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et d'une haine sans bornes; mais en même temps il connut l'esprit public de la nation et la bravoure de mes armées. Cette expérience qu'il a acquise au prix de son sang, et mes soins inaltérables pour le bonheur de mes états, ont amené le rapprochement actuel pour une négociation. Mes plénipotentiaires se sont réunis à ceux de l'empereur des François. Mon vœu est pour une paix honorable, une paix dont les conditions rendent sa durée possible et probable. La valeur de mes armées, leur courage inébranlable, leur patriotisme, leur désir de ne poser les armes que lorsqu'on aura obtenu une paix honorable, ne me permettront jamais d'accéder à des conditions qui menaceroient d'ébranler les fondemens de la monarchie, et qui, après tant de nobles sacrifices, après avoir versé tant de sang pour la patrie, nous déshonoreroient. L'esprit sublime qui anime l'armée m'est un sûr garant que si l'ennemi nous méconnoissoit, nous finirions par obtenir la récompense due à notre courage,

Donné à Comorn, le 16 août 1809.

Signé FRANCOIS.

Vers la fin de septembre, les deux négociateurs quittèrent Altenbourg, sans qu'il transpirât rien du résultat de leurs conférences; mais, le 27, le prince Jean de Lichtenstein arriva à Schoenbrunn avec les pouvoirs nécessaires pour conclure la paix, et elle fut signée le 10 octobre 18091.

'Ce traité a été imprimé en françois et en allemand à l'imprimerie impériale de Vienne, et publié en françois

Paix de Schoenbrunn.

La paix, arrêtée par le 1er art., est déclarée, par le 2.o, commune aux frères et beau-frère de Buonaparte, assis sur les trônes d'Espagne, d'Hollande et de Naples; aux rois et grandsducs de la confédération du Rhin, qui, ainsi que le prince-primat, y sont nommés séparément, et à tous les princes de cette confédération.

L'article 3 renferme les sacrifices que la paix impose à l'Autriche, sous les cinq rubriques de cessions faites pour faire partie de la confédération du Rhin, cessions faites à Buonaparte sans condition, cessions faites au roi de Saxe comme tel, cessions faites au roi de Saxe comme duc de Varsovie, cessions faites à la Russie.

Les cessions faites à Buonaparte pour en étre disposé en faveur des souverains de la confédération du Rhin, sont le pays de Salzbourg et de Berchtolsgaden et une partie de la HauteAutriche; savoir, ce qu'on appelle le quartier de l'Inn, et à peu près la moitié du quartier dit de Hausrück, en réservant à l'empereur d'Autriche la propriété des bois dépendans du domaine de Mondsée et situés dans la partie cédée. La possession de ces bois est indispensable à l'Autriche pour exploiter les salines de Mondsée; elle ne la conserve néanmoins que comme propriété particulière, sans aucun droit de souveraineté. L'article ne nomme pas le quartier de l'Inn et celui de Hausrück: il dans le Moniteur du 29 octobre 1809. On le trouve dans MARTENS, Rec., T. XII, p. 210.

exprime la cession d'une autre manière, en traçant une ligne du Danube jusqu'au lac d'Atter. Nous avons dit ailleurs que les commissaires chargés de tracer la ligne d'après le texte de l'article, reconnurent l'impossibilité de l'admettre, parce que les rédacteurs du traité s'étoient servis d'une carte fautive. Nous avons en même temps fait connoître la ligne rectifiée, et avons dit que Buonaparte disposa des pays dont nous venons de parler, en faveur du roi de Bavière.

Salzbourg et Berchtolsgaden n'avoient été réunis à la monarchie autrichienne que par la paix de Presbourg: le quartier de l'Inn, démembrement de la Bavière, avoit appartenu à cette monarchie depuis la paix de Teschen; mais le quartier de Hausrück étoit une des plus anciennes possessions de la maison de Habsbourg.

Les cessions faites à Buonaparte directement se composent:

1.o Du comté de Görtz ou Gorice et de celui de Montefalcone, qui formoient le Frioul autrichien. Le comté de Görtz faisoit partie de la monarchie autrichienne depuis 1500, année où s'éteignit la famille des comtes de Görtz. La convention de Fontainebleau du 10 octobre 18072, par laquelle l'empereur Francois avoit été obligé de consentir à ce *. Vol. VIII, p. 314.

2 Voyez Vol. VII, p. 352.

que l'Isonzo qui parcourt ce pays et le divise en deux parties inégales, fit dorénavant la frontière entre ses états et le royaume d'Italie, avoit détaché environ 21,000 habitans du comté de Gorice; le reste qui fut perdu par la paix de Schoenbrunn, avec le petit comté de Montefalcone, en Istrie, que la convention de Fontainebleau avoit cédé à titre d'indemnité, étoit habité par 103,000 ames.

2.o Dugouvernement et de la ville de Trieste, importante par un port qui, avant le système continental, étoit visité annuellement par 6,000 vaisseaux. Ce port étoit le seul point par lequel la monarchie autrichienne fût encore en contact avec le monde maritime, dont dès-lors elle fut entièrement isolée.

3.o De la Carniole avec ses enclaves sur le golfe de Trieste; nous ignorons ce que le traité entend par cette dénomination, à moins que ce ne soit l'Istrie autrichienne; mais ce district est nommé plus bas. La Carniole renferme la fameuse mine de mercure d'Idria qui fournit annuellement la quantité prodigieuse de 12,000 quintaux de vif-argent et 700 quintaux de cinabre.

4. Du cercle de Villach en Carinthie.

5.o D'une partie de la Croatie et de la Dalmatie, c'est-à-dire de tous les pays situés à la droite de la Save, en partant du point où cette rivière sort de la Carniole, et la suivant jusqu'à la frontière de la Bosnie; savoir, dit l'article,

partie de la Croatie provinciale, six districts de la Croatie militaire, Fiume et le Littoral hongrois, l'Istrie autrichienne ou le district de Castica, les îles dépendantes des pays cédés, et tous autres pays, sous quelque dénomination que ce soit, sur la rive droite de la Save, le Thalweg de cette rivière devant servir de limite entre les deux états.

6. De la seigneurie de Razuns, enclavée dans le pays des Grisons. Cette petite seigneurie, dont le nom vient par corruption de Rhætia ima, est située à deux lieues de Coire, et composée d'un château et de quatre villages. Anciennement elle formoit le patrimoine d'une famille dont le nom est célèbre dans l'histoire des Grisons; elle s'étoit éteinté depuis quatre siècles. La maison d'Autriche acquit alors la seigneurie des comtes de Hohenzollern auxquels elle donna en échange la seigneurie de Haigerloch en Souabe. Cette possession lui donnoit une grande influence sur les affaires intérieures de la république, à cause des prérogatives attachées à la seigneurie de Räzuns, tels que le droit de proposer, tous les trois ans, aux députés de la Ligue grise, trois candidats parmi lesquels ils avoient à nommer le chef de cette république pour une année. La maison d'Autriche, qui connoissoit le prix de cette influence sur un peuple voisin, avoit constamment résisté aux propo

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