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de se rendre dans les Pays-Bas, et de prendre connoissance de tout ce qui pouvoit intéresser le bien de l'Eglise. Ses instructions portoient de ne faire aucun changement, S. S. se réservant de prendre toutes les mesures convenables, et se proposant entr'autres d'envoyer un nonce dans les Pays-Bas. M. Ciamberlani fit connoître ses instructions au prince souverain, qui répondit qu'il ne se mêloit point des affaires de l'Eglise; que le supérieur des missions pouvoit remplir les fonctions qui lui étoient confiées, et que pour lui il seroit flatté de recevoir un envoyé du saint Siége. Mr. Ciamberlani partit avec cette réponse verbale, et arriva, le 12 janvier dernier, à Malines. Il eut quelques conférences avec les vicaires-généraux, visita le séminaire, et prit sur l'état du diocèse toutes les informations qui faisoient l'objet de son voyage. Nous nous réjouissions de voir parmi nous un envoyé du saint Siége, et nous flattions que sa présence nous annonçoit des jours plus sereins et étoit un gage de concorde et de paix, quand, le 19 janvier, le sous-intendant de Malines reçut du commissaire général de la justice, à Bruxelles, l'ordre de faire conduire sur-le-champ, et par la maréchaussée, Mer. Ciamberlani hors du territoiré de la Belgique, attendu, étoit-il dit, qu'il ne s'étoit point présenté au gouvernement. Voilà du moins comment on nous a rapporté les faits. Mer. Ciamberlani, sans paroître ému d'un traitement si inattendu, répondit qu'il se réjouissoit de boire dans le calice d'amertume dont le saint Père avoit été abreuvé. Il se proposoit, dès qu'il seroit arrivé en Hollande, d'envoyer un courrier à La Haye auprès du prince. Il est inutile de dire combien cè procédé a affligé nos bons catholiques. Ils se récrient également et contre la mesure en elle-même, et contre le mode d'exécution. Faire conduire par la maréchaussée un envoyé du saint Siége, leur paroît le comble de la dureté, et un de ces actes dont on n'auroit pu croire capables que les gouvernemens du joug desquels nous sommes affranchis. Il se répand en ce moment que le

prince a donné par écrit la permission à M. le supérieur des missions de retourner à Malines. Ce seroit le seul moyen de réparer la surprise qui lui a été faite, et de calmer les plaintes des catholiques, et les craintes que leur inspireroit un traitement si humiliant et si rigoureux. Nous vous manderons les suites qu'aura cette affaire.

VIENNE. Le 21 janvier, on a célébré dans l'église métropolitaine de cette capitale, le service annoncé pour l'anniversaire de la mort de Louis XVI. L'église étoit tendue de noir. La tribune impériale avoit été préparée pour les souverains. Les invitations avoient été faites au nom des ambassadeurs de S. M. T. C. L'empereur d'Autriche a voulu y paroître en deuil, ainsi que sa famille et sa cour. Il avoit envoyé un détachement de ses gardes pour entourer le catafalque. Le prince Léopold, suivi du comte de la Tour-du-Pin, ministre de France, a reçu dans la tribune l'empereur de Russie, les rois de Prusse, de Danemarck et de Bavière, et les autres souverains. L'archevêque, prince de Hohenwart, a officié, malgré son grand âge. Un grand nombre d'étrangers de seigneurs et de dames étoient en deuil. Après l'évangile, M. l'abbé de Zaignelins, directeur de l'église françoise de Sainte-Anne, à Vienne, a prononcé un discours. Cette cérémonie, où toute l'Europe sembloit assister dans la personne de ses princes, et où elle prenoit part au deuil de la France, étoit à la fois un hommage aux vertus d'un monarque bon et humain, et une réparation que tous les souverains faisoient de concert pour un crime qui avoit si fort blessé la majesté royale.

MADRID. D. François-Xavier Mier et Campillo, évêque d'Almeria et inquisiteur-général, a fait afficher un édit dans lequel il rappelle le décret porté par le souverain Pontife contre les francs-maçons. Il dit, que le saint Père ayant adressé un décret au roi Ferdinand VII, S. M. unissant ses religieuses intentions à celles du père commun des fidèles, a voulu que cette mesure fut adop

tée dans ses Etats. Il est instruit que plusieurs espagnols, cédant à des impulsions étrangères, se sont aggrégés à ces sociétés dangereuses; mais il se flatte qu'ils se rendront à la voix du souverain Pontife et du roi. En conséquence, de l'avis des membres du conseil de S. M., il promet une amnistie à ceux qui viendront à résipiscence dans l'espace de quinze jours; les autres seront traités suivant la rigueur des lois. Cet édit a été publié dans les églises. Il est remarquable qu'en ceci, comme en tout le reste, l'inquisition n'est que l'instrument de la volonté du gouvernement. Au surplus, l'abus qu'on veut extirper, étoit venu au point de mériter la plus sérieuse attention. Les François pendant leur séjour ici avoient prodigieusement multiplié les loges; ils en avoient érigées dans toutes les villes. La politique de notre gouvernement avoit toujours repoussé ces associations secrètes, et elle se joint aux motifs religieux pour proscrire des rassemblemens suspects, et qui le paroissent bien davantage en raison de l'époque où ils se sont formés, époque de trouble, de licence et de confusion.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le 27 janvier, MADAME, duchesse d'Angoulême, dont toutes les actions respirent la piété ou la bonté, a visité l'Hôtel-Dieu de Paris. Elle a paru satisfaite de l'ordre qui y règne. Elle a été reçue et complimentée, à la porte de la chapelle, par M. l'abbé Dastros, vicaire-général, et a félicité les religieuses et les administrateurs sur leur zèle.

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Mme. la duchesse douairière d'Orléans est dans un état qui fait concevoir de justes espérances de sa guérison. On ne donnera plus de bulletins.

-On écrit de Venise que le prince de Reuss-Plauen, gouverneur de Venise pour l'empereur d'Autriche, y a publié, le 13 janvier, une ordonnance sévère contre les réunions ou sociétés secrètes, quel que soit leur forme ou leur dénomination. Il paroît que l'attention des gouvernemens s'éveille en plusieurs endroits sur ces associations.

M. Amédée de Brévannes, maître des requêtes, est nommé préfet d'Ille-et-Villaine, en remplacement de M. Bon naire.

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L'Almanach royal paroît en ce moment. Ce chacun que s'empresse d'y chercher d'abord, c'est l'état de la famille royale, et l'on y voit avec plaisir que l'auguste maison de Bourbon, malgré la faux de la révolution et celle du temps, présente encore de puissantes consolations et de grandes espérances. En France, elle se divise en trois branches, la branche régnante, celle d'Orléans et celle de Condé. L'article du Roi est ainsi conçu: «Louis XVIII, né à Versailles, le 17 novembre 1755, Roi de France et de Navarre, le 10 juin 1795 (1), sacré et couronné à......, veuf, le 13 novembre 1810, de Marie-Joséphine-Louise de Savoie ». MONSIEUR est veuf depuis le 2 juin 1805, de Marie-Thérèse de Savoie. M. le duc d'Angoulême, MADAME et M. le duc de Berry complètent cette branche. Faisons des vœux pour qu'elle soit plus nombreuse dans l'almanach de l'année prochaine. La branche d'Orléans est composée de M. le duc d'Orléans, marié, le 25 novembre 1809, à Marie-Amélie, princesse de Naples, née en 1782. De ce mariage sont issus deux princes et deux princesses. L'aîné est dans sa cinquième année. Mme. la duchesse douairière d'Orléans, Mlle d'Orléans et Mme. de Bourbon appartiennent à cette branche. La branche de Condé ne compte plus que deux princes et une princesse, et le sang du grand Condé ne donnera plus de héros à la France. On sait que la branche de Conti s'est éteinte dernièrement. Celles d'Espagne et des Deux-Siciles comptent en tout dix-sept princes ou princesses.

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LIVRE NOUVEAU.

Le Martyre de Louis XVI, et la Captivité de Pie VI, poème élégiaque, par M. Treneuil. Brochure in-8°. ; prix, a fr. 50 c. et 3 fr. franc de port. A Paris, chez Firinin Didot, et au bureau du Journal. Nous en rendrons compte.

(1) Nul doute que cette date n'excite la bile de quelque Censeur, qui prouvera éloquemment que le règne de S. M. ne remonte point à cette époque, attendu que c'étoit la Convention qui gouvernoit alors, puis le Directoire, puis le Consul, etc. Pour ces profonds politiques, il n'y a de droits que ceux du peuple ou du premier qui se pare de

son pom et qui a la force en main.

HISTOIRE de Mme. de Maintenon, fondatrice de Saint-Cyr, par M. Lafont d'Aussonne (1).

SECOND ARTICLE.

Le rôle d'un critique est devenu si scabreux et si difficile, que je ne sais comment celui qui en est chargé pourra bientôt le remplir. Il se trouve tou→ jours placé entre deux puissances qu'il n'est pas aisé de satisfaire. L'une de ces puissances a autant d'hor-^ reur pour les censures, que l'autre a d'éloignement pour les éloges. Louons-nous un ouvrage, les lecteurs soupçonnent que nous favorisons l'auteur, et que nous dissimulons ses défauts. L'auteur, de son côté, si nous le critiquons, nous accuse de prévention, de malignité. Il se récrie contre l'injustice de nos jugemens, il en appelle au public. Nous nous trouvons donc entre deux écueils, et il faut une adresse extrême pour échapper à l'embarras d'une telle position. Nous ne demanderions pas mieux souvent que de n'être point ap→ pelés à prononcer, et de nous dispenser de donner notre avis. Nous pouvons heureusement aujourd'hui nous abstenir de l'office de juges dans l'affaire particulière qui se présente. D'heureuses circonstances ont mis entre nos mains des plaidoyers contradictoires, et nous nous félicitons de n'avoir à produire

(1) 2 vol. in-8°. avec portrait par Mignard; prix, 10 fr. et 12 fr. 50 cent. franc de port. À Paris, chez Delaunay, au Palais-Royal.

Tome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 84. F

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