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vasion et le pillage des couvens de Rome, la congrégation de prélats nommés par le saint Père pour leur rétablissement, est parvenu à les relever presque tous de leurs ruines, et à les mettre en état de recevoir les religieuses qui les habitoient. Les religieuses Bénédictines sont rentrées dans leurs couvens de la Conception et de Sainte-Cécile; les Franciscaines dans ceux de SaintLaurent, de Saint-Sylvestre, de Saint-Côme et de SaintBernard; les Augustines dans ceux des Vierges, de Sainte-Lucie et de Sainte-Marie; les Capucines dans ceux de la Conception, de Saint-Urbain et de Monte-Cavallo; les Thérésiennes dans leurs maisons de Sainte-Thérèse, de Regina-Coeli, de Saint-Gilles et de Saints-Pierre et Marcellin; les Cisterciennes dans celle de Sainte-Suzanne; les Dominicaines dans celles de Saint-Dominique et de la Madeleine; les filles de la Visitation dans leur grand établissement de l'Education, dit de l'Humilité; les Carmélites dans le couvent Barberini. Une grande partie des anciens établissemens destinés à la garde et à l'éducation des différentes classes du peuple, ont été d'ouverts aux frais du trésor. Les évêques ont pris des mesures analogues dans les provinces, et l'on s'empresse partout à faire disparoître les traces des malheurs passés.

- Le 29 décembre, le cardinal Pacca, préfet de l'immunité ecclésiastique, a rétabli l'usage de tenir chapelle des cardinaux de cette congrégation en l'honneur de saint Thomas de Cantorbéri. La cérémonie a eu lieu dans l'église de Saint-Sylvestre, titre de ce cardinal.

-On a baptisé dernièrement deux Juifs, Samuel Grazziaddio, d'Ancône, et Sabato Zagan, de Sinigaglia. Le cardinal Ruffo, archevêque de Naples, a aussi conféré le baptême à un catéchumène de Pesaro, auquel il a adressé une exhortation paternelle.

-Le duc de Bedford, ancien vice-roi d'Irlande et un des premiers pairs d'Angleterre, a été présenté, le

1er. de l'an, avec ses trois fils, à S. S..par le P. Joseph Taylor, de l'ordre des frères Prêcheurs. S. S. a accueilli avec distinction ce seigneur, qui, durant son administration en Irlande, s'est montré favorable à l'émancipation des catholiques. Le P. Taylor a également présenté au saint Père plusieurs autres lords et voyageurs distingués de la même nation. On a remarqué leur empressement à rendre leurs devoirs au chef de la catholicité, et les Anglois d'il y a un siècle seroient peut-être un peu étonnés de voir leurs enfans sollicitant auprès d'un religieux catholique la faveur de les introduire auprès du souverain Pontife. Rien ne prouve mieux combien de préjugés se sont dissipés.

PARIS. On avoit dressé, le 21, un catafalque dans chaque église de Paris, et on a célébré un service funèbre pour LL. MM. le Roi et la Reine de France. Des détachemens de la garde nationale environnoient les catafalques, et les fidèles se sont empressés de se rendre à l'invitation de leur curé. Le service de la Métropole a commencé à onze heures. M. le comte Ferrand, ministre d'Etat; M. Dandré, directeur-général de la police du royaume; M. le général gouverneur de Paris; M. le préfet du département de la Seine; les maires de Paris; les membres des tribunaux assistoient à cette cérémonie Huit ôtages de Louis XVI étoient autour du catafalque, où l'on avoit placé quatre statues allégoriques, et qui étoit éclairé de feux funéraires qui brûloient dans des cassolettes; ce qui donnoit à ce monument un aspect antique et partant plus auguste. Dans l'oraison funèbre prononcée après l'évangile, M. Jalabert, vicaire-général, s'est appliqué à faire envisager cette auguste cérémonie sous le double rapport de l'expiation et de l'exemple. Il a répété à la fin de son discours les sermens inviolables que tout François a dû faire en ce jour de deuil, qui rappellera à jamais ce que nous devons au trône, à la dynastie que Dieu vient d'y replacer, à la religion et aux mœurs, sans lesquels les trônes ne peuvent se

soutenir. C'est au nom de S. M. Louis XVIII que ses deux ministres ont assisté au service funèbre.

La ville a fait les frais de cette cérémonie, où rien n'a été épargné pour qu'elle fût digne de son objet, et conforme au sentiment dont sout pénétrés tous ceux qui étoient appelés à y prendre part.

-S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, qui étoit depuis plusieurs jours à Saint-Cloud, y a fait célébrer, le 21 janvier, un service pour le Roi et la Reine. Elle a donné pendant cette triste cérémonie des preuves de la sensibilité la plus vive, et ses larmes ont ému tous les assistans. Elle a voulu aller, le 24, à l'église de Saint-Denis. On a vu cette auguste Princesse prosternée sur la tombe des auteurs de ses jours; elle y est restée très-long-temps, arrosant de ses larmes la pierre qui recouvre le caveau où reposent de si précieux restes! C'étoit la vertu même offrant le pur encens du cœur au Dieu des miséricordes. Cette pieuse Princesse a refusé de se servir des carreaux que lui avoit fait apporter M. Hittroff, l'un des inspecteurs employés par M. Bélanger. Elle avoit d'abord témoigné le désir de descendre dans le caveau; mais, sur l'observation qui lui fut faite, que la porte en fer de la grille en fermoit l'entrée, et que la clef en avoit été remise à M. le ministre de la maison du Roi, après la cérémonie funèbre, S. A. R. s'est résignée à rester en dehors, où une foule de spectateurs, accourus sur ses pas, sont venus mêler leurs pleurs aux siens. M. le prieur-curé de Saint-Denis a reçu une lettre de S. M. qui le nomme provisoirement -gardien dépositaire des corps de Louis XVI et de MarieAntoinette.

MM. les vicaires-généraux du diocèse ont rendu une ordonnance concernant les secours spirituels à accorder aux paroisses qui manquent de pasteurs. Après des réflexions très-sages sur les funestes suites du déTaut d'exercices religieux dans les paroisses, ils chargent

MM. les curés de la capitale d'envoyer un des prêtres de leur clergé faire l'office les jours de dimanche et de fêtes dans les lieux où il n'y auroit pas de desservans. Les fabriques de ces paroisses devront défrayer le prêtre qu'on leur enverra, et lui fournir ce dont il aura besoin.

SAINT-BRIEUX. La mort de M. Caffarelli ne doit pas être seulement un sujet de deuil pour ce diocèse, c'est encore une perte pour tout l'épiscopat. Depuis douze ans nous admirions en lui un zèle aussi vif qu'éclairé. Quel soin de son troupeau! Quelle application à ses devoirs! Quel ardent désir du bien! C'étoit là ses pensées les plus habituelles et le sujet de toutes ses conversations. Joignez à ces qualités essentielles une bonté touchante, une candeur toujours prête à déférer aux bons conseils, une charité tendre pour les pauvres. Il avoit dans le caractère une aménité qui lui concilioit le respect et l'attachement. On seroit étonné de tout le bien qu'il avoit fait dans une courte administration, et dans un temps où il étoit si difficile de l'opérer. S'il avoit eu tant de succès à une époque de contrainte, de traverses et de persécution, que n'eut-il point fait sous un règne paternel et dans des jours de paix et de protection?

ORLÉANS. Le service anniversaire du 21 janvier s'est célébré ici avec le zèle que l'on devoit attendre des religieux habitans de cette ville. Ils avoient le droit surtout de montrer publiquement leur douleur, eux qui ne l'avoient point dissimulée dans des temps très-facheux. Chacun s'est porté avec empressement au service. On remarquoit autour du catafalque MM. les chevaliers de saint Louis, tant ceux qui sont en retraite que ceux qui sont en activité. Les premiers sembloient se rappeler avec amertume qu'ils n'avoient pu sauver un maître dont ils avoient éprouvé les bontés, et les seconds paroissoient regretter que leur jeunesse ne leur eût pas permis de lui consacrer leurs bras. La cérémonie s'est

passée avec le recueillement le plus imposant. Tous les corps y assistoient. Avant le service de la cathédrale, il y en a eu dans les paroisses de la ville. A Saint-Paterne, le curé, tout le clergé, les marguilliers étoient à genoux, un cierge en main, pendant les prières expiatoires; et la plupart des paroissiens, le service fini, se sont fait encore un devoir d'assister à celui de la cathédrale.

GAP. M. Charles de la Font de Savines vient de mourir à Embrun à l'âge de soixante-douze ans. Né à Embrun en 1742, il avoit été fait évêque de Viviers en 1778. Ses écarts lors de la révolution ne sont que trop connus, et il y a d'autant moins d'inconvénient de les rappeler, que M. de Savines a pris à tache de les expier par ses larmes. En 1791, il donna la démission de son évêché entre les mains des électeurs de son département, comme pour réparer les vices de sa première institution. Confirmé par eux, il prêta le serment de la constitution civile du clergé, et la défendit par ses écrits. Le 24 juin 1792, il osa donner la consécration épiscopale à deux de ses curés. En 1793, il vint renoncer à ses fonctions devant l'administration de son département, et livra toutes les marques de sa dignité. Il écrivit contre l'autorité de l'Eglise, la discipline, la célébration des fêtes, la loi du jeûne et de l'abstinence. Après la terreur il voulut, à ce qu'on dit, reprendre ses fonctions; mais il avoit aliéné tout le monde par ses écarts, auxquels il en ajouta même d'autres. Il se retira alors à Paris. Revenu ensuite dans sa patrie, Dieu lui fit la grâce de reconnoître ses fautes. Il ne cessa de les pleurer, et il se condamna à des pénitences et à des austérités qui ont pu abréger ses jours. Cet exemple a été imité ici par des hommes qui, sans avoir donné les mêmes scandales, avoient contribué aussi à déchirer l'Eglise. M. Ignace Cazeneuve, premier évêque constitutionnel des Hautes-Alpes, mourut ici, en 1805, dans les sentimens les plus édifians. Nommé à la Convention, il déclara formellement, lors du procès de Louis XVI,

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