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timent aux préliminaires, ne dévia point de ses principes, et de sa constante opposition au système du précédent ministère. Il n'épargna point à M. Pitt les reproches et les récriminations. «< On doit reconnaître, disait-il, » que la paix est honorable et sûré; on la >> voudrait glorieuse, mais cette qualifica>>tion ne peut appartenir qu'à la paix qui >> suit une guerre glorieuse, et celle-ci ne » saurait être considérée comme telle, ni >> par son origine, ni par les principes qui >> l'ont dirigée, ni par ses résultats ». Justifiant ensuite, avec sa logique pressante, les conditions de la paix, et les assertions de lord Hawkesbury, il exprima fortement son improbation des coalitions formées pour rétablir en France l'ancienne forme de gouvernement il considérait « ces coalitions de >> princes, pour la mutuelle oppression de >> leurs sujets, comme le plus grand danger >> qui pût menacer le genre humain, et pen>> sait que l'Angleterre ne jouirait pas de sa » libre constitution, si de telles coalitions. » avaient pu se former ». Il rappela avec une

:

piquante et sévère ironie, la conduite et les expressions de M. Pitt, à l'époque où faisant des propositions au Directoire, il tremblait qu'elles ne fussent acceptées, et n'en voulait retirer d'autre fruit que de faire réussir ses plans de finance. « Un peu plus tard, >> dit-il, quand Bonaparte fit lui-même des » ouvertures de paix, M. Pitt dit qu'il fal>> lait temporiser, faire une pause; et cette » pause de M. Pitt a coûté la vie à des mil>> liers de braves, et soixante-treize millions » sterling à l'état; plus que les victoires du >> duc de Marlborough et du roi Guillaume » ensemble. La cause de l'excessif agrandis>> sement de la France, c'est la guerre ».

Le plus ardent ennemi de la pacification, M. Wyndham, ayant attendu la fin des débats pour rétorquer tous les argumens des ministres, dit que tout ce qu'il avait vu et entendu l'avait confirmé dans son opinion, et que tout ce qu'il avait pu conclure des raisonnemens de M. Pitt, malgré le ton vigoureux et l'air de dignité qu'il affectait, c'était que l'Angleterre était entièrement au pouvoir de l'en

nemi; il posa ainsi la question : « La paix » qu'on vient de faire est-elle meilleure que » la continuation de la guerre? » Et pour y répondre, il établit, « que le vrai but de la > guerre et le seul légitime était la conser>>vation de l'honneur national, et que sa » violation conduisait inévitablement à l'in>> famie et à la ruine.». La France aspirant constamment à la domination universelle, avait usurpé au commencement de la révolution l'empire de l'opinion; elle n'avait pas la puissance, mais les principes révolutionnaires en avaient ouvert et pavé le chemin ; << la puissance va maintenant disséminer ces » principes; s'ils ne sont plus d'usage dans >> l'intérieur, on les trouvera bons pour l'ex»portation. Bonaparte saura bien mainte>> nir le despotisme militaire en France, et >> le jacobinisme en Hollande. Les illuminés >> français n'ont d'autre but que de détruire >> toute moralité; ils ont rompu les liens » du mariage, et fait des instrumens de cor>> ruption de la plus belle moitié de la créa>>tion. Peut-on se mettre en communica

>>tion avec de tels ennemis de l'ordre social?... >> Ils nourrissent le même esprit hostile con>>tre ce pays; dans les temps de leur plus » horrible anarchie, ils étaient formidables >> par leurs principes, ils le sont devenus par >> leurs armes : il faut que la moderne Rome » détruise Carthage. Nous lui livrons par ce >> traité toutes nos garanties: on dit que nos >> capitaux, notre industrie toujours crois» sante, ne permettront jamais à la France >> de nous atteindre dans la carrière du com>> merce; mais pense-t-on que Bonaparte souf>> frira que cette concurrence, cette grande >> lutte commerciale, soient loyalement dé» cidées? Non, il interposera son épée; cette » paix ne sera qu'une trève armée ».

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M. Wyndham termina ce discours violent par de plus justes reproches au gouvernement; il appela l'attention de la chambre sur l'oubli qu'on avait fait des intérêts des Français émigrés. « On pouvait du moins, >> dit-il, stipuler leur sûreté et leur libre >> retour dans leur patrie : l'abandon de leur » cause est une déloyauté; et si l'on consi

» dère leur coopération avec les forces bri>>tanniques, c'est une ingratitude qui ré» fléchit sur le caractère national ». Plusieurs membres répliquèrent; mais cette dernière observation de M. Wyndham resta sans réponse. Le chancelier de l'échiquier résuma et fit valoir le système de modération. du nouveau ministère, et dit que cette paix faite avec probité, serait fidèlement exécutée. L'adresse au roi fut votée sans division, et les préliminaires furent approuvés.

Ainsi finit ce mémorable débat, dans lequel les orateurs qui brillaient alors au parlement des trois royaumes, en traitant des plus chers intérêts de leur pays, n'avaient pas moins à cœur d'établir dans cette occasion solennelle leur caractère comme hommes d'état aux yeux de leurs concitoyens et de la postérité. La paix était évidemment populaire; ni la jalousie de l'agrandissement de la France, ni le regret d'abandonner des alliés et de manquer à la foi des anciens traités, ni la restitution de plusieurs riches conquêtes n'ébranlèrent l'opinion. L'adhésion de

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