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forces, et l'exaspération des habitans; il lui conseille même de se travestir pour éviter les effets de la fureur aveugle d'une populace effrénée; il le fait soigneusement escorter jusqu'aux avant-postes. Sur le rapport du parlementaire, le général Bubna hésite, et la prise de Lyon est manquée.

Cependant le lendemain, à l'entrée de la nuit, une vive fusillade s'engage vers la porte Saint-Clair, entre les deux avant-postes français et autrichiens; les premiers se replient, et les Autrichiens pénètrent jusqu'au faubourg, mais sans oser pousser plus loin leurs attaques circonspectes. Les habitans consternés s'attendoient que le jour éclaireroit la conquête de la ville. Mais le général Meusnier ordonne à la troupe de ligne de reprendre les avant-postes; le vingt-quatrième régiment s'avance jusqu'au village de Calvire poste militaire important, et force à la retraite les premiers détachemens ennemis. Le même jour,' à six heures du soir, arrivent de Valence douze cents hommés d'infanterie de ligne; une immense population se porte à leur rencontre, et les accueille avec des cris de joie, comme des libérateurs. Soudain toutes les maisons du faubourg de la Guillotière, du quai du Rhône,

de la place des Terreaux sont illuminées; c'est à qui offrira vivres et asile à ces braves accourant à la défense de la seconde ville de l'empire, menacée par douze à quinze mille Autrichiens: ces têtes de colonnes avancent aussitôt sur l'ennemi qui cesse à l'instant toutes ses démonstrations offensives. Vingt pièces de canon et neuf cents hommes entrent encore dans Lyon, et le 21 arrivent aussi deux cents hommes de cavalerie légère, ayant le maréchal Augereau à leur tête.

Le général comte Bubna évacue immédiatement tous les postes qu'il occupoit aux environs de la ville, et continuant le 22 son mouvement rétrograde, il se porte de Montluel à Maximieux et au pont d'Ain. Lyon et Mâcon se trouvent ainsi dégagés en même temps.

Le maréchal Augereau adresse aussitôt une proclamation énergique aux Lyonnais, en ces

termes :

« Je vous ai trouvés désarmés devant un >> ennemi foible en moyens, et incertain dans » ses mouvemens. Vous frémissez, Lyonnais, » d'avoir été insultés jusques dans vos murs, » par un ennemi fier d'un instant de surprise » Marchons en avant, et ne laissons à l'armée

>> qui accourt pour vous défendre, que le soin

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» de poursuivre jusqu'aux frontières l'ennemi » que vous avez déjà mis en fuite. »

Le maréchal se dispose à prendre l'offensive, espérant chasser les Autrichiens de Chambéry, où ils venoient d'entrer, puis de marcher droit sur Genève, et de manoeuvrer ensuite sur les derrières de la grande armée alliée en Franche-Comté et en Suisse.

Cependant, Châlons-sur-Saône, malgré sa première résistance, venoit de succomber. Le général Legrand s'étoit efforcé en vain d'y rassembler des forces suffisantes. Le prince de Hesse-Hombourg avoit fait attaquer la ville, s'en étoit emparé, et y avoit pris quelques

canons.

Le général comte Bubna occupoit tout le pays, depuis les environs de Grenoble, sur sa gauche, jusqu'aux portes de Mâcon, sur sa droite, ayant son centre à Bourg-en-Bresse.

Mais la prise de Châlons ne pouvoit compenser l'échec reçu devant Lyon; l'effet moral, surtout, fut prodigieux en faveur de la cause de Buonaparte; et dès-lors, on jugea la défense nationale praticable et le seul moyen de salut. Tout fut employé afin d'exciter le peuple à s'armer pour le soutien d'un trône qu'on s'efforçoit d'identifier avec la patrie.

Mais si Lyon avoit pu se soustraire à douze à quinze mille Autrichiens agissant avec irrésolution et sans fermeté, une autre ville de France, presque aussi célèbre, sans être ni aussi riche, ni aussi peuplée, Dijon, l'ancienne capitale de la Bourgogne, ne put échapper à un détachement de la grande armée du généralissime prince Schwartzenberg. Le prince de Hesse-Hombourg fut chargé de marcher avec son corps d'armée, de Châlons sur Dijon, afin de s'emparer de cette ville. importante.

Le danger étoit pressant: Napoléon avoit à craindre à la fois l'invasion par les deux grandes routes de la Champagne et de la Bourgogne. Le comte de Ségur, commissaire extraordinaire, fut envoyé dans cette double direction; à Troyes, à Chaumont, à Dijon, et sur tous les points menacés; partout il s'efforça d'électriser les esprits dans ses proclamations. Après avoir dit aux habitans de Troyes que Napoléon avoit renoncé à tout projet d'agrandissement, qu'il avoit accepté toutes les conditions de paix, qu'il alloit s'avancer en personne à la tête de ses armées pour combattre l'ennemi, il ajoutoit : « Mais l'ennemi ne sera » pas assez insensé pour oser pénétrer au milieu

» d'une nation qui se lève et qui s'arme pour » l'arrêter!... Habitans de l'Aube, les sacrifices » qu'on vous demande seront les derniers. »

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Il donna les mêmes assurances aux habitans de Chaumont, consternés du mouvement rétrograde des troupes françaises : « L'armée de quatre-vingt mille hommes de l'empereur, » leur dit-il, qui arrivera parmi vous avant » peu, écraseroit les ennemis s'ils osoient pénétrer dans l'intérieur d'un pays armé pour » les arrêter; ils trouveroient leur retraite fer» mée par l'armée du Rhin; les gardes na>>>tionales leur enleveroient toute subsistance. » Habitans de la Haute-Marne, l'empereur Napoléon veut décidément que ces sacrifices » soient les derniers. » Puis, prenant la route de la Côte-d'Or, il s'efforce également d'y produire un mouvement national en faveur de Napoléon. «<< En Alsace, dit-il aux habitans » de la Bourgogne, en Alsace, tout le peuple » s'est armé à l'approche des ennemis, et ils » ont fui devant les fusils de nos guerriers..... » Habitans de la Côte-d'Or, ne croyez pas qu'une armée puisse pénétrer au centre d'un » pays où l'on est décidé à lui ôter tout espoir » de retraite. L'armée du Rhin grossit à chaque >> instant; l'armée de l'empereur, et sa redou

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