Napoléon lui-même voulut se saisir de Guttstadt, où l'arrière-garde ennemie s'était établie ; il s'en rendit maître après une vive résistance. Un combat plus sérieux eut lieu à Heilsberg, à trois lieues de Guttstadt: les corps de Lannes et de Soult, soutenus par la cavalerie de Murat, s'engagèrent avec l'armée russe presque entière; l'artillerie ennemie fit d'affreux ravages dans les rangs français; les Russes restaient inébranlables sous l'attaque toutefois ils quittèrent le surlendemain leurs retranchements. Par ces quatre combats rapidement livrés en cinq jours, Napoléon avait préparé une bataille où devaient s'engager toutes ses forces. Le général en chef russe, Beningsen, sembla vouloir éviter ce grand choc, et, le 12 juin, il abandonna ses retranchements de Heilsberg; le 14, au point du jour, il était atteint par l'armée française sur la rive gauche de l'Alle, près de Friedland, à quinze lieues sud-est de Konisberg. Ce ne fut tout le jour qu'un échange de manoeuvres savantes. Enfin, le soir, vers cinq heures, la bataille se déclara par un engagement général des plus effroyables. Berthier, Lannes et Mortier rivalisèrent d'audace; Bernadotte, blessé à Spanden, était suppléé par Victor d'une vaillance calme et ferme. Chacun eut sa part dans cette lutte Ney avec la fougue de son courage; Soult et Davoust avec leur intrépidité réfléchie; et auprès d'eux les généraux Oudinot, Marchand, Latour -Maubourg, Verdier, aspirant au premier prix de la valeur. Le général d'artillerie Sénarmont commandait, à quatre cents pas en avant des colonnes, une batterie de trente pièces de canon, et, par un feu de mitraille bien conduit, il foudroyait les masses immobiles de l'armée russe : ce fut le gain de la bataille. Les Russes, partout accablés, hâtèrent leur retraite sur la rive droite de l'Alle; les Français victorieux s'avancèrent sur la rive gauche; la fuite n'était pas celle d'une déroute honteuse, mais d'une défaite éclatante, et telle qu'il la fallait pour la gloire de Napoléon et de ses lieutenants. Les Russes perdirent dix-sept mille hommes, autant de prison niers et soixante-dix canons. La perte des Français fut moindre, mais cruelle; plusieurs généraux périrent dans l'action; tous s'étaient jetés au plus fort des périls; Victor fit tout plier devant lui par sa bravoure; Napoléon le fit maréchal sur le champ de bataille. Le colonel Curial brilla entre tous les autres ; Napoléon le fit général. Le nom de Friedland resta grand dans l'histoire des plus grandes jour nées militaires; toute l'Europe fut éprise d'admiration; officiers et soldats semblaient avoir surpassé leur renommée, et Napoléon lui-même surpassait sa fortune. Dès ce jour tout céda aux armes françaises. Soult entra librement à Konisberg. Neisse, dans la haute Silésie, ouvrit sa forte citadelle; Glatz, près de la Bohême, capitula, ainsi que Kosel dans la Silésie; enfin la Grande-Armée alla établir son quartier-général à Tilsitt, sur la rive gauche du Niémen. Toute la Prusse, à l'exception de quelques places qui tenaient encore, étaient sous la main de Napoléon; ainsi étaient vengées les injures faites soixante ans avant à la gloire française; ainsi s'expiaient la popularité de Frédéric II et la fierté que son nom avait laissée à sa famille et à son royaume. La campagne qui venait de s'achever à Friedland n'avait pas duré quinze jours; toutes les destinées de l'Europe en furent changées. Le 21, un armistice fut signé à Tilsitt, et on ouvrit des négociations de paix. Le 25, les deux empereurs, Napoléon et Alexandre, se visitaient sous un pavillon dressé sur un radeau au milieu du Niémen; entrevue imposante où se pesa le sort des vieux États entre deux souverains également épris de gloire dans l'inégalité de leur génie. La victoire avait rendu la paix facile. Les conditions n'en devaient être fatales qu'à la Prusse. Le roi de Prusse, admis à une seconde entrevue, n'eut qu'à plier devant la fortune. Tous ses États étaient perdus; l'empereur Alexandre obtint qu'on lui laissât la moitié de sa Monarchie. L'Europe fut remaniée; une grande partie de la Pologne prussienne passa au roi de Saxe qui prit le titre de grand duc de Varsovie; toutes les anciennes bornes furent changées, on laissa survivre quelques petites principautés d'Allemagne; d'autres disparurent'. Quant aux États prussiens, ils ne furent plus qu'une communication militaire entre le duché de Varsovie et la Saxe, et le roi Frédéric-Guillaume III s'obligea à tenir son reste de royaume fermé à la navigation. et au commerce de l'Angleterre. A ce prix, Napoléon devait évacuer le territoire prussien avant le premier octobre, mais seulement après que la contribution de guerre serait acquittée. C'était l'abaissement le plus humiliant qui jamais eut atteint une couronne. La Prusse venait de perdre en quelques jours le fruit d'une ambition savante et parfois glorieuse, qui d'un électorat médiocre l'avait, en un siècle, élevée à la puissance d'une grande monarchie. Mais Napoléon donna à cette humiliation un caractère de vengeance peu digne d'un vainqueur. La reine de Prusse était célèbre par sa beauté, elle venait de se rendre plus célèbre encore par son courage. Napoléon prit plaisir à aggraver l'adversité sur la tête de cette femme, par l'éclat de ses affronts et de ses mépris. Il affecta de la traiter avec insolence, lorsqu'il eut été beau de la traiter avec respect et avec honneur: il ne fit qu'attirer vers elle tous les cœurs; et pour lui, il semait au fond des âmes un germe secret d'indignation. Nouveau venu sur le trône, il semblait ne croire qu'à la victoire et à l'épée: en humiliant les royautés il abaissait la sienne; il ne soupçonnait pas que la gloire. a besoin non-seulement de modération, mais de dignité, et qu'il y a quelque chose de plus sacré que la gloire même, c'est le malheur. Traités du 7 et du 9 juillet. La paix de Tilsitt régla l'existence des États nouveaux. Joseph, Louis, Jérôme, frères de Napoléon, furent reconnus, le premier comme roi de Naples, le second comme roi de Hollande, le troisième comme roi de Westphalie. Dantzick recouvra une sorte d'indépendance avec un territoire libre de deux lieues de rayon. La confédération fut maintenue, et l'Em Voyez des détails curieux sur les princes d'Allemagne dans les Mém. de Bourrienne, tom. VII. niers et soixante-dix canons. La perte des Français fu HIS furent plus qu'une moindre, mais cruelle; plusieurs généraux périrent darsa survivre que l'action; tous s'étaient jetés au plus fort des périls; Vic autres dispar maréchal sur le champ de bataille. Le colonel CurialVarsovie et la Sax fit tout plier devant lui par sa bravoure ; Napoléon entre tous les autres ; Napoléon le fit général. Le no à tenir son reste de Friedland resta grand dans l'histoire des plus grandeerce de l'Angleterr nées militaires; toute l'Europe fut éprise d'admr territoire prussien officiers et soldats semblaient avoir surpassé leur mée, et Napoléon lui-même surpassait sa fortune ement après que la con était l'abaissement le p librement à Kœnisberg. Neisse, dans la hauts le fruit d'une ambitio Dès ce jour tout céda aux armes françaises. Se couronne. La Pruss ouvrit sa forte citadelle; Glatz, près de la Bohêm un électorat médiocre ainsi que Kosel dans la Silésie; enfin la Grasance d'une grande mon du Niémen. Toute la Prusse, à l'exception eu digne d'un vainqueur. I avant à la gloire française; ainsi s'expiaienté, famille et à son royaume. sur la tête de cette fem 'il eut été beau de la traiter places qui tenaient encore, étaient sous la misa beauté, elle venait d léon; ainsi étaient vengées les injures faitesar son courage. Napolé de Frédéric II et la fierté que son nom avle ses mépris. Il affecta d La campagne qui venait de s'achever à Fe fit qu'attirer vers elle. 1 furent changées. Le 21, un armistice fut Vean venu sur le tether. pas duré quinze jours; toutes les destinéelait au fond des Ames **** reurs, Napoléon et Alexandre, se visite: 1 e 360p666mm pr imposante où se pesa le sort des vieuxe those sa pline with villon dressé sur un radeau au milieu du ent le mother th on ouvrit des négociations de paix. 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