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qu'on leur a enlevés. Les tombeaux qu'on a entassés aux Petits-Augustins, par exemple, retourneront, sans doute, aux lieux d'où ils ont été tirés. M. Languet sera rendu à l'église qu'il a bâtie et qui le redemande. Colbert ornerą encore Saint-Eustache. Richelieu viendra ranimer par sa présence la Sorbonne, qui ne paroît avoir été conservée que pour recevoir son protecteur. Ces restitutions, réclamées par le goût comme par la piété, par le vœu des familles comme par ceux des fidèles, seront l'ouvrage d'un ami véritable des arts, empressé à effacer toutes les traces du délire révolutionnaire, et à répondre aux vues religieuses d'un monarque éclairé.

CHALONS-SUR-MARNE. Notre ville, qui, par sa position, a beaucoup souffert dans la dernière guerre, et a servi de passage aux armées, a été consolée par des traits éclatans de courage, de dévouement et de piété. Nos hôpitaux ont été encombrés de plus de sept mille malades, tant militaires qu'habitans, tant françois qu'étrangers. On n'en a perdu que six cents; ce qui sans doute est beaucoup en soi, mais ce qui est peu relativement aux circonstances et à la nature de l'épidémie. Le zèle et l'activité des administrateurs ne se sont pas ralentis. Les prêtres de la ville n'ont pas cessé, malgré le danger. et la crainte de la maladie, d'y porter des secours. Plusieurs sont morts, entr'autres M. Nicaise, curé desservant de l'Hôtel-Dieu. M. Vallois, curé de SaintEtienne, a été atteint de l'épidémie. Un jeune clerc, M. Boisselle, a été victime de son dévouement. Les sœurs hospitalières se sont comme doublées dans ces momens. Quatre ont succombé à l'épidémie, d'autres en ont été attaquées, toutes ont fait tout ce qu'il falloit pour l'être. Plusieurs personnes de la ville les ont secondées dans leurs soins pour les malades, ont été exposées aux mêmes dangers. M. Desmarets père, dont le zeie est depuis longtemps connu, a failli en être victime. Plusieurs dames et demoiselles ont contracté la maladie, et quelques-unes

y ont succombé. La religion, qui leur avoit inspiré ce dévouement, leur en a donné la récompense. Sur dix élèves en chirurgie, trois sont morts; les autres ont tous été malades. Une circonstance récente a donné occasion de rappeler ces détails affligeans et consolans à la fois. Une postulante, Marie - Jeanne François, a été reçue comme sœur hospitalière, le 31 janvier dernier. Lorsqu'elle a eu fait sa promesse, M. l'abbé Becquey, vicaire-général du diocèse, l'a louée de son zèle, et a célébré en même temps, dans un petit discours, le courage, l'activité et la charité de ces saintes et vertueuses filles, qui ont bravé constamment tous les dangers, et qui ont pourvu à tous les besoins par leur intelligence, leur prévoyance et leur économie. Toutes les idées libérales ensemble ne valent pas un trait de leur vie. L'ad ministration des hospices a fait imprimer le discours de M. l'abbé Becquey, et la liste des personnes qui se sont distinguées dans ces jours de danger Ce sont ces deux pièces qui nous ont fourni les détails ci-dessus, où l'on voit tout ce que peut l'esprit de religion et de charité.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Nous avons retardé jusqu'à ce jour à donner des nouvelles du débarquement de Buonaparte sur les côtes de la Provence, parce que les dépêches télégraphiques qui l'ont d'abord fait connoître, ne donnoient encore aucuns détails.

Buonaparte est sorti de Porto-Ferrajo, le 26 février, à neuf heures du soir, par un temps extrêmement calme, et qui s'est soutenu jusqu'au rer. mars. Il montoit un brick, et étoit suivi de quatre autres bâtimens, telles que pinques et felouques, portant de 1000 à 1100 hommes au plus, composés d'une petite partie de François, le reste de Polonais, Corses, Napolitains, et d'hommes de l'île d'Elbe.

Les bâtimens sont venus mouiller dans la rade du golfe Juan, près Cannes, le 1er. mars; les troupes mirent pied à

terre. Cinquante hommes se porterent le même jour à Canoù ils pressèrent le maire d'aller prendre les ordres de celui qu'ils nommoient le général en chef au golfe Juan; mais le maire s'y refusa absolument : il reçut de suite l'ordre de préparer trois mille rations pour le soir même.

Le même jour, 15 hommes de l'expédition s'étoient présentés devant Antibes, demandant à y entrer comme déserteurs de l'île d'Elbe. Le général baron Corsin, militaire distingué et couvert d'honorables blessures, qui commande cette place, les reçut en les faisant désarmer. Peu de temps après, un officier vint sommer la place au nom de Buonaparte; il fut arrêté et mis en prison. Enfin, un troisième émissaire se présenta au commandant pour réclamer les 15 hommes retenus, et l'inviter, au nom du général Drouot, à se rendre au golfe Juan avec les autorités civiles : cet émissaire, pour toute réponse, a été arrêté.

Le lendemain, les hommes débarqués se mirent en route pour Grasse; mais ils évitèrent de passer par la ville, et ils suivirent la route de Digne, où l'on assure que leur troupe a bivouaqué le 4.

Le 2, le général Morangier, qui commande dans le département du Var, avoit réuni à Fréjus la garnison de Draguignan, et les gardes nationales des communes environnantes. Toutes les routes qui auroient pu permettre aux hommes débarqués des communications avec la mer, ou la possibilité de retourner sur leurs pas, sont bien gardées, et entièrement interceptées.

Une dépêche du maréchal prince d'Essling annonce qu'il a dirigé sur Aix un corps sous les ordres du général Miollis, pour couper la route que l'expédition a suivie.

Le général Marchand a réuni à Grenoble des forces imposantes avec lesquelles il pourra agir suivant les circonstances.

Les premieres nouvelles de ces événémens sont arrivées à Paris dans la journée du 5, et MONSIEUR est parti la nuit suivante pour Lyon, où S. A. R. doit arriver ce soir.

a dit

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(Journal officiel.)

---Le Roi a reçu, le 7 mars, le corps diplomatique. S. M. aux ambassadeurs: : «Ecrivez à vos cours respectives que je me porte bien, et que la folle entreprise de cet homme

»ne troublera pas plus la tranquillité de l'Europe qu'elle n'a » troublé la mienne ».

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Mgr. le prince de Condé, chargé d'années, comme de gloire et d'honneur, s'est rendu chez le Roi, avec M. le duc de Bourbon, pour lui offrir encore son bras et son épée. Les héros de cette noble famille n'ont point d'hiver.

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-S. A. R. Mgr. le duc de Berry, qui avoit été sur le point de partir, le 7 au matin, paroît aujourd'hui devoir rester. Etant sorti le jour même, à cheval, il a été entouré par une multitude de spectateurs qui se pressoient sur son passage, en criant avec enthousiasme : Vive le Roi! vivent nos Princes! Des milliers de voix formoient ensemble ce concert d'acclamations. On disoit à S. A. R.: « Nous sommes inséparables du Roi; qu'il compte sur nous. Vive le Roi! vivent les Bour» bons! S'ils ont des ennemis, on les verra. Monseigneur, » dites au Roi de se reposer sur nous. Ne nous quittez pas, » vous nous jugerez ». La foule augmentoit continuellement autour de S. A. R., qui paroissoit vivement émue de ces sentimens et de ces acclamations. Elle y répondoit de la manière la plus affable et la plus gracieuse. Elle a prouvé par des signes et par des paroles de bonté non équivoques, combien elle en étoit touchée.

Mgr. le duc d'Orléans est parti le même jour, à onze heures, pour se rendre auprès de MONSIEUR.

Il a été envoyé un courier à S. A. R. le duc d'Angoulême, pour l'instruire des événemens du Midi, et l'inviter à ne pas continuer son voyage. On croit que S. A. R. se rendra de suite sur un des points de la frontière où sa présence sera jugée nécessaire.

Tous les ministres du Roi se rassemblent deux fois par jour chez M. le comte de Blacas, ministre de la maison du Roi.

- Des adresses du corps municipal de la ville de Paris, et de plusieurs cours et tribunaux, au Roi, protestent de leur dévouement à la personne de S. M. et à son gouvernement.

Les corps de la maison du Roi qui sont à Paris, en ap-prenant les nouvelles qui ont été publiées aujourd'hui, ont fait éclater les sentimens du dévouement le plus absolu à la

personne sacrée du Roi et à la famille des Bourbons. Ceux des mousquetaires et des gardes du corps qui avoient obtenu des congés, ont déclaré qu'ils n'en profiteroient pas. Plusieurs mousquetaires ont sollicité la faveur de partir comme volontaires. Les braves militaires qui servent dans ces corps, et qui ont déjà fait plusieurs campagnes, se distinguent surtout par leur zèle, et brûlent d'apprendre l'art de vaincre à leurs jeunes camarades.

Les ordres sont donnés pour le rassemblement, entre Lyon et Chambéry, d'un corps d'armée qui sera, dit-on, porté à quatre-vingts mille hommes. On désigne le maréchal de France qui doit le commander sous les ordres d'un des princes de la famille royale.

Buonaparte a fait jeter sur la côte, en arrivant, deux proclamations, adressées, l'une à l'armée, l'autre au peuple François elles étoient datées d'Antibes, où il avoit espéré être reçu, et dont les portes lui ont été fermées.

-Une dépêche de M. Fourrier, préfet de Grenoble, en date du 4, porte qu'on y avoit appris le débarquement de Buonaparte, et que cette nouvelle avoit excité la plus vive indignation parmi les habitans de la ville et des campagnes voisines; que les chefs de la force armée, entr'autres M. le général Marchand, s'étoient réunis à l'instant à l'hôtel de la Préfecture; qu'ils y avoient combiné tous les moyens de défense dans le cas très-improbable où le petit corps des brigands de Buonaparte songeroit à se diriger sur la ville; qu'une partie de la garnison avoit été de suite mise en route pour marcher contre lui; et que l'intention du général Marchand étoit de lui couper tout accès possible sur la route de Lyon, pendant que l'autre corps de ses troupes le poursuivroit à outrance sur les autres points.

Une lettre du préfet de Gap, adressée au préfet de Gre noble, le 4 au matin, apprend que Buonaparte ne viendroit pas à Gap; qu'il avoit couché le 4 à Castellane, et qu'il se dirigeoit du côté d'Embrun, et des montagnes.

-M. le duc de Valentinois, pair de France, en allant prendre possession de sa principauté de Monaco, s'est trouvé au rnilieu de la petite troupe de Buonaparte, entre Cannes et An tibes, le 2 mars matin. Il a été quelque temps prisonnier du

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