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universelle. La Prusse ne lui fut opposée que pendant ses premières années; l'Autriche lui en voulut d'avoir créé à son image des républiques italiennes ; l'Espagne demeura à peu près neutre, passive, irrésolue; la Russie, avec Catherine et Paul Ier, resta blottie dans ses neiges.

Mais l'Angleterre! l'Angleterre! c'est de son côté qu'existe la véritable lutte. Par elle nous commencerons.

Elle plaisanta mille et mille fois sur notre amour de la liberté. Elle établit une comparaison entre « la liberté française et l'esclavage anglais ». A quoi servait cette liberté, disait-elle? « Le Français est maigre, l'Anglais est gras (a). »Matérialisme politique à sa cinquième puissance.

Aussi, ajoutait-elle, elle se gardait bien d'imiter la France. Elle représenta << l'arbre de la liberté, avec des démons tentant John Bull, » et prétendit que cet arbre-là, en France, ne portait que des fruits amers, c'est-à-dire l'esclavage en réalité, la trahison, le blasphème, l'impiété, — la démocratie aveugle, les révolutions le déisme, etc., etc. (b).

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Bien plus, elle parla de contraste entre la liberté Anglaise et la liberté Française, en l'année 1793. La liberté française amenait avec elle l'athéisme, - la cruauté, l'anarchie, le meurtre, la perfidie, — la ruine de la nation et des particuliers; la liberté anglaise amenait avec elle la religion, - l'indépendance, la loyauté, - la justice, la prospérité nationale, - le bonheur.

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Et, le contraste établi, elle se demandait : Lequel est le meilleur (c)? Tous les efforts de l'Angleterre tendaient à avilir la France à ses propres yeux, en affectant de ne voir que le mauvais côté de sa révolution. A chaque fait remarquable de notre histoire de 89 ou de 93, elle se roidissait mécontente, envieuse, et moqueuse par-dessus tout. Les discours de nos grandes renommées parlementaires lui déplaisaient; les actions héroïques de nos soldats l'irritaient; les sublimes mouvements de tout le peuple, soit pour payer plus d'impôts, soit pour courir aux frontières, les empêchaient de dormir tranquilles ; à la nouvelle d'un succès remporté par l'armée française, ils pleuraient de rage; à la nouvelle d'une défaite, leur face s'épanouissait. La vieille animosité de plusieurs siècles s'était réveillée entre la France et l'Angleterre. Ce ne furent, de part et d'autre, que méchancetés successives, qu'injustes préventions, que sottes espérances. Lorsque l'assemblée constituante prit sa place au rang des plus remarquables assemblées qui aient existé, les caricatures anglaises l'attaquèrent. John Bull douta même qu'il se trouvât des orateurs dans le Jeu de Paume, ou dans la salle du Manége. On aimait à se figurer, à Londres, que telle était la personnification d'un membre orateur de l'assemblée nationale

(a) Caricature de M. Laterrade.

(b) Idem.

(c) Cartons de la Bibliothèque royale.

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Monsieur.

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Monsieur le président.
Diable! Mon Dieu !

C'est à moi à

On ne saurait

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Je dis.

parler. Je dis. s'entendre parler. - Ecoutez-moi, je vous prie, Monsieur, Messieurs. Ne vaudrait-il pas mieux que... Il n'importe, je ne dis rien (a). Traiter ainsi une assemblée où tonna la voix de Mirabeau, où discuta Sieyes, où parlèrent Maury et Barnave! c'est, de la part des Anglais, pousser trop loin l'amour national exclusif.

L'assemblée législative, et la convention notamment, n'eurent aucun poids à leurs yeux.

Vinrent les assignats, pour raviver leur humeur satirique. Il n'est rien qu'ils n'aient dit contre le papier-monnaie, rien qu'ils n'aient fait pour en amener la prompte dépréciation. Et comme ils avaient à Paris de nombreux partisans, sinon des agents véritables, ils exercèrent une funeste influence sur nos relations financières au dedans et au dehors.

Sur les fédérés à l'époque du 14 juillet 1790, on compte plusieurs caricatures anglaises. L'idée heureuse de la fédération, de l'union étroite de tous les citoyens, cimentée par un serment solennel, tout cela leur paraissait être des actes de rêveur; tout cela, d'ailleurs, nuisait à leurs projets de descente sur le continent, projet qu'ils mirent à exécution, aussitôt après les

(a) Texte au bas de la caricature reproduite.

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premiers soulèvements de la Vendée. Alors, ils se mêlèrent complétement de nos propres affaires, et donnèrent des aliments à ce cancer de la Vendée qui menaçait de ronger le cœur de la France. Ils ne furent pas étrangers à la déclaration de Pilnitz, par laquelle le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche s'engagèrent à prêter secours d'hommes et d'argent aux émigrés; quand la coalition de 1791 fut formée, on y reconnut aussi un des chefs-d'œuvre de leur diplomatie.

D'abord les girondins, les jacobins ensuite, donnèrent prise à leurs sarcasmes. Tout homme éminent, tout homme de théorie ou d'action leur fit peur. Des ballots d'estampes et de caricatures contre lui étaient soudainement expédiés de Londres à Paris, et parcouraient la France. Il ne faut pas croire, en effet, que parmi les caricatures dont le texte est français, il ne s'en trouve pas beaucoup de fabriquées en Angleterre. Les presses de Londres, bien sûr, ont plus manœuvré que celles de Paris.

La religion de la raison, le culte de l'Etre suprême, les ont justement, sinon sincèrement révoltés.

Sous la terreur, ils ont fortement protesté contre l'oppression d'une moitié de la nation française par l'autre moitié. Mais ils ont eu tort de ne juger notre révolution que par cette époque terrible, comme si l'Italie, par exemple, était décrite selon les impressions d'un voyageur qui n'aurait vu d'elle que Naples et son territoire volcanique. Toujours, pour donner la préférence à leur 1648, sur notre 1789, ils ont appuyé sur le nombre et l'importance de nos excès; faut-il dire avec certains historiens qu'ils les ont à dessein provoqués eux-mêmes, et qu'il y a lieu, dans toutes les causes occultes de nos bouleversements intérieurs, de reconnaître l'action du gouvernement anglais? N'ont-ils pas prêté les mains à la conspiration de Cadoudal, et à tant d'autres complots étouffés dès leur naissance? Il y eut bien des guinées en circulation à Paris! Rappellons-nous, en outre, une certaine ca-ricature française intitulée le 9 thermidor, ou la surprise anglaise (a), et qui prouve assez que l'Angleterre comptait sur les excès de la révolution de France.

En récompense de son peu de dignité, de ses mesures molles et indécises, le Directoire ne s'attira que le mépris, non la haine des Anglais. Leurs yeux se fixèrent à ce moment sur un homme bien plus redoutable que les cinq directeurs réunis. Bonaparte devint pour eux, ainsi que nous l'avons déjà dit, la France personnifiée, et c'est sur lui qu'ils dirigèrent leurs attaques. Dès la campagne d'Égypte, les petites méchancetés commencèrent. Ils représentérent « l'extirpation des plaies de l'Égypte, la destruction des crocodiles révolutionnaires (b). »

a) Reproduite au chapitre 27 de ce volume.

b Collection de M. Laterrade.

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