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rica, sur la côte de Caramanie; cette seule chance lui laissait l'espoir de pouvoir atteindre à la côte d'Égypte, avant d'être alteint lui-même par l'escadre de Warren, qui, sans doute, était déjà dans ses eaux. Mais il fut bientôt désabusé de cette espérance; les prises qu'il fit le 10 et le 13 février, du cutter le Sprighly, aviso expédié par l'amiral Keith, et de la frégate le Succès, lui donnèrent l'assurance que la grande expédition sous le convoi de cet amiral et sous les ordres du général Abercrombie, avait mis à la voile, et que le débarquement devait s'opérer aux bouches du Nil, où se trouvait déjà rassemblée l'escadre du commodore Bickerton.

Certain d'être devancé par des forces triples des siennes, et poursuivi par l'es cadre de Warren, l'amiral Gantheaume dut renoncer à son entreprise; car s'il persistait à suivre ses premières instructions, il tombait inévitablement aux attérages d'Égypte, dans la flotte réunie de Keith et de Bickerton, et ne pouvait se flatter ni d'exécuter un dé

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barquement en leur présence, ni de se retirer après un combat inégal, et d'échapper à l'amiral Warren. Il ne songea donc plus qu'à dégager son escadre d'un péril si pressant; et changeant de route, il cingla vers les côtes de Provence, et entra heureusement à Toulon, avec les diverses prises qu'il avait faites.

Comme nous l'avons dit plus haut, le premier Consul prodiguait sans ménagement tous les moyens en son pouvoir pour secourir son armée d'Orient'; et, de son côté,

;

le

gouvernement anglais qui ne mettoit pas

moins d'importance à lui ravir cette belle conquête avant d'entrer en négociation, y employait directement ou indirectement les plus précieuses ressources, presque toutes ses forces navales ; ses pavillons couvraient , au milieu de l'hiver, l'Océan et la Méditerranée.

Le 13 février, au moment où l'amiral Gantheaume venait de franchir le détroit de Gibraltar, une division de frégates ayant à bord des troupes de débarquement commandées par le général Desfourneaux, et une

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grande quantité d'armes, de munitions, d'effets militaires et d'instruinens aratoires, appareilla de Rochefort, pour l'Égypte, sous les ordres du capitaine Saulnier, montant la fregate l’Africaine , de quarante-quatre canons. Dès le lendemain du départ, cette belle frégate fut séparée du reste de la division, par un violent coup de vent, et le capitaine Saulnier fut contraint de poursuivre sa route isolément : deux frégates et un brick anglais lui donnèrent chasse à la hauteur du cap Laroque; il leur échappa et parvint jusqu'à l'entrée du détroit sans avoir rallié un seul bâtiment de son convoi : mais le 19 février, l’Africaine fut reconnue et atteinte sous

Ceuta , par la frégate anglaise, la Phoebé, commandée

par

le capitaine Robert Barlow. Cette fois, le capitaine Saulnier, dont l'unique objet était de hâter sa marche, s'engagea vivement, à la nuit close et à portée de pistolet : comme l'Africaine élait, pour ainsi dire, armée en flûte, et que son entrepont était encombré de soldats et d'effets, le capitaine tenta deux fois d'enlever la Phoebe

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à l'abordage. Les grenadiers et chasseurs du général Desfourneaux, impatiens de combattre et de joindre l'ennemi sur son bord couvraient les gaillards et le tillac de l'Africaine ; leur foule, leur ardeur et leurs cris, ainsi que l'obscurité de la nuit, gênaient le mouvement des matelots, mettaient partout la confusion. Les Anglais, au contraire, manoeuvrant librement et avec l'ordre qu'ils savent si bien maintenir , évitèrent habilement ce terrible abordage. Le capitaine Saulnier , le général et tous les officiers firent de vains efforts pour débarrasser les ponts ; pas un soldat n'en voulût descendre; ils s'indignaient qu'on voulut les arracher du poste le plus périlleux : la première bordée de la Phoebe, lâchée sur cette masse de braves en fit une horrible boucherie. Ceux que le sort épargna dans cette scène de carnage, livrés à leur impuissante fureur, ne firent qu'accroître le désordre ; les manoeuvres de l'Africaine furent de plus en plus entravées ; les artilleurs de terre s'empressaient de remplacer

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les canonniers de marine; les grenadiers prenaient la place des matelots renversés par le boulet et la mitraille, tandis que d'autres courant çà et là, la hache d'abordage à la main, croyaient pouvoir se jeter dans le vaisseau ennemi comme dans une redoute. Le feu prit à bord de l'Africaine, et fut éteint par l'activité des troupes. Le combat durait depuis plus de deux heures avec le même acharnement, mais il n'y avait plus d'espoir de salut; le brave Saulnier avait été tué; son capitaine en second, Magendi, avait eu le crâne fracassé; le colonel Duguet, commandant les troupes à bord, venait de périr; le général Desfourneaux et presque tous ses officiers étaient grièvement blessés : le pont était jonché de morts, les canons démontés, et la frégate entièrement désemparée et entr'ouverte, était près de couler bas; dans cette situation désespérée, le lieutenant de vaisseau Lafitte, se décida à amener le pavillon de l'Africaine, assez honoré par une si belle défense.

Il y a peu d'exemples d'un 'engagement

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