récompenses; les troupes, dont le souffle empesté de son ambition a fané tous les lauriers, les troupes elles-mêmes auraient abjuré ce dévouement inconsidéré, et si funeste à tous, en prenant parti pour la nation.

Napoléon aperçoit très-bien les inévitables conséquences de la réduction de sa puissance politique; en vain l'Autriche le pressera, avec bonne foi, du moins en apparence, d'accepter l'ancien royaume de France: qu'est la vraie France, pour un homme qui, depurs douze années, absorbé dans la contemplation de son grand empire, dans ses desseins de domination universelle, placé comme dans un vaste sérail, jette à peine quelques regards de préférence sur cette Francé, qui lui valut ses premiers succès? Il ne l'aime que parce qu'elle est le meilleur instrument de ses conquêtes, qu'elle renferme la population la plus anciennement façonnée à son joug, qu'elle fut le théâtre de son exaltation, et qu'elle doit rester le plus bel apanage de sa dynastie.

Aussi-bien, les avantages récemment obtenus sur l'une et l'autre armée ennemies, réveillent ses orgueilleuses illusions: il ne doute pas d'amener la plus forte de leurs masses, les pesans Autrichiens, à une bataille rangée, dans laquelle il décidera son triomphe définitif. « C'est par trop exiger, a-t-il dit publiquement, » les alliés oublient que je suis plus près de Munich qu'ils ne le sont de Paris. » En 1801, simple consul, il avait dit à des députés belges, venant le complimenter sur le traité de Lunéville, qui reconnaissait l'annexation de leur territoire à la Belgique : « Mais, quand » même l'ennemi aurait eu son quartier général au fau»bourg Saint-Antoine, le peuple français n'eût jamais

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