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CHAPITRE XIII.

MADAME, duchesse d'Angoulême, paroît en Belgique.

IL y avoit à peine deux mois que la fille de Louis XVI avoit laissé Louis XVIII dans sa capitale, environné de toute sa puissance : et elle le retrouvoit dans l'exil!

Sur la route de Paris à Bordeaux, elle avoit recueilli partout, à son passage, les tributs de l'allégresse et du bonheur des peuples, pour les apporter aux pieds du trône : et elle revenoit chargée du poids des douleurs de la France! épreuve digne d'une âme depuis long-temps placée au-dessus de toutes les infortunes.

L'héroïne de Bordeaux avoit en vain interrogé le silence des soldats qui trahissoient

sa cause, mais qui, du moins, restoient muets en présence d'un courage égal à tant de malheurs. Elle s'étoit donc arrachée du sein d'une ville qui vouloit braver les vengeances du tyran, et qui avoit eu un si fidèle interprète dans l'un de ses illustres citoyens, lorsque ce chef des députés de la France protestoit énergiquement contre l'usurpation et aspiroit à l'honneur d'être la première victime de l'ennemi du Roi, de la Patrie, et de la liberté (1).

MADAME avoit traversé l'Océan, et après avoir séjourné en Angleterre, elle venoit un moment, pleurer avec des Français, sur l'abaissement de la France; et dépositaire des secrets d'Etat confiés à son auguste entremise, elle retournoit presqu'aussitôt à la cour de Londres.

Avant de repartir, MADAME assista, le

(1) Déclaration de M. Lainė.

31 mai, à une revue générale des troupes fidèles, dans la plaine de Walden près Alost. Ce fut un beau jour pour nous, et une grande consolation pour Son Altesse Royale. «Il me << semble que je suis dans une petite France! >> dit la Princesse, au moment où elle se trouva au milieu des serviteurs du Roi.

MADAME n'adressa particulièrement aucune parole aux Volontaires du bataillon de l'Ecole de Droit. Nous avions si bien pris la tournure des autres corps de simples soldats, que son Altesse Royale ne nous avoit pas reconnus. Elle en manifesta le jour même son regret à plusieurs chefs de l'armée, en ajoutant qu'elle vouloit voir quelques-uns des Elèves, pour les charger de porter à tous leurs frères d'armes l'expression des sentimens qu'elle auroit désiré nous témoi

gner

elle-même. Déjà nous étions retournés à Moërsecke, notre dernier cantonnement, à quatre lieues de la plaine de Walden;

mais le bataillon s'empressa de voter à son Altesse Royale l'adresse suivante :

« MADAME,

<< La bienveillance que votre Altesse «< Royale a daigné nous témoigner, est la << plus douce récompense que pouvoit rece« voir notre dévouement.

«< Être fidèles aux Bourbons, c'est l'être « à l'honneur et vouloir le bonheur de notre <<< patrie.

<«< Chaque jour du règne de Sa Majesté << nous a convaincus que nous avions cessé « d'être malheureux en retrouvant notre « père. Jeunes encore, nous n'avons rien << fait pour mériter les grâces dont Sa Ma<< jesté nous a comblés. Puissent les chances << de la guerre nous offrir l'occasion de prou<< ver notre zèle pour le service du Roi et << notre reconnoissance pour ses bienfaits!

«Daignez croire, MADAME, que le sou

<< venir du regard de bonté que la vertu a << laissé tomber sur nous, sera toujours notre << guide. >>

Cette adresse fut portée par une députation de Volontaires, qui revinrent pénétrés de nouveaux sentimens d'admiration et de reconnoissance pour l'héritière des vertus d'un Roi martyr.

CHAPITRE XIV.

Appel des Elèves de l'Ecole de Droit à tous les Volontaires

royaux.

Aux approches des hostilités, les Elèves en Droit adressèrent une proclamation à tous leurs frères d'armes restés en France : mais comme elle contenoit des expressions incompatibles avec la clémence du Roi, toujours inépuisable, même pendant le triom

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