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général en chef, qui l'a remis en liberté au bout de trois heures, après lui avoir volé ses chevaux. Cet homme-là ne se dément point.

On ne peut croire que le général Bertrand soit avec Buonaparte : ce général avoit fait remettre à S. M. par un pair de France, son serment de fidélité, il y a quinze jours.

On dit que Joseph Buonaparte a écrit au Roi, pour supplier S. M. de vouloir bien lui faire désigner le lieu où elle désiroit qu'il se retirât jusqu'à nouvel ordre.

Le Roi a fait commandant de la Légion-d'Honneur, et élevé à un grade supérieur le commandant d'Antibes, M. le baron Corsin, qui a si bien reçu les parlementaires du géné– ral en chef.

Le mauvais temps a empêché, le 8, toute communication télégraphique.

- En exécution de la proclamation du Roi, les membres de la Chambre des Députés des départemens, qui se trouve présens à Paris, se sont réunis, le 7, au nombre de soixanteneuf, dans une des salles de leur palais. Ils ont chargé le président de porter, dans le jour, au Roi l'expression des sentimens d'amour et de fidélité dont ils sont pénétrés pour la personne de Sa Majesté, ainsi que pour son gouvernement, et ils sont convenus de se réunir de même tous les jours jus qu'à ce que l'arrivée d'un nombre suffisant de membres absens permette à la Chambre de délibérer sur les mesures que les circonstances pourront rendre nécessaires.

La revue que S. M. a passée, le 9, tant de la garde nationale que des troupes de la garnison de Paris, a donné occasion de faire éclater leurs sentimens. S. M. étoit au balcon de la salle des Maréchaux. Elle a paru sensible aux cris et aux marques de dévouement de tous les corps, et en a témoigné sa satisfaction aux cominandans. Mr. le duc de Berry, à la fin de la revue, a été entouré et reconduit à son apparte. ment au milieu des acclamations. Ce Prince avoit visité, la veille, les casernes de la capitale, et y avoit trouvé partout le meilleur esprit.

Ordre du jour du mardi 7 mars. Une dépêche télégraphique et un courrier ont annoncé au Roi que Buonaparte avoit quitté l'ile d'Elbe, et débarqué à Cannes, département

du Var, avec mille hommes et quatre pièces de canon, et qu'il se dirigeoit vers Gap à travers les montagnes, seule direction que lui permette la foiblesse de ce détachement. Une avantgarde qui s'est présentée aux portes d'Antibes a été désarmée et arrêtée par le gouverneur. Les mêmes dépêches annoncent que MM. les gouverneurs et commandans des divisions militaires marchent à sa rencontre avec les troupes et les gardes nationales. S. A. R. MONSIEUR est partie pour Lyon avec M. le maréchal comté de Gouvion Saint-Cyr et plusieurs of ficiers-généraux. Une proclamation du Roi convoque les deux Chambres. Une ordonnance du Roi prescrit les mesures d'urgence qu'ordonne la répression d'un semblable attentat. Les gardes nationales du royaume sont appelées à concourir à l'exécution de ces mesures. En conséquence, MM. les préfets, les sous-préfets et les maires d'office, ou sur la demande de l'autorité militaire compétente, doivent requérir, et MM. les inspecteurs et commandans des gardes nationales doivent exécuter toutes les mesures dont l'objet est de seconder l'action des troupes et de la gendarmerie, de maintenir la paix publique, de protéger les personnes et les propriétés, de contenir et de réprimer les factieux et les traîtres. A cet effet, MM. les inspecteurs et commandans, sous l'autorité des magistrats, doivent compléter et perfectionner, autant que les circonstances le permettent, l'organisation des gardes nationales qui existent, et organiser provisoirement celles dont les listes et les cadres sont préparés.

En même temps que le Roi convoque les Chambres, il appelle à la défense de la patrie et du trône, l'armée, dont la gloire est sans tache, et les gardes nationales, qui ne sont que la nation elle-même armée pour défendre ses institutions. Ce sont les intérêts de la nation même que les gardes nationales doivent avoir sous les yeux.

'Soit que les mesures adoptées au congrès de Vienne pour assurer la paix de l'Europe en éloignant davantage le seul homme qui ait intérêt à la troubler, aient jeté ce même homme dans une entreprise désespérée; soit que des intelligences criminelles l'aient flatté de l'appui de quelques traîtres, ses partisans mêmes le connoissent, et le serviront moins par affection qu'en haine ou défiance du gouvernement établi, ou par des motifs d'ambition personnelle ou de cupidité. Exemptes de ces passions, étrangères à ces calculs, les

gardes nationales verront reparoître avec d'autres yeux cet homme qui brisoit lui-même ses propres institutions, et sous le simulacre d'un gouvernement régulier, exerçant le pouvoir le plus arbitraire et le plus absolu, sacrifia la population, les richesses, l'industrie, le commerce de la France, au désir d'étendre sans limite sa domination, et de détruire toutes les dynasties de l'Europe pour établir sa famille : cet homme qui pour tout dire en un mot, vient de donner au monde un nouvel et terrible exemple des abus du pouvoir et de la fortune, quand l'ambition est sans terme, les passions sans frein et le talent sans vertu.

Il reparoît, quand la France respire à peine sous un gouvernement modéré, quand les partis extrêmes, comprimés par la charte, sont réduits à de vains murmures et sans puissance, pour troubler la paix publique; quand la nation est prête à recevoir du Roi et des Chambres le complément de ses institutions; quand les capitaux si long-temps renfermés s'appliquent à l'agriculture, à l'industrie, au commerce extérieur avec un développement qui n'attend que la proclamation des bases adoptées par le congrès pour l'équilibre et la paix de l'Europe. Il revient, et la conscription, le blocus continental, la guerre indéfinie, le pouvoir arbitraire, le discrédit public reparoissent à sa suite, précédés de la guerre civile et de la vengeance! Espère-t-il que la France veuille reprendre son joug, et servir de nouveau ses passions, combattre encore pendant quinze ans, et donner son sang et ses trésors pour assouvir l'ambition ou les haines d'un seul homme? Pense-t-il que la nation ne balancera point avec son intérêt et sa dignité, l'intérêt général de l'Europe qui s'est armée pour le renverser, qui est encore sous les armes, qui stipule au congrès les intérêts de tous les peuples, et ne lui laissera prendre un pouvoir long-temps funeste aux plus grands trônes, comme aux moindres républiques?

pas re

Il est temps enfin que cet homme apprenne qu'on peut en exaltant, par des succès militaires, une nation brave et généreuse, lui donner des fers; mais qu'on ne brave point impunément l'opinion des peuples alors même qu'ils sont asservis, et qu'on ne les remet pas sous un joug que l'opinion plus encore que la force a brisé pour jamais. Ceux mêmes qui ont poussé jusqu'au scrupule la fidélité au serment qu'ils avoient fait à l'empereur, mais qui portoient un cœur françois, ont

abandonné sans retour l'homme qui s'est abandonné lui-même. Buonaparte en France, n'est plus aujourd'hui qu'un aventurier et un chef de parti. Le Roi, la patrie et la charte, voilà les seuls cris de ralliement des François.

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Le général commandant en chef,

Signé, le comte DESSOLE.

de

Les dernières nouvelles de Buonaparte sont du 7, Lyon. A cette date, Buonaparte étoit toujours aux environs de Digne, dont on lui avoit refusé les portes. Personne ne s'étoit réuni à lui. Par la marche des différens corps partis de divers points pour l'attaquer, il devoit dans le moment être entièrement cerné. On a sonné le tocsin dans tous les villages, et les paysans se sont armés pour courir sus.

Une circonstance remarquable, et qui prouve que Buonaparte avoit compté sur la défection, c'est qu'un bâtiment chargé d'armes et d'autres effets à son adresse, est entré, le 2, dans le port d'Antibes, où il a été pris. Ce fait prouve à quel point l'ont aveuglé, et sont aveuglés eux-mêmes, quelques intrigans qui ont pu croire que leurs fureurs étoient partagées par toute la France, et que des modèles de l'honneur, les officiers françois, seroient capables de trahir leur devoir et leurs

sermens.

P. S. Les dernières nouvelles ne contiennent rien de plus précis sur Buonaparte. Il étoit aux environs de Digne. Pas un homme ne s'étoit déclaré pour lui. On croit qu'il y a des désertions parmi ses soldats. Il a laissé à Grasse ses quatre pièces d'artillerie. La confiance et l'ardeur paroissent égales sur tous les points. S. A. R. MONSIEUR est arrivé à Lyon, le 8, au milieu des acclamations d'un peuple nombreux, arquel sa présence va inspirer une nouvelle ardeur. On est ce plus en plus rassuré sur les suites d'une entreprise folle ct désespérée.

Discours pour la cérémonie funèbre et expiatoire du 21 janvier, anniversaire de la mort de Louis XVI, Roi de France et de Navarre; prononcé dans la Métropole de Paris, le 21 janvier 1815, par M. l'abbé Jalabert, vicaire-général capitulaire. A Paris, chez Adrien Le Clere, quai des Augustins, n°. 35; prix, 1 fr. franc de port.

L'abondance et l'intérêt des nouvelles politiques absorbant en ce moment toute l'attention, nous avons cru devoir supprimer un article de littérature que nous nous proposions de donner dans ce numéro, mais qui auroit paru d'un intérêt fort médiocre à côté d'un événement qui occupe tous les esprits.

Proclamation du Roi.

Au château des Tuileries, le 11 mars 1815.

Après vingt-cinq ans de révolution, nous avions, par un bienfait signalé de la Providence, ramené la France à un état de bonheur et de tranquillité. Pour rendre cet état durable et solide, nous avions donné à nos peuples une charte qui, par une constitution sage, assuroit la liberté de chacun de nos sujets. Cette charte étoit, depuis le mois de juin dernier, la règle journalière de notre conduite; et nous trouvions, dans la Chambre des Pairs et dans celle des Députés, tous les secours nécessaires pour concourir avec nous au maintien de la gloire et de la prospérité nationales. L'amour de nos peuples étoit la récompense la plus douce de nos travaux, et le meilleur garant de leurs heureux succès. C'est cet amour que nous appelons avec confiance contre l'ennemi qui vient souiller le territoire françois, qui veut Ꭹ renouveler la guerre ci vile. C'est contre lui que toutes les opinions doivent se réunir. Tout ce qui aime sincèrement la patrie, tout ce qui sent le prix d'un gouvernement paternel et d'une liberté garantie par les lois, ne doit plus avoir qu'une pensée, de détruire l'oppresseur qui ne veut ni patrie, ni gouvernement, ni liberté. Tous les François, égaux par la constitution, doivent l'être aussi pour la défendre. C'est à eux tous que nous adressons l'appel qui doit les sauver tous. Le moment est venu de donner un grand exemple : nous l'attendons de l'énergie d'une nation libre et valeureuse; elle nous trouvera toujours prêt à la diriger dans cette entreprise, à laquelle est attaché le salut de la France. Des mesures sont prises pour arrêter Tome IV. L'Ami de la R. et du R. No. 94. Q

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