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déserts de leur empire, ils ne se seraient sûrement pas donné la peine de venir au-devant de nous.

D. Quelle est donc la source de cette erreur?

R. Un écrivain qui semble avoir pris à tâche de dénigrer sa patrie, M. Eugène Labaume.

.......

Puisqu'il faut l'appeler par son nom. »

Trompé par lui, j'ai moi-même répété la chose dans les Trophées des armées françaises; mais complétement désabusé, je me fais un devoir de la désavouer aujourd'hui.

D. Détaillez-moi les premières opérations de la campagne.

R. L'armée passa le Niémen dans les journées des 24 et 25 juin, poursuivit sa route, et entra le 28 dans l'ancienne capitale de la Lithuanie. C'est dans Wilna qu'une députation de la diète de Varsovie vint demander à l'empereur de proclamer l'indépendance de la Pologne.

D. Pourquoi ne le fit-il pas ?

R. M. Labaume trouve tout naturel d'en attribuer la cause à cette défiance qui est le caractère distinctif des tyrans; mais les hom

mes qu'aucune passion ne domine la voient dans la promesse faite par Napoléon de maintenir l'intégrité de territoire de l'Autriche et de la Prusse promesse qu'il aurait ouvertement violée en retirant à chacune de ces puissances la portion de territoire qui lui était échue lors du démembrement de la Pologne. D. Où et quand commencèrent les hostilités?

R. Le 28 juin, à Devoltovo. Le maréchal Oudinot força le général Wittgenstein à repasser la Dwina, pour se renfermer dans un camp retranché préparé sous Drissa. Les Russes furent pressés avec tant d'ardeur qu'ils n'eurent pas même le temps d'en faire sauter le pont.

D. Que fit ensuite Wittgenstein?

R. Ignorant le but des Français, il se jeta sur la route de Saint-Pétersbourg pour couvrir au moins la capitale de l'empire. Oudinot l'y suivit, et une campagne distincte s'ouvrit

entre eux.

D. Cette séparation dut affaiblir le corps principal des Russes?

R. Oui, mais Alexandre espérait voir incessamment arriver l'armée du prince Bagration. Pressé par trois corps français qui l'at

taquaient vers Minsk, en front, en queue et en flanc, Bagration se voyait sur le point d'être pris, lorsqu'il se vit sauvé par l'hésitation du roi Jérôme Bonaparte.

D. Où se trouva-t-il rejeté?

R. Sur le Dniéper. Sa retraite détermina celle des troupes du camp de Drissa, qui s'efforcèrent de se joindre à lui pour agir con

curremment.

D. Que pensait Alexandre de nos succès rapides?

R. Rien de bon pour ses états. C'est alors qu'il fit un appel à la grande nation pour renverser le tyran qui voulait renverser toute la terre? Il se rendit même dans les murs de Moscou afin d'activer par sa présence l'exécution des mesures offensives.

D. Qui prit, en son absence, le suprême commandement?

R. Barclay de Tolly. Se retirant dans la direction de Dunabourg, il fit mine de vouloir nous arrêter sur la Disna; mais bientôt il changea de plan pour continuer sa retraite; et l'armée, qui commençait à manquer de tout, se ravitailla dans les magasins de l'ennemi.

D. Où était Napoléon?

R. Toujours à Wilna. Il en partit, le 10 juillet, pour Gloubokoe. Là, il trouva répandue une lettre par laquelle les Russes excitaient les Français à la désertion. « Retournez chez vous, disaient-ils; ou si vous voulez en attendant un asile en Russie, vous y oublierez les mots de conscription, de ban, d'arrièreban, et toute cette tyrannie militaire qui ne vous laisse pas un instant sortir de dessous le joug.

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D. Que faisait l'armée ?

R. Son avant-garde, que le roi Murat commandait en personne, culbutait dans les champs d'Ostrowno, le corps ennemi du général Ostermann. Incertaine du nombre d'hommes qui se trouvait devant elle, cette avantgarde attendait des ordres ultérieurs, lorsque Napoléon leva tous les doutes en ordonnant d'avancer. Il avait deviné que la résistance d'Ostermann n'avait pour principal objet que de couvrir la retraite générale des Russes. D. Quel fut le résultat de son ordre?

R. Un succès complet sur tous les points. Ce fut dans la nuit qui suivit cet engagement que nous perdîmes, par une méprise de factionnaire, l'intrépide général Roussel, occupé de visiter les avant-postes,

D. Qu'aurait-il vu le lendemain si la mort n'avait terminé sa vie?

R. L'armée russe en pleine déroute, et particulièrement l'arrière-garde. Forcé dans toutes ses positions, le comte Pahlen, qui venait de succéder au général d'Hermann, fuyait écrasé par la cavalerie du roi de Naples. D. Ce combat n'offrit-il rien de remar quable?

R. 200 voltigeurs du 9° régiment d'infanterie légère soutinrent, sans se désunir, le choc réitéré des cosaques de la garde impériale russe. Ils combattaient sous les yeux même de l'empereur et de l'armée. Allez leur dire qu'ils sont de braves gens, dit Napoléon à un officier qui se trouvait près de lui. Parmi eux se trouvait le vaillant capitaine Guyard, dont j'ai parlé au siége de Gaëte: ses compa gnons étaient presque tous enfans de Paris.

D. Quel fut pour nous le résultat du dernier engagement?

R. L'occupation de Witepsk après un violent combat.

D. Que devenaient Bagration et Barclay de Tolly?

R. Le premier mandait au second que, trop vivement pressé par le maréchal Davoust,

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