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-La conférence de M. l'abbé Frayssinous, du dimanche 26 février, étoit sur la morale. L'orateur s'y est proposé de répondre aux principales objections que l'on fait contre la morale chrétienne. Les anciens philosophes avoient bien aussi enseigné une morale; le Lycée et le Portique en donnoient des préceptes. Mais il étoit réservé au christianisme de donner à l'homme un corps de morale aussi simple que pur, bien lié dans toutes ses parties, fondé sur des principes immuables, fertile en conséquences et en applications, approprié à nos besoins, digne enfin, et du législateur qui nous l'apportoit, et d'une créature déjà comblée de tant de dons. Cependant cette morale dont tous les âges ont admiré la perfection, et dont un grand homme disoit, il y a plus de cent ans, que les ennemis même du christianisme ne pouvoient s'empêcher de reconnoître combien elle étoit supérieure à l'enseignement des sages les plus vantés, cette morale a trouvé de nos jours des détracteurs qui en ont méconnu la beauté et les heureux effets. Leurs reproches peuvent se réduire à trois chefs. La morale chrétienne, ont-ils dit, nuit à la société en prêchant le renoncement aux richesses; elle dégrade l'homme en ordonnant l'humilité; enfin, elle rend la vertu impraticable par une sévérité outrée. Mais un examen impartial justifie la morale chrétienne sur ces trois chefs. La morale chrétienne, au lieu de nuire à la société en prêchant l'abnégation, coupe, au contraire, la racine de la plus grande partie des maux de l'humanité; elle fait par-là la guerre à la cupidité, source de tant de crimes. Il faut d'ailleurs distinguer dans l'enseignement du christianisme, à cet égard, les préceptes des conseils. On ne nous ordonne pas de renoncer aux richesses; mais on en règle le bon usage, on en prévient les abus, et le Sauveur des hommes, loin de troubler l'ordre social par ses préceptes, les a dirigés, au contraire, vers le bien général et vers l'intérêt commun, en nous recommandant si fort la charité, la miséricorde, les se

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cours mutuels. Le reproche fait sur l'humilité n'est pas mieux fondé. Cette vertu, en combattant l'orgueil, attaque l'ennemi de notre bonheur et de notre repos. C'est l'orgueil qui trouble la terre, et qui élève tant d'orages dans le coeur de l'homme. L'humilité le ramène à des sentimens paisibles et modérés. En quoi consiste cette vertu? A rapporter à Dieu le bien que nous faisons. Qu'y a-t-il là qui avilisse l'homme? Saint Louis se dégradoit-il en rapportant à Dieu la sagesse de son gouvernement; Turenne, ses talens guerriers et ses grands exploits; Vincent de Paul, la noble activité de son zèle et les effusions de son inépuisable charité; Bossuet, les inventions de son génie, et ses travaux pour l'Eglise et la religion? Depuis quand la créature s'aviliroit-elle en reconnoissant qu'elle tient tout de celui de qui procède en effet tout don parfait? Quant au reproche d'une sévérité impraticable, il est renversé par un fait trop éclatant pour être contesté. Depuis bien des siècles, la morale chrétienne a été pratiquée; elle l'a été dans toutes les conditions, elle l'a été par les plus grands hommes. Tous les âges nous ont offert des exemples d'une vertu portée jusqu'à la perfection. C'est notre lâcheté seule qui nous fait regarder comme impraticable une route que tant d'ames fortes et généreuses ont parcourue avec succès et avec gloire.

Telle est la substance du discours de M. Frayssinous, autant qu'une si courte analyse peut en donner une idée. Il a fini par un morceau de Bossuet qui se lioit très-bien à son sujet. Auparavant il a adressé un compliment à Mme. la duchesse d'Orléans, qui assistoit à sa conférence, à cette princesse, a-t-il dit, qui bien que née sous un ciel étranger, est françoise par ses affections, et l'est aussi par son origine puisqu'elle est issue de la royale maison de Bourbon, et dont la présence dans cette enceinte nous dit assez qu'elle a compris que le plus grand bonheur, comme le premier devoir des rois, est d'ho·norer publiquement cette religion sainte, gage le plus

certain de la soumission des peuples et de la justice des

rois.

M. Ľ’abbé de la Fage, qui prêche le Carême à la cour, remplit son ministère avec une facilité el une vigueur qui étonnent toujours. La parole de Dieu a dans sa bouche cette noble simplicité qui lui convient, et qui la rend efficace. Il ne sait ni outrer les vérités saintes par une sévérité excessive, ni les atténuer par un relâchement coupable. L'âge et le ton de ce respectable vieillard ajoutent encore à la force de ses discours, et son auguste auditoire paroît l'entendre avec intérêt. S. M. qui le suivoit très-exactement, a été obligée de s'en abstenir à cause de sa goutte. Mais MONSIEUR n'a manqué à aucun sermon, et l'attention de ce Prince à entendre assiduement la parole de Dieu, condamne la légèreté et l'indifférence de tant de chrétiens dans ces jours consacrés particulièrement aux oeuvres de piété.

- Le lundi, 6 mars, on célébrera à midi, dans l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, une messe du Saint-Esprit, pour attirer les bénédictions de Dieu sur l'établissement des jeunes orphelines connues sous le nom d'Enfaus de la Providence, et sur les bienfaiteurs de ce même établissement. Le discours sera pronconcé par M. l'abbé Letourneur. Les enfans seront présens. Il y aura une quête. Le lendemain, 7 mars, on dira, à huit heures et demie, une messe basse pour les bienfaiteurs décédés. Les personnes qui ne pourroient se trouver à l'une ou l'autre de ces religieuses cérémonies, sont priées d'adresser leurs dons à M. le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois.

LUCERNE. Un nouveau bref, du 11 janvier, confirme la séparation déjà prononcée des cantons suisses du diocèse de Constance. Ce bref a été communiqué aux autorités ecclésiastiques par l'évêque de Constance. lui-même dans sa lettre du 6 février. Ainsi, puisque l'ordinaire y consent, on ne voit pas quelles difficultés il peut rester sur cet article. Les cantons suisses doivent désirer, plus que personne, la nouvelle dispo

sition. Elle est faite en leur faveur. Plusieurs catholiques la sollicitoient, et elle est conforme à leur intérêt. Le diocèse de Constance étoit excessivement étendu. Il est avantageux aux catholiques d'avoir au milieu d'eux un évêque dont la surveillance sera plus active. Est-ce aux protestans que cette mesure porteroit ombrage? On en chercheroit la raison. Nous croyons que les préventions qui se sont, dit-on, répandues à cet égard, se dissiperont, et que les Suisses verront dans ce projet de S. S. une nouvelle preuve de sa sollicitude pour eux, et de sou désir de consolider la religion catholique dans les cantons où elle s'est conservée.

ANCÔNE. Le roi de Naples a fait paroître un opuscule, intitulé: Voeux des Napolitains. On prétend y démontrer au roi Ferdinand, qu'il n'a aucun droit sur la couronne de ses ancêtres. Nous ne savons comment l'écri vain chargé de prouver cela s'y sera pris; il aura été bien habile, et il méritera d'être bien payé, s'il a pu trouver quelques argumens un peu spécieux. On mande encore de Naples que d'après l'avis du conseil d'Etat, un décret de S. M., du 3 de ce mois, défend qu'il soit publié dans les Marches aucun acte de la cour de Rome pour le spirituel, avant que le conseil d'Etat n'en ait soumis l'approbation au roi. Quiconque publiera ou colportera des actes tendant à rétablir la puissance temporelle du Pape dans les Marches, sera poursuivi comme perturbateur de la tranquillité publique, et sera sur-lechamp livré à une commission extraordinaire. Ce langage doux et humain est de mode dans cette famille.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. M. va beaucoup mieux. Elle vaque aux affaires comme à l'ordinaire, et a donné plusieurs audiences. Seulement elle ne sort pas de ses appartemens. Ses médecins lui ont conseillé encore quelques jours de repos.

-Lord Castlereagh vient d'arriver de Vienne, après avoir réglé les affaires les plus importantes. S. Exc. a eu, marči

28 février, une audience du Roi. Elle s'est remise en route pour Londres, le lendemain.

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On dit

que

M. le comte Jules de Polignac vient de repartir pour Rome avec une nouvelle mission.

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M. Dauxion-Lavaysse, qui avoit été chargé d'une mission à Saint-Domingue, vient d'arriver en France. Les journaux anglois ont parlé fort diversement de lui et de l'issue de son voyage. On s'attend que le gouvernement publiera quelque chose de certain et d'officiel à cet égard.

Une ordonnance du 27 février règle l'établissement de la cour des comptes. Il n'y a aucun changement dans la composition de cette cour. Elle reste dans l'état où elle étoit au er. janvier dernier. M. Barbé de Marbois en est toujours premier président.

-S. M., par une ordonnance du 14 février, a nommé chevalier de la légion d'honneur, M. Stadler, ancien chef du secrétariat de la grande aumônerie.

ORLEANS. Le lundi, 27 février, Mr. le duc d'Angoulême et MADAME sont arrivés ici vers les quatre heures du soir, et sont descendus à la préfecture. Immédiatement après, le Prince est monté à cheval, et est allé sur le Mail passer en revue la garde nationale, les lanciers royaux et le 14*. de ligne, en garnison dans cette ville. Rentré à la préfecture, il a reçu les corps et les fonctionnaires publics qui avoient déjà eu l'honneur de complimenter MADAME. LL. AA. RR. ont répondu avec beaucoup d'affabilité. Elles se mirent à table à six heures, et il fut permis à un grand nombre de personnes invitées par billets de circuler autour de leur table, et de rester dans le grand salon de la préfecture, où elles eurent encore l'honneur de saluer LL. AA. Le mardi matin, le Prince alla entendre la messe à la cathédrale, puis monta à cheval vers sept heures, et se porta sur le Chemin-Neuf où les régimens de la garnison étoient rangés. Il y descendit de cheval, et distribua des croix de saint Louis à trois officiers et des croix d'honneur à plusieurs des officiers et sous-officiers. De là il rejoignit à pied sa voiture où l'attendoit MADAME, et ils continuèrent leur route. Quoique nous eussions déjà eu l'honneur de voir LL. AA. RR., cependant leur présence a excité'un nouvel enthousiasme. Les rues où a passé le cortège étoient élégamment décorées de drapeaux, de guirlandes et de devises, et les troupes ont montré, par leurs acclama

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