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effroi sur les masses vendéennes. Charette attaqué de tous côtés fut battu cinq fois à Port-SaintPère, à la Chapelle-Pallicaud, à Verton, à Louin, à Mortagne; ses soldats harassés manquaient surtout de munitions, et refusaient de se battre; ils demandaient à grands cris le secours de l'armée d'Anjou.

Les représentants du peuple avaient arrêté leur plan de campagne à Saumur: ils avaient ordonné que l'armée de Mayence et celle des côtes de Brest, renforcées de la division des Sables, se mettraient en mouvement le 11 septembre, et marcheraient par Machecoul et Bourg-Neuf sur Mortagne, en passant par Aizenay, Saint-Fulgent et les Herbiers, positions qu'elles devaient préalablement enlever; que la réserve, après avoir passé la Sèvre sur le pont de Verton, se saisirait de Château de Clisson, et de là ferait sa jonction avec l'armée; que la division des côtes de la Rochelle garderait la défensive, que seulement elle resterait en communication avec l'armée des côtes de Brest par un mouvement de la division de Miekowsky; que la division Chalbos se porterait le 14 à la Châtaigneraye, la division Oré à Bressuire, la division de Saumur à Vihiers. Il était difficile de rien concevoir de plus absurde. Les divisions, opérant ainsi isolément, marchaient à des revers certains. Il fallait opérer en masse sur

Chenillé et Saint-Fulgent ou Châtillon. Cet immense déploiement de forces bien dirigé aurait renversé comme un torrent furieux les faibles obstacles opposés à sa marche. Le danger qui menaçait la Vendée, au lieu d'abattre ces hommes qu'armait le fanatisme, donna une nouvelle action à leur courage; tous jurèrent de vaincre ou de mourir.

Le 18 septembre, la grande armée royale, forte de trente à quarante mille hommes, quitta Chollet sous les ordres de d'Elbée, à six lieues de cette ville; elle se réunit à l'armée de Charette, qui comptait quinze ou vingt mille hommes, et se retirait devant les Mayençais. Les flammes de Torfou avertirent les deux armées de l'approche des républicains; le lendemain elles marchèrent au combat, la bataille fut terrible; les républicains la perdirent, malgré la valeur des généraux Kléber et Aubert du Bayet; ils furent entourés par les colonnes ennemies qui, connaissant parfaitement le pays, dérobaient leurs mouvements et fondaient à l'improviste sur leur front, leur flanc et leurs derrières; leur perte fut de deux mille hommes dont moitié faits prisonniers; leur retraite s'effectua brillamment sur le village de Getigné dont ils défendirent le pont.

Cependant Beysser, conformément à ses instructions, marchait pour rejoindre les Mayen

çais et s'était rendu maître de Montaigu où il mettait tout à feu et à sang, lorsqu'il y fut surpris par les troupes royalistes qui arrivaient à marches forcées. Ses soldats livrés aux plus grands désordres offrirent peu de résistance; le carnage fut affreux, tous les prisonniers furent passés au fil de l'épée, l'artillerie de Beysser tomba au pouvoir des Vendéens.

La division des Sables, maîtresse de Saint-Fulgent, portait également partout la destruction et l'incendie; Charette y arriva le 22 septembre au soir, et attaqua cette nuit même. Le combat dura cinq heures ; les républicains perdirent trois mille hommes et tout leur matériel. Le général Miekowsky, qui les commandait, ne put regagner Nantes qu'avec peine. Les combats de Coron et de Saint-Lambert ne furent pas plus heureux pour les armées républicaines, et l'audace des Vendéens en acquit une nouvelle ardeur.

La Convention apprit avec rage la défaite de ces trois armées presque détruites, par ce qu'elle appelait des paysans sans discipline et sans organisation militaire. Le Comité de salut public prit alors une mesure vigoureuse, il cassa les généraux, rappela les représentants, et refit la tête de l'armée. Canclaux fut mandé à Paris et remplacé par l'Échelle, ancien maître d'armes. Aussitôt son arrivée à Nantes, l'Échelle, qui avait

reçu des instructions terribles, connaissant d'ailleurs tout le péril qu'il courrait en ne remplissant pas les vues du Gouvernement, forma le projet d'écraser d'un seul coup la haute Vendée, l'armée de d'Elbée, de Lescure, de Bonchamp, de Laroche-Jacquelein, d'attaquer ensuite la Vendée inférieure, où commandait Charette; ce dernier chef s'était séparé de la grande armée, à laquelle il refusait toute coopération. Cette conduite était un grand crime dans une pareille circonstance où il s'agissait du salut de son parti. Les chefs de la haute Vendée, instruits des mouvements ordonnés par le général en chef l'Échelle, concevaient l'étendue de leurs dangers et le besoin qu'ils avaient de réunir toutes leurs forces pour combattre avec quelque chance de succès les forces que la République leur opposait; mais les haines personnelles qui existaient entre les chefs des deux Vendées s'étaient réveillées avec plus d'animosité encore depuis le siége de Nantes et la mort de Cathelineau. Charette fut, dans cette circonstance, un mauvais chevalier; il trahit la cause vendéenne, en refusant de marcher; il quitta brusquement les Herbiers, et se renferma dans la ville de Legé, ce quartier-général favori, qui avait pour lui tant d'attraits; il ne pouvait servir plus efficacement les plans du général l'Échelle.

Le général l'Echelle avait combiné une attaque générale de la part de toutes ses forces sur deux points principaux. Les corps d'armée de Niort, de Saumur et du pont de Cé, marcheraient par Bressuire sur Châtillon, dans le temps que l'armée de Mayence avec les divisions de Nantes et de Luçon se porterait sur Chollet.

Le 10 octobre, les généraux Chalbos, Chambon, Chabot et Westermann avec les troupes de Niort arrivèrent à Bressuire, culbutèrent l'armée d'Anjou, et entrèrent à Châtillon. Cette ville échappa pour le moment à l'incendie qui éclairait d'ordinaire la marche des colonnes républicaines. Le général l'Échelle dirigea en personne l'attaque sur Mortagne et Chollet avec trente mille hommes. Les chefs vendéens dépêchèrent de nouveau à Charette pour le supplier de se reporter sur les Herbiers afin de s'opposer à la marche des républicains; il fut inexorable, comme s'il n'eût eu dans le moment d'autre intérêt que la destruction de la haute Vendée et le triomphe des patriotes: c'était pousser le ressentiment bien loin, puisqu'en résultat il y allait de la ruine des deux Vendées; cependant il se rapprocha de la mer et s'empara de l'île de Noirmoutier. Dans cette position, les généraux Bonchamps, Lescure et Baurepaire, divisèrent leurs forces en deux corps, en menant une partie au

Montholon.-Tome VI.

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