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France, pour le rang qu'il lui a fait tenir parmi les autres royaumes de l'Europe. Il ne faut pas juger Bonaparte au point de vue des partis, mais au point de vue national. La république a dû le maudire, parce qu'il l'a terrassée; la France l'honore parce qu'il l'a élevée.

Quand l'empire arriva, d'ailleurs, nous ne saurions trop le répéter, les principes politiques étaient abâtardis. Il y avait de grands courages, mais aucune forte tête, si ce n'était Moreau, qui ne s'était pas assez posé en chef de parti. Sont reproduits, dans le chapitre suivant, et ce n'est pas chose peu curieuse que d'en prendre connaissance, une foule de vers, de chansons, d'odes, de dithyrambes, de quatrains, etc., inspirés aux Français de tous les rangs par l'avènement de Bonaparte à l'empire, et par ses vertus publiques et privées.

FIN DU CHAPITRE QUARANTE-CINQUIÈME.

T. II.

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CHAPITRE XLVI.

-

Un éloge, par un homme qui ne veut pas être flatteur. — Bonaparte travaillant pour le bonheur commun. - Bonaparte a relevé les autels; il règne par le ciel et la France. Le beau jour du sacre. — Compliment des bouquetières et des bateliers. Compliment des dames et des forts de la halle. L'aigle. Les abeilles. Joséphiniana. La couronne de Napoléon apportée de l'Olympe, de la part de Jupiter. - Napoléon est empereur! v'là c' que c'est d'avoir du cœur. — La ronde joyeuse sur la loterie de treize mille volailles, avec accompagnement de fontaines de vin. — La fête de l'aigle.

Vers français, vers latins, vers italiens,

la verve des poëtes ne tarit

pas.

L'un, apparemment peu flatteur de son naturel, s'écria:

A L'EMPEREUR NAPOLÉON.

Grand homme, tes exploits remplissent l'univers,

Et tes rares vertus éloignent les revers.

Ennemi du mensonge, un vil flatteur te blesse;

Sévère avec justice et clément sans faiblesse,

Humain et généreux, quel mortel fut jamais

Plus digne de régner sur le cœur des Français (a)?

Un autre prétendit que Bonaparte ne travaillait que pour le « bonheur

commun. >>

(a) Par Baurotte.

C'est au bonheur commun que sa grande âme aspire,
Chaque état se ressent de ses rares bienfaits;

Et sur le trône assis, il doit régner en paix,

Puisque sur tous les cœurs il fonde son empire (b).

(b) Par Armand Séville.

Un autre, jeune encore il est vrai, mais comprenant toutes les belles choses dont l'avenir était gros, félicita Bonaparte d'avoir muselé les partis et ramené la religion en France :

O France! ô ma chère patrie'
Quel était l'excès de tes maux,
Lorsque, du fond de la Syrie,
A ton secours vint un héros ?
NAPOLÉON paraît à peine,

Qu'il dompte la fureur, la haine,
Et le fier démon des partis;

La religion de nos pères,

Dans ses antiques sanctuaires,

Revoit ses ministres proscrits (a).

Un autre appuya sur l'avantage du sacre; il dit

Un pontife auguste et pieux
A quitté les rives du Tibre;

Il vient consacrer en ces lieux

La volonté d'un peuple libre.

Ainsi par la religion

Il cimente notre puissance,

Et l'empereur NAPOLÉON

Règne par le ciel et la France (b).

Un autre s'inspira de la cérémonie elle-même :

Quelle était grande et sainte aux yeux des bons Français,
Cette auguste cérémonie!

Dieu tout-puissant, tous nos vœux désormais
Demanderont à ta grâce infinie,

Que nous puissions ne la revoir jamais.

Un autre paraphrasa ainsi le vers de Voltaire : Qui sert bien son pays n'a pas besoin d'aïeux.

Du grand peuple aujourd'hui tu portes la couronne,
Bien mieux que le hasard, la vertu te la donne.
Longtemps tu dois tenir le sceptre des Gaulois;
La France te devra sa puissance et ses lois.

Un autre mit en vers le

COMPLIMENT DES BOUQUETIÈRES ET DES BATELIERS.

Air: Reçois dans ton galetas.

UNE BOUQUETIÈRE.

Sais-tu bien, pèr' l'Aviron,

Qu' les bouqu'tières, mes camarades,

(a) Par Péchart, élève du Lycée de Marseille.

(b) Par le sous-préfet de Barbezieux. Nous ne citons qu'une strophe sur trois

Sur l' pont Notre-Dame, cu rond,
Tout à l'heur' faisaient mill' gambades,
De c' que l' bien aimé d'nos cœurs

Vient à nous par l' marché-z-aux fleurs.

UN BATELIER.

Sais-tu bien, mam'zelle Suzon,

Qu' tu n' dois pas fair' tant la fière,
D'pis l' Pont-Neuf, comm' de raison,
L'empereur a suivi la rivière.

J' devons êt' ben plus contents,

Drès que j' l'ons vu ben plus longtemps (a).

Ainsi que le Compliment des Dames et des Forts de la halle; en voici les deux premières strophes :

Air : Des mariniers de la Grenouillière.

UNE DAME DE LA HALLE.

Malgré qu' ta couronne impériale
R'luise à l'égal d'un firmament,
NAPOLÉON, r'çois l' compliment

Des dam'-z-et des forts de la Halle,

Qui sont d'avis que ta valeur

R'luit encore avec plus d' splendeur.

UN FORT DE LA HALLE.

J'ons, dans l' parvis, avec not' femme,

Fait un petit raisonnement:

C'est que c' n'est pas un bâtiment

Mille fois grand comm' Notre-Dame,

Qui s'rait capable d' contenir

Tous ceux qu'ont sujet d' te bénir.

Et ainsi de suite le compliment finit par ces deux strophes :

:

LA DAME.

Faut z'espérer qu'après la guerre,

La paix s'fixera parmi nous;

D'ailleurs, qu'signifierait l'courroux

Des leopards de l'Angleterre,

Quand l'aigle, avec des yeux perçants,

Voit d'si haut leux complots m'naçants.

LE FORT.

NAPOLÉON, I'z'Anglais rebelles,
De te nuire ont en vain tenté.

(a) Nous ne citons que deus couplets sur dix.

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