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DES

ÉVÉNEMENS MILITAIRES.

CAMPAGNES DE 1803 ET 1804.

CHAPITRE PREMIER.

La paix de l'Europe est troublée en Suisse, Insurrection des cantons démocrati

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Intervention du premier Consul. Conférences à Paris. -Acte de média

tion.

VERS la fin de l'année 1802, pendant que la France consumait en vain, sous les tropiques, ses meilleures troupes et les restes

de sa marine, les peuples de l'Europe se livraient aux illusions de la paix ; ils étaient loin d'en goûter les fruits. Les gouvernemens auxquels cette paix avait été successivement dictée où imposée par la nécessité, ne retrouvaient plus les anciennes bases de leur système politique. Comme il arrive presque toujours dans les grands naufrages, chacun cherchait son salut pour son propre compte on se disputait les débris du vaisseau, et même les dépouilles des morts. Comment cette dislocation de l'Europe, qui favorisait les desseins du génie qui la dominait, aurait-elle produit un état de choses durable, quand aucune opinion, aucun autre intérêt que celui du vainqueur ne pouvaient s'y placer? Sa modération, à laquelle on n'aurait pas voulu croire, n'aurait pas éteint de si profonds ressentimens ; tant d'espérances déçues, tant de passions irritées, tendaient à réagir contre la force des circonstances, et ne pouvaient manquer d'enfanter de nouvelles discordes. On vit éclater les premières en Suisse, au milieu

des cantons démocratiques ; et ce n'est pas le soin le moins digne de l'histoire, que de rechercher par quelle bizarre destinée le berceau de la liberté, alors partout opprimée, servit d'asile au parti aristocratique, et fut son dernier rempart.

Les nouveaux troubles qui éclatèrent en Suisse à cette époque furent le résultat du choc d'intérêts si divers, que, pour en montrer les causes, il faut rappeler les événemens qui avaient ébranlé jusque dans ses fondemens l'ancienne constitution fédérative.

La Suisse avait joui d'une profonde paix sous ce gouvernement, assemblage de féodalité, d'oligarchie et de démocratie; il convenait à ces contrées dont la population, les mœurs, la religion, le langage: ne différaient pas moins que les localités; une longue habitude, la difficulté des communications, l'attachement aux usages, l'esprit de famille plus fort chez les habitans des pays montagneux, avaient isolé leurs interêts polítiques; certains cantons recher

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chaient la protection de l'Autriche; le plus grand nombre s'attachait à celle de la France: la combinaison de ces influences, leur complication même, loin de troubler la bonne harmonie, servaient à la maintenir. L'indépendance réciproque des cantons resserrait ce lien fédéral; auprès de la plus exclusive oligarchie, on voyait régner les principes d'une pure démocratie. A Berne, à Fribourg, des castes privilégiées exerçaient une sorte de monopole politique et commercial. Les familles des chefs lieux de canton s'attribuaient, avec les droits de bourgeoisie, toutes les fonctions publiques, et n'admettaient pas les habitans des campagnes au partage de cette propriété héréditaire. Ce système, introduit du temps de la ligue helvétique, avait été peu à peu converti en loi constitutionnelle; et cette aristocratie était encore plus absolue que celle de la noblesse, dont les titres pouvaient être achetés. Au contraire, dans les petits cantons, le peuple exerçait sans intermédiaire, sans aucune délégation, la pleine souverai

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