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vint en Angleterre en même temps que celle du combat d'Algésiras, dont la fâcheuse impression fut ainsi balancée. On eut raison de faire honneur à sir James Saumarez de sa prudente manoeuvre au vent de l'escadre combinée, et du désordre qu'il y jeta pendant la nuit par son attaque audacieuse au milieu du détroit: la prise du Saint-Antoine désemparé sous le feu de deux vaisseaux anglais dans la funeste nuit du 12 au 13, compensa la perte de l'Annibal; mais la victoire remportée par l'amiral Linois devant Algésiras, et le beau combat du Formidable, assurèrent au pavillon français la gloire et l'avantage de cette courte et mémorable campagne de mer.

CHAPITRE IV.

Projets offensifs, menaces et appréts du

premier Consul , pour une expédition en Angleterre. — Moyens de défense des Anglais. Flotille française. Attaques de l'amiral Nelson contre Boulogne. Ouverture des négociations entre la France et l'Angleterre.

La soumission du Portugal avait éteint les derniers brandons de la guerre sur le continent; le cabinet de Saint-James , qui depuis dix ans avait épuisé toutes les combinaisons de ligues contre la France, cessa de lutter d'influence avec les vainqueurs, et de prodiguer l'or pour payer des défaites. Il se renferma dans son système de guerre

inaritime, poursuivant ses avantages sur les deux mers, afin d'achever, s'il se pouvait, la destruction des restes de l'ancienne marine des Bourbons, et n'opposant plus à l'ennemi que ses flolles formidables et son inébran

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lable constance. Les puissances, qui tour à tour avaient supporté le poids de la guerre, tour à tour s'imputant la cause de leurs revers, et s'accusant de défection, avaient rompu le faisceau. Les subsides de l'Angleterre n'étaient qu'un faible secours, et ne pouvaient compenser la dixième partie des pertes causées

par
les désastres de la

guerre, sur le territoire de ses alliés : des publicistes fameux, tels que Gentz et quelques autres dont la fortune a fait depuis des prophètes politiques, prêchaient alors vainement une nouvelle croisade contre la révolution française; les souverains n'avaient plus d'intérêt direct à sacrifier leurs armées, à consommer la ruine de leurs finances pour atteindre un but incertain; tous, le seul empereur de Russie excepté, saisissaient avidement les dédommagemens que leur offrait le nouvel ordre de choses, ou les espérances, qu'à défaut de gages plus réels, le conquérant ne manquait pas de faire briller à leurs yeux.

à Ce désarmement des puissances continentales était un véritable abandon de la cause

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commune; elles n'étaient plus que spectatrices de la lutte entre la France et l'Angleterre; mais dans cet élat de neutralité, on apercevait aisément la cause de la dissolution successive des précédentes coalitions. On voyait percer de toutes parts la jalousie qu'avaient fait naître les prospérités de l’Angleterre et les résultats de son monopole : son zèle et ses sacrifices excitaient plus d'envie

que de reconnaissance, et sa domination n'était pas moins redoutée

que

celle de sa rivale.

Au milieu de ses triomphes, le premier Consul réduit à l'impuissance d'atteindre uri ennemi qui, défendu par les tempêtes ou protégé par des forces navales si supérieures, pouvait braver en sécurité ses vaines menaces, essaya cependant, et réussit à vaincre sa persévérance ; il se montra résolu à réaliser à tout prix, par des efforts et par des moyens nouveaux, la chimère d'un projet d'invasion des îles britanniques. Toutes les ressources de la France y fureni destinées; il exalta l'ambition de ces nornbreux et fiers

;

soldats, dont la valeur désormais oisive avait surmonté tous les obstacles, et leur montrait comme César à ses légions, le court trajet du canal de la Manche, vers lequel il les dirigeait, moins difficile à franchir que les Alpes, les Apennins et les Pyrénées. Son premier soin fut de mettre les côtes. de l'Océan dans le meilleur état de défense depuis les bouches de l'Escaut, jusques à celles de la Garonne, aucun point ne fut négligé. Une immense quantité d'artillerie et de munitions y fut répandue; on éleva partout des batteries et des redoutes; le plus petit port-, le moindre mouillage furent mis hors d'insulte; on épuisa les arsenaux, on en forma de nouveaux; les mortiers à grande portée, les grils à rougir les boulets furent multipliés; tous les postes étaient gardés avec la plus sévère vigilance; la rapidité des communications entre eux et avec Paris, était assurée par des lignes télégraphiques : en même temps qu'on armait dans tous lest ports, les bâtimens de guerre de tout rang, de toute espèce, on construisait sur tous les

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