Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

l'usurpateur, et proclamoit les droits du saint Siége. Ainsi les rêves de l'ambition et les chimères de la philosophie étoient également déçus, et cette puissance si ancienne et si sacrée, cette puissance éminemment politique et morale, recouvroit ses prérogatives et son territoire. Il seroit possible, il faut l'avouer, qu'une restauration si sage n'obtînt pas les suffrages de quelques publicistes révolutionnaires, de quelques fabricateurs de constitutions, de quelques partisans de la souveraineté populaire. Mais, hélas! ils doivent le voir avec douleur; le temps des républiques est passé. Celles d'Italie ont toutes disparu, et ce systême qu'ils avoient voulu établir et généraliser, ne nous a pas laissé des traces propres à le faire regretter. L'Italie doit être dégoûtée, comme la France, de ces essais malheureux, de ces théories si savantes dans la spéculation et si fâcheuses dans la pratique, et de tout cet échafaudage de perfectibilité dont il n'est sorti que du sang et des

ruines.

Honneur donc à ces souverains généreux qui n'ont pas séparé la justice de la force, ni la modération de la puissance! Honneur à ces princes désintéressés qui au milieu de leurs succès, dédaignant les calculs avides d'une politique étroite, ne se sont point enrichis des dépouilles du chef de l'Eglise! Honneur à ces monarques acatholiques qui ont senti que l'intérêt général de l'Europe, et par conséquent le leur, étoit de rétablir dans tous ses droits cette puissance conservatrice, cette souveraineté paternelle, ce centre et ce lien de l'univers chrétien! Gloire et reconnoissance pour cet acte vraiment libéral et réparateur, qui relève dans tout son lustre, non la chaire de Pierre qu'il n'est pas donné aux hommes d'abattre, et qui se soutient par une force divine, mais ce trône temporel que la

Providence a accordé depuis tant de siècles à ses pontifes, qu'elle soutient malgré les révolutions, et qui battu en dernier lieu par des tempêtes réitérées, attaqué par les écrits des faux sages, sapé par les armes de leurs satellites, menacé d'une ruine dont ses ennemis se félicitoient déjà avec le sourire de l'orgueil, survit à ces insultes et à ces assauts, reprend son assiette stable et son éclat imposant, et promet à la religion un appui dont elle a plus que jamais besoin au milieu de tant de désastres! Nous pouvons d'autant mieux nous réjouir de cette restauration, nous autres François, qu'elle concourt avec la nôtre, et que nous. savons que notre sage monarque y a contribué de tout son pouvoir, et que ses ministres dans le congrès ont eu ordre d'insister fortement sur la nécessité d'une mesure si favorable au maintien de l'ordre, au bien de la religion, au repos de la société, et que conseilloient également l'équité, la morale et la politique, sans lesquelles, comme vient de le prouver un grand exemple, rien n'est durable ici bas.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Toutes les lettres que nous recevons des provinces renferment des témoignages d'attachement au Roi, et des félicitations sur son retour. La religion, qui échappe à de nouvelles entraves et à de nouvelles persécutions, n'est pas celle qui doit s'applaudir le moins d'un tel changement. Aussi les églises ont retenti à cette occasion de cantiques d'actions de grâces. En plusieurs lieux on a chanté des Te Deum avec pompe. Le Domine, salvum fac Regem, répété en chœur par toutes les voix réunies, a remplacé un chant bien différent, que l'on voyoit bien être imposé par la force, à la précipitation avec laquelle on s'en acquittoit, et au silence profond de tous

le peuple. L'empressement à prier pour le Roi atteste les sentimens des fidèles envers ce prince, et les dispositions de toutes les ames pieuses en sa faveur ne sont pas équivoques. Il est encore quelques endroits où les témoignages de la joie publique ont été comprimés par de malheureuses circonstances. Les désastres que la guerre traîne à sa suite ont refroidi quelquefois le zèle et arrêté ses mouvemens. Il est même, dit-on, des lieux où quelques-uns se méprenant sur la cause de ces désastres, et trompés par des insinuations perfides, ont fait retomber leurs murmures jusque sur un prince auguste qui gémit profondément des maux de ses sujets, et qui fait tout ce qui est en lui pour les adoucir. Quand on souffre, on n'est pas toujours juste; et les ennemis de la paix avoient intérêt à imputer à un autre ce dont ils sont coupables eux-mêmes. Aussi les pasteurs bien intentionnés n'ont pas manqué de faire sentir à leurs paroissiens quels étoient les véritables auteurs des calamités de la France. Outre les motifs généraux de consolations et de patience que la religion offre dans ces tristes conjonctures, ils ont montré que la justice divine nous faisoit expier en ce moment ce que nos soldats avoient fait chez ceux-là même dont nous nous plaignons. Voilà le résultat de l'ambition de Buonaparte; voilà le fruit de ses hauteurs, de ses violences, de ses déprédations. Il pilloit et favorisoit le pillage dans les pays étrangers, et il y a laissé contre nous de longs ressentimens dont nous portons la peine. Quant au Roi, qui est innocent du systême affreux de guerre introduit par l'usurpateur, il ne peut être non plus responsable des représailles qui en seroient la suite. Il gémissoit le premier, il y a quelques années, sur la honte qui rejaillissoit sur le nom françois de tant d'iniquités dont des François se rendoient complices, comme il ressent douloureusement aujourd'hui les malhears qui pèsent sur ses enfans. Il est surtout à cet égard une considération qui n'a pas échappé aux ministres de la religion dans leurs exhortations, et qui n'échappera pas non plus à celles de leurs ouailles qui sont accessi

bles à la voix de la raison. C'est que si Buonaparte ne fut pas revenu, nous n'éprouverions pas ces fléaux. Ce sont les insensés qui l'ont rappelé, qui ont favorisé son retour, qui se sont déclarés pour lui, ce sont là ceux qui sont les auteurs de nos maux. Si on n'eût pas forcé le Roi de fuir nous n'aurions pas vu les étrangers. Le Roi nous avoit, au contraire, mis en paix avec eux. Ils ne se sont armés que quand ils ont vu revenir l'homme qu'ils abhorroient avec raison. Ils ne se sont armés que quand ils ont vu que nous l'avions laissé rentrer, que l'armée s'étoit déclarée pour lui, qu'il avoit des partisans en France, et qu'il pouvoit encore ressusciter une guerre implacable. Ainsi c'est son retour qui est cause du retour des allies. Ce sont ses amis qui nous valent les malheurs auxquels nous sommes en proie. Si quelque chose peut adoucir aujourd'hui ces malheurs, c'est la présence et l'intervention du Roi. Buonaparte nous a plongés dans l'abîme, et a disparu. Cet impitoyable étranger ne nous aimoit pas assez pour mettre beaucoup d'importance à nous retirer de l'affreux état où il nous a mis. Il a abandonné la France, comme il avoit abandonné son armée, dès qu'il n'a plus vu de jour à satisfaire son ambition. C'est le mercenaire de l'Evangile qui s'éloigne du troupeau au moment du danger. Le ROI, au contraire, est le bon pasteur qui accourt pour défendre ses brebis quand elles sont menacées. Il est en ce moment notre seul médiateur et notre seul appui. Il plaide notre cause, et cherche à essuyer nos larmes. Toutes nos plaintes retentissent à son cœur, et tous ses soins tendent à faire cesser un état de choses qui l'afflige. Combien sont donc injustes ceux qui, calomniant ses intentions, veulent faire retomber sur lui l'odieux de ces mesures qu'un autre a provoquées! Il faut que les peuples se défient de ces amis du tyran qui cherchent encore à tromper, comme ils ont toujours fait, qui dissimulent que c'est leur idole qui nous a attiré ces fléaux, et qui, éternels artisans de discorde, aigrissent les esprits contre le meilleur des Rois, nous impor

qu'il

tunent de leurs criailleries et de leurs regrets, parlent encore de gloire, d'indépendance et de liberté comme si nous en avions jamais joui, et ne veulent pas voir ne peut y avoir d'autre bonheur et d'autre repos pour la France que dans l'autorité d'un prince sage, modéré, paisible, ennemi de l'ambition. Ces considérations, quoique politiques, ne sont cependant pas entièrement étrangères an ministère de la chaire. Ce ministère de vérité el de charité n'interdit pas, mais prescrit au contraire de recommander la soumission, l'attachement à l'ordre, l'éloignement pour tout ce qui perpétueroit les troubles. Les pasteurs ne sauroient mieux entrer dans l'esprit de leurs nobles et importantes fonctions qu'en prêchant l'union, l'obéissance au Roi, le renonce ment à l'usurpateur, l'abandon de toutes les idées révolutionnaires. Ils doivent, en ménageant les personnes, et sans s'écarter de la prudence et de la modération faire voir tout ce qu'il nous en a coûté depuis que nous avons voulu changer de gouvernement et de moeurs. Ce peut être un vaste sujet pour leurs instructions qui, dirigées par cet esprit de paix et de charité dont il n'est jamais permis de s'écarter, tourneront à l'avantage de la religion, au repos de la société, à l'affermissement du trône, au bien de tous.

- Le mercredi 26, jour dé l'octave de saint Vincent de Paul, il y aura, dans l'église des Missious étrangères, une assemblée de charité. M. l'abbé Le Gris-Duval prononcera le discours. Mmes, les comtesses de Noailles et du Cayla feront la quête.

1

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Il résulte d'un rapport fait par le préfet maritime de Rochefort, et par un officier envoyé en mission à Rochefort, que Buonaparte arrivé dans ce port, le 3 juillet, s'établit d'abord à la préfecture. Pressé par le général Becker et par le préfet de partir, il s'embarqua, le 8, sur la Saala. Sa suite se partagea entre cette frégate et la Méduse. Le 10, les vents étoient favorables, mais la croisière angloise et le clair de

« ZurückWeiter »