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que

satiable ambitieux, et un perturbateur du repos du monde. Leur politique et le bien de leurs peuples leur prescrivoient également de ne pas laisser s'affermir celui qui avoit fait verser taut de larmes et de sang. Le Roi auroit voulu s'opposer à cette résolution, que les souverains n'auroient pu avoir pour lui cette déférence. Il falloit anéantir le colosse. Assurément il valoit mieux avoir une guerre de trois mois de retomber dans un systême de guerre continuelle. L'humanité pouvoit gémir sur la nécessité d'une guerre, quelque courte qu'elle fut; mais l'humanité, obligée de choisir entre deux maux, ne pouvoit pas balancer à préférer le moindre, et puisque nous ne pouvions nous délivrer autrement que par la guerre du fléau des guerres, puisque nous n'avions pas su empêcher ce fléau de s'établir parmi nous, puisque nous en eussions été éternellement les victimes, notre intérêt, comme celui du Roi, étoit qu'un dernier effort chassât de notre sein l'étranger qui s'y étoit introduit. Déjà la guerre civile nous étoit arrivée avec lui. Déjà les exils, les emprisonnemens, les confiscations, l'arbitraire, la violence avoient repris leur cours. Déjà il ne voyoit plus en nous tous que des soldats nés pour soutenir son trône au prix de leur sang. En haranguant les gardes nationales, il ne les appeloit que des soldats. Il avoit levé parmi les citoyens deux millions de soldats; il armoit les fédérés; il épouvantoit la capitale par des préparatifs insensés de défense; il alloit chercher des recrues jusque dans les lycées, et il ravissoit la jeunesse à ses parens et à ses études pour la moissonner dans sa fleur. Tels sont les bienfaits qu'il nous avoit apportés pendant un règne de trois mois. Il faudra long-temps

peut-être pour faire disparoître les traces de son pas sage, pour fermer les plaies de l'Etat, pour calmer l'agitation des esprits, pour ramener à l'ordre des hommes égarés, pour dissiper les préventions, pour étouffer les gerines de discorde, pour donner à l'opinion une direction plus sage, et pour faire tomber tant de bruits absurdes, tant de calomnies noires, tant d'idées fausses avec lesquels on a trompé une classe confiante et crédule.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le dimanche 16 juillet, MM. les grenadiers royaux qui avoient suivi le Roi, sont venus en corps entendre la messe à Saint-Germain-l'Auxerrois, leur paroisse. La tenue et le recueillement de ces braves ct fidèles militaires ont frappé tous les assistans.

-Emmanuel-Louis de Grossoles de Flamarens, évêque de Quimper en 1772, et de Périgueux en 1773, est mort le mois dernier à Londres, à l'âge de 80 ans. Ce prélat n'étoit point revenu en France l'année dernière, ses infirmités l'ayant empêché de faire le voyage. Ma dame la duchesse d'Angoulême a assisté à ses obsèques.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les amis de Buonaparte ont peine à se résigner à leur sort. Ils rampoient sous lui; ils lèvent fièrement la tête sous un prince dont ils connoissent la bonté. Ils veulent encore qu'on s'occupe d'eux. Tantôt ce sont les amis de M. Carnot qui répandent que le Roi lui a offert le ministère de l'intérieur, mais que son Exc. l'a refusé; ce qui fait à la fois deux faussetés, dont l'une est ridicule et l'autre impertinente. Tantot on se plaît à faire croire la possibilité d'un retour de Buonaparte; et en effet ses partisans osent dire encore qu'il

reviendra, que cet orage est passager, que la France ne peut se passer d'un si grand homme. Un de ses conseillers d'Etat endoctrinoit l'autre jour un portier; car il ne faut rien négliger dans les temps de malheur. Il vouloit lui persuader que c'étoit la faute du Roi si la France étoit couverte d'alliés. Le bon portier sut heureusement lui répondre très-bien que nous n'aurions pas vu les alliés une seconde fois si Buonaparte ne fut pas revenu. C'est à vous, lui dit-il, et à ceux qui l'ont rappelé que nous avons l'obligation de la guerre. On m'a dit que l'émissaire de Buonaparte n'avoit rien eu à répondre et s'étoit retiré très-vite. A Orléans, on vient d'arrêter un imprimeur qui faisoit placarder une proclamation dans laquelle on excitoit les mécontens à la révolte, et on les engageoit à se joindre à l'armée. Le ministère public instruit cette affaire. Ne disoit-on pas il y a deux jours que le Roi alloit se retirer à vingt lieues de Paris? La présence de S. M. offusque déjà ceux qui l'ont forcé de partir il y a quatre mois. C'est à eux à partir à leur tour. Que ces ennemis de leur pays aillent vivre sous d'autres lois, puisque celles que nous avons ne leur plaisent pas. Qu'ils aillent satisfaire ailleurs leur goût pour les conspirations, ou ramper auprès de leur idole. La France ne sera tranquille que quand elle sera délivrée d'eux.

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Lyon est enfin délivré de la crainte et des horreurs d'un siège. Le général Paroletti, commandant le département, a envoyé sa soumission au Roi, ainsi que le général MoutonDuvernet, qui parloit encore avec tant de mépris, il y a peu de jours, du gouvernement des Bourbons, et qui faisoit des proclamations si énergiques. Une capitulation a été signée le 12 au soir. Les troupes autrichiennes devoient entrer le 18 dans la ville. Ainsi cette grande cité, menacée d'une résistance insensée, va rentrer dans l'obéissance, et pourra faire éclater les sentimens qui l'animent.

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La foule a semblé vouloir célébrer aux Tuileries, le dimanche 16, la fin de la neuvaine qui s'est écoulée depuis le retour du Roi. La joie publique y a éclaté de la manière la plus franche et la plus inusitée. Nuls préparatifs n'avoient annoncé cette espèce de, fête; elle n'en a été que plus tou chante. Les acclamations, les chansons, les danses, les rondes, les propos, tout étoit analogue. S. M. s'est montrée plusieurs fois, et a toujours excité un enthousiasme inconcevable. A dix heures et demie du soir le jardin étoit encore plein, quoique

l'heure de l'évacner fut passée depuis long-temps On sembloit ne pouvoir quitter la partie. Rien de ce que nous avons vu jusqu'ici ne peut donner une idée de cette fête populaire et de l'ivresse qui y a éclaté.

-MADAME, duchesse d'Angoulême, est arrivée, le 16, à

Calais.

Ordonnance portant dissolution de la chambre des députés, convocation des colléges électoraux, et réglement provisoire pour les élections.

Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous ceux que ces présentes verront, salut :

Nous avions annoncé que notre intention étoit de proposer aux chambres une loi qui réglât les élections des députés des départemens. Notre projet étoit de modifier, conformément à la leçon de l'expérience et au vou bien connu de la nation, plusieurs articles de la charte touchant les conditions d'éligibilité, le nombre des députés, et quelques autres dispositions relatives à la formation de la chambre, à l'initiative des lois et au mode de ses délibérations.

Le malheur des temps ayant interrompu la session des deux chambres, nous avons pensé que maintenant le nombre des députés des départemens se trouvoit, par diverses causes, beaucoup trop réduit pour que la nation fût suffisamment représentée; il importoit surtout, dans de telles circonstances, que la représentation nationale fut nombreuse, que ses pouvoirs fussent renouvelés, qu'ils émanassent plus directement des colléges électoraux; qu'enfin les élections servissent comme 'd'expression à l'opinion actuelle de nos peuples.

Nous nous sommes done déterminés à dissoudre la chambre des députés, et à en convoquer sans délai une nouvelle; mais le mode des élections n'ayant pu être réglé par une loi, non plus que des modifications à faire à la charte, nous avons pensé qu'il étoit de notre justice de faire jouir dès à présent Ja nation des avantages qu'elle doit recueillir d'une représentation plus nombreuse et moins restreinte dans les conditions d'éligibilité; mais voulant cependant que dans aucun cas, aucune modification dans la charte ne puisse devenir définitive que d'après les formes constitutionnelles, les dispositions de la présente ordonnance seront le premier objet des délibéra

tions des chambres. Le pouvoir législatif dans son ensemble statuera sur la loi des élections, sur les changemens à faire à la charte dans cette partie, changemens dont nous ne prenons ici l'initiative que dans les points les plus indispensa→ bles et les plus urgens, en nous imposant même l'obligation de nous rapprocher, autant que possible, de la charte et des formes précédemment en usage.

A ces causes, nous avons déclaré et déclarons, ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1er. La chambre des députés est dissoute.

2. Les colléges électoraux d'arrondissement se réuniront le 14 août de la présente année.

3. Les colléges électoraux de département se réuniront huit jours après l'ouverture des colléges d'arrondissemens.

4. Le nombre des députés des départemens est fixé conformément au tableau ci-joint.

5. Chaque collége électoral d'arrondissement élira un nombre de candidats égal au nombre des députés du département.

6. Nos préfets transmettront au président du collége électoral du département les listes de candidats proposés par les colléges électoraux d'arrondissemens; listes qui leur seront transmises par les présidens de ces colléges.

7. Les colléges électoraux de département choisiront au moins la moitié des députés parmi ces candidats. Si le nombre total des députés du département est impair, le partage se fera à l'avantage de la portion qui doit être choisie dans les candidats.

8. Les électeurs des colléges d'arrondissemens pourront siéger, pourvu qu'ils aient vingt-un ans accomplis. Les électeurs des colléges de départemens pourront siéger au même Age; mais ils doivent avoir été choisis sur la liste des plus imposés.

9. Si le nombre des membres de la Légion-d'Honneur qui, conformément à l'acte du 22 février 1806, peut être adjoint aux colléges d'arrondissement ou de départemens, n'est pas complet, nos préfets pourront, sur la demande des légionnaires, proposer de nouvelles adjonctions, qui recevront leur exécution provisoire.

Toutefois les légionnaires, admis aux colléges électoraux de département, devront, conformément à l'article 40 de la charte, payer au moins 300 francs de contribution directe.

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