Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

rable histoire racontera un jour ce qu'ont fait les Bourbons pour se remettre sur le trône de France; elle dira aussi la conduite de l'armée, de cette armée essentiellement nationale, et la postérité jugera qui mérita le mieux l'estime du monde. » (1)

On se bat du côté de Mont-Rouge; un grand nombre de Parisiens se porte en foule aux Champs-Elysées et aux barrières de l'ÉcoleMilitaire et sur les hauteurs de Chaillot, pour tâcher d'être témoin de çe combat. C'était un spectacle bien nouveau et bien intéressant pour les habitans de la capitale, de voir des troupes étrangères qui combattaient les pour délivrer de l'oppression et de la tyrannie.

Le 3 juillet, pendant la nuit, le canon s'est fait souvent entendre. On s'est battu dans la plaine de Vaugirard et de Grenelle, jusqu'à cinq heures du matin. Le combat a cessé de part et d'autre, et chacun a enlevé ses blessés et ses morts. Les voitures des cultivateurs, des habitans de la campagne ont été mises en ré

(1) L'histoire dira que les Bourbons ont bien fait de remonter sur le trône, en profitant des immenses armées qu'attiraient en France les crimes et la perfidie de Buonaparte; et la postérité dira que les troupes françaises qui se sont déclarées en faveur de cet homme généralement proscrit, étaient des soldats rebelles.

quisition pour transporter les blessés a Paris. L'armée française est aculée aux barrières et n'occupe plus qu'une étendue d'une demilieue en avant des murs. Le drapeau noir est arboré sur le dôme de l'hôpital de la Salpétrière, et sur tous les pavillons de cette immense maison consacrée aux pauvres, où l'on avait transporté des blessés; ainsi que dans l'hospice de Bicêtre, surmonté aussi du drapeau noir.

Pour faciliter le passage de l'armée française, on élève un pont de bâteaux à deux cents pas de celui du Jardin des Plantes et un autre non loin de celui des Invalides. Le pont de Sèvres ou Sève a été brûlé par nos troupes.

Malgré cet état de choses, certainement fort inquiétant, les Parisiens paraissent tranquilles, quoique les boutiques soient toujours fermées: les promenades sont remplies de monde, et les femmes ne négligent point leur parure, ni l'art de plaire.

Le drapeau tricolore de l'Hôtel-de-Ville et des tours Notre-Dame n'est plus qu'en lambeaux : ce délabrement annonce celui du gouvernement de Buonaparte.

Les troupes des alliées étaient à Versailles depuis quelques jours, et avaient fait la faute de n'y laisser que peu de monde. Le général

er

Excelmans se porta dans l'après-midi du 2, avec une partie de sa cavalerie et quelques régimens sur Versailles. Les étrangers occupaient cette ville avec quinze cents chevaux: le général Excelmans avait formé le projet de les enlever; il avait dirigé en conséquence le lieutenant-général Piré, avec le 1°. et le 6°. de chasseurs, et le 44°. d'infanterie légère, sur Ville-d'Avray et Roquancourt, en leur recommandant de s'embusquer pour recevoir l'ennemi quand il repasserait sur ce point. De sa personne, le lieutenant général Excelmans se porta sur le chemin de Mont-Rouge à Vélisy, avec l'intention d'entrer à Versailles par trois points. Il rencontra à la hauteur des bois de Verrières, une forte colonne de l'armée étrangère; le 5o. et le 15°. de dragons, qui étaient en tête, chargèrent l'ennemi avec une rare intrépidité. Le 6o. de hussards et le 20o. de dragons le prirent en flanc. Culbuté sur tous les points, l'ennemi laissa jusqu'à Versailles, la route couverte de ses morts et de ses blessés.

Pendant ce temps, le lieutenant - général Piré exécutait un mouvement sur Roquancourt, avec autant de vigueur que d'intelligence; la colonne prussienne poussée par général Excelmans, fut reçue par le général Piré. Elle essuya à bout portant une

corps

le

du

er

vive fusillade du 44. régiment, et fut chargée par le 1°. et le 6°. de chasseurs, tandis que le 6°. de hussards et le 5e. de dragons qui la poursuivaient, la poussaient fortement à la sortie de Versailles. On leur fit des prisonniers et on prit 900 chevaux.

Mais le général Excelmans, après cette expédition, étant revenu à Mont-Rouge, les Prussiens sont rentrés en force à Versailles, dès le lendemain matin,

Mardi 4 juillet. Cette journée a été assez tranquille, depuis quatre heures du matin jusqu'à cinq heures de l'après-midi, malgré que les armées françaises et celles des alliés étaient en présence, la première au-devant des murs de Paris, et la seconde, s'étant un peu reculée à une lieue au-delà des barrières. L'armistice commencé hier et signé le même jour 3 juillet, a été proclamé aujourd'hui aux deux armées, et placardé dans tout Paris. (Nous le rapporterons plus bas.)

Le quartier-général de l'armée française, dans ce moment, est à la barrière d'Enfer, près du Luxembourg.

A sept heures du soir, les canonniers qui étaient aux pièces de la barrière de Fontainebleau, sont partis le sac sur le dos; ils ont suivi la route de Villejuif. Leurs canons son

restés à la surveillance de la garde nationale. Aux barrières des Deux-Moulins, de la Glacière et d'Arcueil, quoique fermées, il y avait encore quelques troupes, mais en petit nombre, et sur le point de se retirer. L'armée du quartier général, barrière d'Orléans, s'est mis en' route à huit heures et demie.

Beaucoup de carosses remplis de monde sont sortis de Paris. Les traîtres qui craignent la punition qu'ils ont méritée, tâchent d'éviter le châtiment par une prompte fuite.

Les écoliers des lycées qui,aimant mieux guerroyer, étaient sortis de Paris pour combattre avec les troupes de ligne et quelques fédérés, recurent ordre de rentrer dans leurs pensions ou chez leurs parens. Il leur a fallu obéir. Ils se sont réunis à des tirailleurs, et ont débouché par les barrières de l'Ouest, criant: Vive l'Empereur! et agitant leurs sabres et les armes dont ils étaient munis; ils insultaient et menaçaient les citoyens. Ces vociférations et ces gestes de furieux jetèrent l'alarme dans tout Paris; le peu de boutiques ouvertes furent fermées à la hâte, ainsi que les portes cochères et celles des allées. Des troupes de fédérés et des soldats de ligne qui s'y étaient joints, firent redouter quelque temps le pillage. Des coups de canon se faisaient entendre par in

« ZurückWeiter »