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exemples qui nous ont paru suffisans pour montrer que M. de Beauchamp avoit écrit fort à la bâte. Cependant aujourd'hui, puisqu'il nous met au défi, nous allons ajouter de nouvelles preuves à celles que nous avons déjà données du peu de soin qui a présidé à la rédaction de cette Histoire.

M. de Beauchamp ne dit pas un mot des deux commissions d'évêques formées à Paris, en 1809 et en 1811. Il paroît en avoir ignoré entièrement l'exis tence. Assurément il ne sauroit alléguer pour excuse que ces commissions n'ont aucun rapport avec l'Histoire des malheurs et la captivité de Pie VII. Elles n'avoient été réunies par l'ennemi du Pontife que dans l'intention de lui porter de nouveaux coups, et d'obtenir des évêques des réponses contraires à ses intérêts. L'histoire de ces commissions n'est pas la partie la moins curieuse du récit des derniers troubles de l'Eglise, et il n'étoit pas permis de la passer entièrement sous silence.

M. de Beauchamp a parlé du concile de 1811, et il paroît même content du récit qu'il en fait. C'est une partie neuve, et que personne n'avoit traitée avant lui. Nous croyons qu'il a peu à se féliciter de la manière dont ce morceau est exécuté dans son ouvrage. Les faits les plus importans y sont confondus ou omis tout-à-fait. L'auteur ne dit pas un mot des discussions qui eurent lieu au concile sur les évêques nommés sur l'adresse. Il ne dit pas un mot, de la proposition faite par l'évêque de Chambéri d'aller en corps réclamer la liberté du Pape; démarche honorable et qui méritoit sans doute d'être citée. Il ne paroît pas savoir pourquoi les évêques de Gand, de Tournai et de Troyes furent arrêtés, et il met leur emprisonnement

après le retour de la seconde députation de Savone, tandis qu'il est du 12 juillet, avant qu'il fut question d'envoyer à Savone. M. de Beauchamp place de même le décret de dissolution du concile, qui est du 10 juillet, après la députation de Savone; erreur d'autant moins excusable que ce décret fut mis alors dans les journaux. Tout son récit est d'une confusion et d'un vide de faits qu'il a tâché vainement de couvrir par des réflexions où j'oserois penser qu'il entre un peu de déclamation. Personne ne pourra prendre là une idée exacte des opérations du concile. Le rapport de la commission qui provoqua la colère du perturbateur de l'Eglise y est à peine mentionné. On dit que cette commission se déclara incompétente, tandis qu'elle déclara l'incompétence du concile; ce qui est fort différent. Il n'est pas dit un seul mot des convocations des évêques chez le ministre des cultes, ni des questions qu'on leur fit, et qui amenèrent le décret du 5 août, ni de l'opposition de plusieurs évêques. Enfin, toute cette prétendue histoire du concile de Paris n'est qu'un croquis informe, inexact, tronqué, sans suite et sans intérêt, qui n'apprend rien, sinon que l'auteur a écrit sans aucun des matériaux qui lui étoient né–

cessaires.

M. de Beauchamp a négligé de rapporter plusieurs faits qui se lioient intimement à son sujet. La mesure que prit Buonaparte de faire venir en France la plupart des cardinaux, l'exil de douze d'entr'eux à cause de leur conduite lors du mariage, la déportation de tant de prélats et de prêtres romains dispersés dans l'Italie, envoyés en France, emprisonnés en Corse et dans différens châteaux, tant de rigueurs et de mauvais traitemens méritoient au moins une courte men

tion. M. de Beauchamp se trompe même sur les choses les plus communes. Il estropie et défigure tous les noms. Il dit le cardinal Caradini au lieu de Carandini, Castillionco au lien de Castiglione, Lucot de Beaumont au lieu de Fallot de Beaumont, Joubert au lieu de Jaubert, Yrne au lieu de Hirn, Bertaroli au lieu de Bertazzoli, etc.

M. de Beauchamp ne veut point croire que lorsqu'on fit partir le Pape de Fontainebleau, le 23 janvier 1814, on eût l'intention de le renvoyer à Rome. Il est vrai que tout le public en douta dans le temps. Les perfidies connues de l'ennemi du saint Siége faisoient craindre que ce ne fût là encore quelque nouvelle persécution ou quelque nouvel outrage. Cependant la suite a prouvé que son intention étoit dès-lors de renvoyer le Pape chez lui. Nous ne lui en avons point d'obligation, et nous ne lui en faisons point un mérite. Il n'est que trop clair que la politique seule lui arracha cette espèce de réparation. Il voyoit s'éclipser chaque jour ce fantôme de puissance qu'il avoit élevé au prix de tant de sang. Rome lui avoit été enlevée. Murat s'en étoit emparé, et s'étoit détaché de son alliance. Il paroît que Buonaparte espéra, en renvoyant le Pape à Rome, faire une diversion avantageuse à ses intérêts. Il aimoit encore mieux voir l'Etat de l'Eglise entre les mains du Pontife qu'en celle d'un ambitieux, et il se flattoit que le retour du Pape mécontenteroit Murat. Ce furent sans doute ces motifs qui le décidèrent à une mesure qui devoit coûter à son orgueil. Du reste, il nous paroît certain que son projet, dès le mois de janvier 1814, étoit que le souverain Pontife retournât dans sa capitale. Tout l'indique, et les propositions qu'il fit faire au Pape, et la

route qu'on lui fit prendre, et la continuité du voyage; car on ne s'arrêta qu'à Savone, où, après quelque séjour, on fit prendre au Pontife la route de Plaisance. On ne se seroit pas tant rapproché de Rome si on n'eût pas eu le projet d'y conduire le chef de l'Eglise. Le 10 mars, un décret de Buonaparte stipula la restitution des deux départemens de Rome et du Trasimène, et le 23, Pie VII parvint aux avant-postes des alliés, et leur fut remis par son escorte.

M. de Beauchamp a laissé croire aussi que Murat avoit rendu au Pape tous ses Etats, tandis qu'il ne voulut lui restituer que ces deux mêmes départemens de Rome et du Trasimene, et qu'il retint la Marche d'Ancône, qui a fait jusqu'à sa chute un sujet de discussion entre la cour de Rome et lui.

Telles sont les principales observations que nous avions à faire sur l'ouvrage de M. de Beauchamp. Peut-être devions-nous nous attendre de sa part à des remercîmens plutôt qu'à des signes d'humeur pour notre premier article. Nous l'avions averti de quelques erreurs assez grossières, et il avoit profité de l'avis pour les faire disparoître. D'autres articles de notre Journal ne lui ont pas été inutiles, et il nous a fait l'honneur d'en copier quelques passages. Ainsi, à la page vj de la Préface se trouve textuellement un morceau tiré de notre XVIIIe. numéro, page 278. A la page 210 de son Histoire, il y a un passage plus long encore copié très-fidèlement de notre XII. numéro, page 183. Assurément nous ne trouvons pas mauvais que M. de Beauchamp nous emprunte ce qui lui convient. Pent être cependant auroit-il été plus hoe de nous citer et de ne pas laisser croire que ces réflexions étaient de lui. Ce qui auroit été

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surtout à propos, ç'auroit été de ne pas tant se plaindre de nous après nous avoir mis à contribution, et de ne pas tant se récrier contre notre critique après qu'elle ne lui avoit pas été inutile.

Nous persistons à croire que la plupart des pièces justificatives eussent pu être retranchées sans inconvénient. D'abord elles se trouvoient déjà imprimées dans la Correspondance, et de plus M. de Beauchamp en avoit fait entrer des lambeaux assez considérables dans le corps de son Histoire, en en changeant seulement un peu la forme. C'est donc un double emploi qu'il auroit pu éviter. Il auroit remplacé ces pièces d'une manière plus intéressante pour le lecteur, en y substituant un plus grand nombre de faits. Peut-être profitera-t-il de cet avis pour une troisième édition, et aura-t-il recours à notre article pour corriger encore sou ouvrage. Nous l'en félicitons, en l'engageant seulement à ne pas se montrer alors si blessé d'une critique qui lui sera utile. Nous sommes très-disposés à concourir à la perfection de son livre, et pour le lui prouver, nous le prévenons que nous avons l'intion d'insérer prochainement dans ce Journal un précis historique du concile de 1811, précis qui sera, nous l'espérons, moins défectueux et moins incomplet que le sien. Il y a plus; c'est que si M. de Beauchamp, au lieu de se fâcher, se fut adressé à nous, nous aurions pu lui indiquer les matériaux qui lui manquoient, et que nous sommes parvenus à rassembler après quelques recherches.

Nous nous permettrons encore de lui donner un avis; c'est qu'en quelques endroits il tombe dans l'exagération. Nous ne prétendons pas justifier, quoi qu'il en dise, ceux qu'il flétrit dans ces endroits; mais nous

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