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sur les bords africains? Quand il vient chercher un trône, ne pourra-t-il pas être conduit aù supplice? Point de retour possible en France, s'il n'y revient décoré d'une nouvelle victoire, et si elle n'est assez éclatante pour offrir un gage certain du salut de son armée. Combien il lui tarde que les ennemis viennent lui offrir l'occasion d'un triomphe auquel sa gloire et son trône sont attachés ! il compte les jours où le débarquement des Turcs lui a été promis; toute sa crainte est que les ennemis n'emploient pas à cet effort la plus grande partie et l'élite de leurs forces. Une victoire incomplète contrarierait autant ses desseins que l'absence d'une victoire. Quelques jours lui ont suffi pour repousser vers le désert Ibrahim-Bey, qui, depuis son retour de la Syrie, a osé s'avancer vers les Pyramides, et Mourad-Bey qui, chassé de bourgade en bourgade dans la Haute-Égypte, par les continuels exploits des généraux Désaix, Davout et Belliard, est parvenu, en dérobant sa marche, à gagner l'oasis du lac Natron et celui de Sabahiac. Le général Lagrange, et bientôt le général Murat, ont surpris le camp de ce dernier, et ont taillé son armée en pièces. A ces mouvemens har

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dis des Mamelucks, Bonaparte ne doute plus que le débarquement des Turcs ne soit près de s'effectuer. Il apprend, par une lettre d'Alexandric, que cent voiles turques ont mouillé le 13 juillet à Aboukir ; qu'ils ont assiégé le fort et s'en sont rendus maîtres; qu'ils sont au nombre de dix-huit milie hommes, commandés par Mustapha-Pacha. Ainsi la fortune lui ouvre une voie pour un retour glorieux dans cette France où on l'appelle. Le salut de l'Égypte, et peut-être celui de la France, vont se décider dans un même lieu, et la destinée veut que ce grand événement s'accomplisse dans ce même Aboukir, dont le nom était devenu si fameux par le désastre des Français. Les Turcs s'étaient retranchés autour de ce fort, et y occupaient une position redoutable. Leur commandant n'avait eu confiance que dans l'opiniâtreté avec laquelle ils se défendent dans les lieux fortifiés. Bonaparte marche sur eux. Il est à une demilieue du fort, et se dispose à emporter les redoutes qui couvrent l'armée ennemie. Le général Lannes attaque avec impétuosité deux mille hommes qui formaient la première ligne de l'ennemi, et qui s'étaient postés avec de l'artillerie sur des montagnes de sable.

Pendant que sa division les enfonce, deux escadrons de cavalerie leur coupent la retraite sur la mer. Aucun d'eux n'évite la mort. La seconde ligne de l'armée turque occupait une position beaucoup plus forte. Une partie s'était ébranlée pour venir au secours de la première, et avait éprouvé le même sort. Les Turcs se tiennent immobiles sous les redoutes qui les couvrent. Leur artillerie est bien servie. Un village qui servait à leur défense est tourné, et bientôt emporté par le général Destaing, sous les ordres du général Lannes. On est au pied des retranchemens. Tout ce que les Français déplovèrent de valeur dans les journées d'Arcole et de Lodi, est égalé dans cette journée. La cavalerie charge jusque sur les fossés de la redoute. La trente-deuxième et la dix-huitième demibrigade s'élancent, et vont combattre les Turcs corps à corps. Le chef de brigade des guides à cheval, Bessières, trois autres officiers supérieurs, Duvivier, Rose et Leturc, soutiennent d'excellentes dispositions par l'intrépidité la plus héroïque. Les Turcs cherchent à arracher les baïonnettes qui leur donnent la mort. Ils s'avancent le sabre et le pistolet à la main. Les braves meurent, les

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braves sont remplacés. Duvivier et Leturc
expirent sur les retranchemens. Les Turcs se
croient vainqueurs. Ils s'élancent hors de la
redoute, pour couper la tête des morts et des
blessés, et obtenir l'aigrette d'argent que leur
gouvernement a promise à tout militaire qui
apporterait la tête d'un ennemi. Bonaparte
observe ce mouvement irrégulier, qui décide
pour lui la victoire. Lannes entre au pas de
charge dans la redoute qui a été si long-temps
disputée. Le général Murat, qui commande
l'avant-garde, fait traverser toutes les posi-
tions de l'ennemi qui chancelle, par un es-
cadron dont les manœuvres habiles et promp-
tes coupent la retraite à dix mille fuyards.
Ils sont poursuivis jusqu'à la mer ils s'y
précipitent; ils y sont fusillés,
sont fusillés, mitraillés.
Leurs vaisseaux sont à deux lieues dans la
rade d'Aboukir, et ne peuvent leur porter de
secours. Leur désespoir rend le carnage hor-
rible. Le général Murat, qui s'est couvert de
gloire dans cette journée, et un grand nom-
bre d'autres chefs valeureux, sont blessés. Le
pacha Mustapha se rend prisonnier avec son
escorte. Il n'existe plus rien de l'armée turque
que douze cents hommes qui défendent le
fort d'Aboukir. Ils résistent encore pen-

dant huit jours. Enfin, ils parlementent, capitulent, et viennent embrasser les genoux du vainqueur.

Il nous est facile maintenant de juger de la résolution que prendra Bonaparte. Revenons aux événemens de l'intérieur et à l'anarchie dont il apportera le remède.

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FIN DU LIVRE SEPTIÈME.

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