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Paris, 7 juin 1815.

Discours de l'empereur à l'ouverture de la chambre des représentans.

Messieurs de la chambre des pairs et de la chambre des représentans, depuis trois mois les circonstances et la confiance du peuple m'ont investi d'un pouvoir illimité; et je viens aujourd'hui remplir le premier désir et le besoin le plus pressant de mon cœur en ouvrant votre session et en commençant ainsi la monarchie constitutionnelle.

Les hommes sont impuissans pour fixer les destinées des nations; ce n'est que par des institutions sages que leur prospérité peut être établie sur des bases solides. La monarchie est nécessaire à la France pour assurer sa liberté et son indépendance. Nos constitutions sont encore éparses, et un de nos premiers soins sera de les réunir et d'en coordonner les différentes parties en un seul corps de loi. Ce travail recommandera l'époque actuelle à la postérité. J'ambitionne de voir la France jouir de

toute la liberté possible, je dis possible, parce que l'anarchie conduit les peuples au despotisme.

Une coalition formidable d'empereurs et de rois en veut à notre indépendance; la frégate la Melpomene a été prise après un combat sanglant, par un vaisseau anglais de 74; ainsi le sang a coulé pendant la paix. Nos ennemis comptent sur nos dissensions intestines, et cherchent à en profiter; on communique aujourd'hui avec Gand comme on communiquait en 1789 avec Coblentz.

Des mesures législatives seront nécessaires pour réprimer ces complots; je confie à vos lumières et à votre patriotisme les destinées de la France et la sûreté de ma personne. La liberté de la presse est inhérente à nos institutions; on n'y peut rien changer sans porter atteinte à la liberté civile; mais des lois sages seront nécessaires pour en prévenir les abus je recommande à votre attention cet objet important.

Mes ministres vous feront connaître successivement la situation de nos affaires nos finances offriraient de plus gran

des ressources sans les sacrifices indispensables qu'ont exigés les circonstances, et si les sommes portées dans le budjet rentraient aux époques déterminées. Il est possible que le premier devoir des princes m'appelle à la tête des enfans de la patrie. L'armée et moi nous ferons notre devoir. Vous, pairs, et vous, représentans, secondez nos efforts en entretenant la confiance par votre attachement au prince et à la patrie, et la cause sainte du peuple triomphera.

Avesnes, le 14 juin 1815.

PROCLAMATION.

SOLDATS!

C'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo et de Friedland, qui décida deux fois du destin de l'Europe. Alors, comme après Austerlitz, comme après Wagram, nous fumes trop généreux! nous crûmes aux protestations et aux sermens des princes que nous laissâmes sur le trône! Aujourd'hui, cependant, coalisés contre

nous, ils en veulent à l'indépendance et aux droits les plus sacrés de la France. Ils ont commencé la plus injuste des agressions ne sommes-nous plus les mêmes hommes?

Soldats! à Iéna, contre ces mêmes Prussiens, aujourd'hui si arrogans, vous étiez un contre trois, et à Montmirail, un contre six! Que ceux d'entre vous qui ont été prisonniers des Anglais vous fassent le récit de leurs pontons et des maux affreux qu'ils ont soufferts.

Les Saxons, les Belges, les Hanovriens, les soldats de la confédération du Rhin gémissent d'être obligés de prêter leurs bras à la cause de princes ennemis de la justice et des droits de tous les peuples. Ils savent que cette coalition est insatiable. Après avoir dévoré douze millions de Polonais, douze millions d'Italiens, un million de Saxons, six millions de Belges, elle devra dévorer les Etats du deuxième ordre de l'Allemagne.

Les insensés! un moment de prospérité les aveugle. L'oppression et l'humiliation du peuple français sont hors de leur pou

voir! S'ils entrent en France, ils y trouveront leur tombeau.

Soldats, nous avons des marches forcées à faire, des batailles à livrer, des périls à courir; mais avec de la constance la victoire sera à nous; les droits, l'honneur et le bonheur de la patrie seront reconquis.

Pour tout Français qui a du cœur, le moment est arrivé de vaincre ou de périr.

NAPOLÉON.

Philippeville, 19 juin 1815.

Extrait d'une lettre de l'empereur à son frère Joseph.

....Tout n'est point perdu; je suppose qu'il me restera, en réunissant res for

ces,

cent cinquante mille hommes. Les fédérés et les gardes nationaux qui ont du cœur me fourniront cent mille hommes; les bataillons de dépôt cinquante mille. J'aurai donc trois cent mille soldats à opposer de suite à l'ennemi ; j'attèlerai l'artillerie avec des chevaux de luxe; je leve

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