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l'attaque qu'il méditait pour la nuit suivante, être détruite tout à la fois.

Toutefois, pendant ce premier bombardement, voulant engager les Français à démasquer toutes leurs batteries, que des plis de terrein et la couleur des escarpemens ne permettaient

pas de bien distinguer, Nelson profita de la marée pour faire appareiller ses vaisseaux et leur faire longer le rivage, et le niouillage de la flotille ; une vive canonnade s'engagea entre la terre et ces vaisseaux qui lâchaient tour à tour leurs bordées en revirant, mais avec peu d'effet; celui des bombes, malgré l'ardeur et l'adresse des canonniers anglais n'ébranla point la ligne d'embossage ; une canonnière et un bateau plat seulement furent coulés bas. Le changement de vent au moment où la marée se retirait, obligea les Anglais à abandonner une position qui devenait périlleuse : leur flotle s'éloigna ne laissant qu'une faible croisière devant Boulogne , et mouilla le. 6 août aux rades de Margate et de Deal.

Cette lentative infructueuse fut présentée

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comme un simple coup d'essai. Lord Nelson, dans son ordre général, du 5 août, devant Boulogne à bord de la Méduse , après avoir témoigné sa satisfaction aux commandans des bombardes et aux officiers d'artillerie, ajouta: « Le commandant en chef n'a pu s'empêcher » de remarquer le zèle ardent et le désir qui s'est manifesté dans tous les rangs,

de join» dre l'ennemi corps à corps ; il eût donné » libre carrière si le moment eût été pro» pice, mais les officiers et les soldats peu» vent compter sur une occasion prochaine » de faire paraître leur bon jugement, leur » zèle et leur valeur ».

Telle était l'exaspération des deux partis, qu'on eût dit qu'ils ravivaient les haines nationales pour repousser la paix; jamais la guerre de plume ne fut plus active d'une et d'autre part, les écrivains, dont les publications pouvaient être considérées comme officielles, avaient renoncé à toute espèce de modération; ils abjuraient les principes du droit des

et ne conservaient aucun des égards que se doivent entre elles, même

gens,

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en état de guerre, les nations civilisées. M. Otto, malgré la continuation des hostilités avait été retenu à Londres, sous le prétexte des échanges de prisonniers, pour pouvoir, selon l'opportunité des circonstances, renouer le fil des négociations; il devint l'objet des soupçons les plus offensans, dont son noble caractère, et l'estime dont il avait joui en Amérique et en Angleterre auraient dû le défendre : plusieurs feuilles ministérielles l'accusèrent d'avoir surpris et livré à son gouvernement le secret des opérations du ministère, et d'avoir donné même un plan d'invasion : sa présence, disait-on, n'était ni désirable ni sûre, et dans des circonstances aussi graves, un agent de l'ennemi ne devait pas être exposé aux insultes du peuple. Il était facile de reconnaître à ce langage les hommes qui considéraient la paix dont ils se disaient menacés, comme la plus grande calamité qu'eût pu amener la

guerre. Les répliques des feuilles officielles françaises renchérissaient sur cette virulence; les insinuations indirectes adressées à M. Otto

pourl'engagerà s'éloignerde Londres, étaient présentées comme des provocations à l'assassinat de ce ministre : on accusait hautement plusieurs menıbres du parti ministériel d'avoir tramé le complot de la machine infernale ; et comme la main qui dirigeait ces espèces de manifestes ne pouvait être méconnue, l'Europe attentive à ces violentes provocations, ne croyait plus à la possibilité d'une pacification : la seconde attaque contre Boulogne en éloigna plus encore l'opinion.

L'escadre fut augmentée de trente bâtimens de différente espèce; la presse, mêine dans la cité, fut autorisée pour un mois. Dès que l'amiral Nelson, qui n'avait point quitté son bord, eut reçu les renforts et les secours que le gouvernement se hâta de lui porter, et qu'il eut fait embarquer trois à quatre mille soldats de marine, il appareilla de la radede Margate avec soixante et dix voiles; il se dirigea d'abord vers l'est, comme s'il eût voulu se porter sur Flessingue, ou attaquer quelque autre point de la côte de Hollande. Les Français ne prirent point le change ; il

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était évident que le vainqueur d'Aboukir et de Copenhague, irrité de la résistance qu'il avait rencontrée, voulait à tout prix, en présence des deux nations, vaincre un obstacle qu'il avait d'abord méprisé, et enlever à l'abordage, sur la rade ouverte de Boulogne, cette flotille qu'il n'avait pu contraindre à rentrer dans le port,

De son côté l'amiral français avait mis le temps à profit; il avait fait construire des

' batteries sur les points qui vers les extrémités de la ligne avaient été négligés, et dont l'ennemi pouvait tirer avantage ; on avait fait venir, des places fortes le plus à portée,

à une plus grande quantité d'artillerie : on avait placé des mortiers dans les intervalles des batteries, et disposé les troupes de terre, de manière à ce qu'elles pussent au besoin prendre une part active à l'action; la ligne d'embossage était aussi renforcée de quelques bâtimens, et soutenue par des bombardes.

Le 15 août, la flotte anglaise ralliée mouilla à peu près à trois mille toises de l'avant-garde française. L'amiral Latouche s'étant aperçu,

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