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voir se résoudre à quitter ce spectacle, de même qué le peuple ne cessoit de faire retentir l'air de ses cris. Plusieurs fois dans la soirée S. M. a eu également la bonté de se montrer à ses fenêtres. A huit heures elle a fait plus; elle est descendue du château, accompagnée seulement de quelques officiers, et s'est promenée dans le jardin. Une telle bonté a redoublé l'ivresse du peuple. Les acclaniations ressembloient à un transport, et la foule s'est précipitée pour voir de plus près cet excellent prince. On a remarqué avec joie qu'il marchoit beaucoup mieux. Le spectacle touchant, dont il étoit témoin, sembloit donner une nouvelle expression à sa physionomie. Après avoir fait ainsi sa visite à son peuple, il est remonté dans ses apparte

mens.

La nuit n'a pu séparer la foule. Elle s'est tenue long-temps au pied du château. On sautoit, on poussoit des cris de joie. Des gardes nationaux prenoient des femmes par la main et dansoient des rondes, en fredonnant des chansons qui toutes respiroient l'amour du Roi. Le nom de Henri IV, notre père de Gand, et autres plaisanteries populaires étoient répétées avec une gaieté naïve et vraie. Plusieurs étrangers se mêloient aux groupes et y étoient accueillis. Nous avons entendu crier : vive le Roi et ceux qui nous le rendent. Les alliés ont dû être sensibles à ces témoignages de reconnoissance, et ils ont pu juger que nous étions bien persuadés que ce n'étoit pas nous qu'ils faisoient la guerre, et qu'ils n'avoient d'autre ennemi que celui qui étoit aussi le nôtre. Ils ont pu juger que nous ne regardions pas comme nous étant imposé par la force le souverain qu'ils nous ont aidés à reconquérir. C'est encore plus le vœu de la France que celui de l'Europe qui le ramène au mi

à

lieu de nous. Tout ce qu'ont fait les troupes étrangères, c'est d'ôter l'obstacle qui nous empêchoit de recevoir le monarque que nous aimons. Tous ceux qui auront été témoins de l'entrée de S. M. se seront bien convaincus qu'elle n'a pas été reçue par violence. Jamais l'expression franche de l'assentiment national re s'est manifesté avec plus d'abandon et de liberté. On remarquoit ee sentiment dans la classe même la moins aisée du peuple, c'est-à-dire dans celle qu'on avoit cherché le plus à égarer et à séduire. On cite d'elle des mots aussi heureux que vrais. En voici un qui nous a paru assez piquant. Un artisan disoit en voyant la foule immense qui crioit vive le Roi: Peste! que de royalistes! on nous avoit dit qu'il falloit les exterminer tous. Nous n'aurions pas laissé que d'avoir fort à faire.

Fun que

Ainsi s'est passée cette journée mémorable dont nous conserverons long-temps le souvenir. Sera-t-elle suivie encore de jours d'alarmes et de deuil? Verronsnous se renouer les trames des révolutions? Cherchera-t-on encore à nous replonger dans le despotisme ou à nous précipiter vers la république, deux systêmes tout aussi absurdes et tout aussi funestes l'autre? Y aura-t-il encore des factieux tout prêts à égarer les esprits, à jeter des germes de discorde, à déchirer à plaisir leur patrie? Les leçons du passé seront-elles toujours perdues pour nous? Faudra-t-il que nous soyons toujours dans le trouble parce qu'il y a des hommes qui ne peuvent souffrir le repos, que la monarchie soit encore à deux doigts de sa ruine parce que quelques entêtés ont juré de la détruire, que les Bourbons nous soient encore enlevés parce qu'il y a des gens qui se sont rendus trop coupables envers eux pour soutenir leur vue? Espé

rons que cette minorité factieuse rentrera enfin dans les ténèbres, et sera obligée d'abjurer ses complots. Comptons sur la sage fermeté du monarque, qui en même temps qu'il sait si bien gagner les coeurs, saura aussi contenir les mutins et déjouer des trames criminelles. Que tous les bons citoyens le secondent par leur zèle. Qu'ils se réunissent autour d'un trône qui nous est devenu si nécessaire, et qu'ils donnent l'exemple d'un dévouement entier à un prince dont la France a plus de besoin qu'il n'a besoin de la France.

Quant à nous, nous continuerons à servir sa cause selon nos moyens. Notre ministère est peu de chose sans doute; mais du moins nous ne l'avons pas profané. Notre bouche n'a point proféré le cri de la défection, et notre plume ne s'est point prostituée à l'étranger. Nous n'avons pas changé de couleur suivant les circonstances. On ne nous a point vu, misérable transfuge, nous traîner de pouvoir en pouvoir, et couvrir l'infamie par le sophisme. Sollicité d'écrire après le 20 mars, en changeant de titre, et en observant les ménagemens sans lesquels nous n'eussions pu rien påblier, nous avons mieux aimé nous condamner à un si lence profond que d'être obligé de parler contre le vœu de notre cœur. Nous ne prétendons point sans doute ti rer vanité d'une action aussi simple, nous voulons seulement offrir à nos lecteurs une garantie de nos principes. Amis constans de la Religion et du Roi, nous les servirons l'un et l'autre sans passion et sans. aigreur, et aussi, à ce que nous espérons, sans lâcheté et sans foiblesse. Nous prêcherons l'amour de l'un et de l'autre, et peut-être aurons-nous d'autant plus de droits d'être écoutés que nous parlerons avec plus de désintéressement, et que ne demandant rien nous

n'aspirons qu'à être utiles. Notre récompense sera dans le peu de bien que nous ferons, s'il nous est permis de l'espérer, dans l'approbation de ceux qui, comme nous, aiment l'Eglise et le Prince, et dans le témoignage que nous serons autorisés à nous rendre à nous-mêmes. C'est ainsi que nous commençons ce renouvellement de carrière. Puisse-t-elle n'être pas de nouveau interrompue, et puisse ce second retour du Roi être l'aurore d'un jour plus serein, d'un bonheur plus constant et d'un règne aussi heureux, aussi paisible, et aussi durable que cette entrée a été belle et touchante!

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Nul de nos lecteurs ne sera étonné de voir qu'après leur avoir annoncé l'entrée du Roi, nous ayong à leur faire aussitôt part d'un acte de religion. Car telle a toujours été la coutume dans cette auguste famille, d'aller, à son arrivée dans une ville, rendre ses hommages à Dieu dans son temple. Sa Majesté étoit arrivée à Paris le 8, le 9, elle s'est rendue à l'église métropolitaine, où elle a entendu la messe, qui a été dite par M. l'abbé Rauzan, chapelain de service. Elle a été reçue, à l'entrée de l'église, par M. l'abbé Jalabert, un des vicaires généraux, qui l'a harangué en ces termes: Sire, la présence de V. M. dans cette métropole comble le chapitre d'une joie qui efface l'affliction profonde que nous avoit causée son absence. Toute la France saura quelle place la religion occupe dans le coeur de V. M. lorsqu'elle verra qu'au milieu de tant de soins, V. M., fidèle aux exemples de ses glorieux ancétres, est venue dans ce temple se mettre, pour ainsi dire, à la tête de la reconnoissance de ses peuples pour un bienfait si nécessaire au bonheur de l'Eglise, de la France

et de l'Europe entière. La réponse du Rot mérite d'être recueillie. Nous devons regarder, a-t-il dit, les malheurs qui sont arrivés à la France et à moi comme une juste punition de Dieu. Allons aux pieds des autels achever de désarmer sa colere. S. M. s'est allée placer dans le choeur. Elle étoit accompagnée de LL. AA. RR, MONSIEUR et M. le duc de Berry, de M. le grand-aumônier de France, et de plusieurs seigneurs et généraux. Après la messe, la musique a exécuté un Domine, salvum fac regem, S. M. n'ayant pas voulu qu'il y eût de Te Deum. Quoique le public n'eût point été prévenu de cette cérémonie, cependant la foule s'est portée sur le passage du Ror, et l'église s'est trouvée remplie en un instant. Des acclamations unanimes partoient de tous les côtés, et le mauvais temps ne pouvoit empêcher les épanchemens d'une joie trop vive pour être contenue. S. M. est retournée dans son palais, escortée par les troupes de sa maison et par la garde nationale.

Un Mandement de MM. les grands - vicaires (1), du 8 juillet, ordonne qu'il soit chanté un Te Deum dans toutes les églises du diocèse pour le retour du Roi, et que l'on rétablisse les prières accoutumées pour S. M. A la Métropole, le Te Deum a été précédé d'une messe votive de la sainte Vierge, en exécution de la fondation faite l'année dernière par le chapitre pour le retour du Roi à Paris.

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Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous nos fideles sujets, salut:

Dès l'époque où la plus criminelle des entreprises, secon

(1) Se trouve au bureau du Journal; prix, 50 cent.

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