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avec les alliés. Elle fait son possible pour se rendre agréable au peuple, et visite avec un peu d'ostentation les établissemens de bienfaisance, ce qu'elle n'avoit jamais fait auparavant. Quant au roi, il caresse surtout l'armée. Il a environ 45,000 hommes de troupes. L'occupation d'Ancône augmente un peu ses ressources. Mais on est persuadé que cette mesure de sa part contribuera à le perdre. S'il se fût tenu tranquille à Naples, il auroit excité moins de plaintes, et seroit peut-être parvenu, à force de modération, à faire oublier le vice de son origine. Mais cette envie de s'étendre, cette manie prenante, qui est une véritable maladie de famille, cette ambition d'un soldat qui devroit trouver déjà sa fortune assez belle, attireront l'attention de l'Europe, et il est à croire qu'on ne voudra pas laisser à l'extrémité de l'Italie un nouveau ferment de guerres. En attendant, S. M. joue la comédie; elle affecte un extrême attachement aux idées libérales; elle se fait demander une constitution. Les colonnes de notre Moniteur sont remplies d'adresses pleines d'une exagération ridicule. Mais on s'aperçoit que les dispositions du peuple

sont mobiles.

AVIS.

Quelques personnes parmi celles qui se sont fait inscrire pour l'ouvrage intitulé: Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique pendant le xv111. siècle, nous ont écrit pour s'informer si cet ouvrage ne paroîtroit pas bientôt. Nous devions, en effet, le publier ce carême; mais nous avons pensé que nous ne pouvions nous dispenser de couronner notre écrit par les arrangemens ecclésiastiques qui se préparent. Ces arrangemens doivent fermer, en quelque sorte, l'histoire de la révolution et compléter le tableau de notre délivrance. Nous attendrons donc encore quelque temps, dans l'espérance que ces arrangemens étant bientôt terminés, nous pourrons clorre par-là notre travail. Tel a été le conseil de plusieurs personnes éclairées, et le désir formel de pluieurs abonnés. L'impression de l'ouvrage est d'ailleurs fort avancée. Les deux premiers volumes sont finis; le troisième et le quatrième s'impriment à la fois. Ce dernier est celui qui, par la nature du sujet, demmande le plus de soins pour la correction des épreuves. Nous tâchons de mettre de la célérité dans l'impression; mais nous avons à cœur surtout d'y mettre de l'exactitude. Nos abonnés tiennent, sans doute, encore plus à l'une qu'à l'autre, et ils diront avec nous: sat citò, si sat benè. Nous espérons pouvoir leur annoncer, peu après Pâque, le moment de la mise en vente de l'ouvrage. Notre intention est de leur donner les quatre volumes à la fois : nous ne pourrions même guère faire auttement, vu la distribution des matières.

SUR l'enlèvement du Pape hors de Rome, en 1809.

L'HISTOIRE de cet enlèvement n'a pas toujours été présentée d'une manière exacte. On en trouve deux relations différentes dans le recueil intitulé: Corres pondance authentique de la cour de Rome avec la France. La première de ces relations, contenue dans une lettre de Gênes, du 10 août 1809, est la plus fautive. On y dit entr'autres, que le saint Père fut attaché dans un fauteuil, et descendu par la fenêtre. D'autres particularités rapportées dans cette lettre, tiennent également de l'exagération. La seconde relation est un peu moins ridicule; mais elle omet plusieurs circonstances importantes, et elle en renferme d'autres qui ne sont point véritablement arrivées. C'est cette relation qu'a suivie M. de Beauchamp, dans son Histoire des malheurs et de la captivité de Pie VII. Il y a même mêlé encore des détails qu'il ne paroît pas avoir puisés dans une source bien sûre. Il importoit cependant de fixer, à cet égard, l'opinion des amis de la religion et de la vérité. Occupés à rassembler des renseignemens certains sur la dernière persécution de l'Eglise, nous avions écrit à Rome pour nous procurer des rapports exacts sur un Ides faits les plus marquans de cette persécution. La pièce suivante, que nous venons de recevoir, nous paroît de nature à intéresser le lecteur. Nous la donnons avec confiance, comme un monument qui servira à l'histoire de l'Eglise, et qui doit trouver sa place dans un journal dont nous voulons faire le déTome IV. L'Ami de la R. et du R. No.

91. N

pôt de tout ce qu'il y a d'important pour la religion.

« Le 6 juillet 1809, dernier jour de l'octave de saint Pierre, une heure environ avant l'aurore, plusieurs piquets de cavalerie s'emparèrent des issues qui, des divers quartiers de Rome, mènent au palais de Monte-Cavallo, et peu après un corps d'infanterie, venu de ses casernes en toute hâte, environna, de tous côtés, la résidence du souverain Pontife. La gendarmerie, une troupe de sbires, et quelques Romains bien connus pour leurs opinions et leur conduite, escaladerent le palais. Quelques-uns.descendirent dans une des cours; d'autres appuyèrent des échelles aux fenêtres des appartemens, et les ayant ouvertes à coups de hache, pénétrèrent dans l'intérieur, et coururent ouvrir la porte principale, sur la place, pour faire entrer dans la grande cour un nombre suffisant de soldats. En même temps la gendarmerie, les sbires et les sujets romains qui s'étoient joints à eux, mirent en pièces les portes qui conduisoient à l'appartement de S. S. et à celui du cardinal Pacca. En peu de temps ils avancèrent jusqu'à la chambre même où étoit le saint Père, qui, éveillé au premier bruit de cette invasion, s'étoit revêtu de ses habillemens ordinaires et de l'étole, et attendoit avec la figure la plus calme le dénouement de cette nouvelle scène. Autour de lui s'étoient rassemblés les cardinaux Despuig et Pacca, plusieurs prélats qui habitoient le palais même, et des ecclésiastiques employés à la secrétairerie d'Etat. Le premier François qui entra, fut le général Radet, suivi d'officiers de gendarmerie, et de sept ou huit Romains. Le général garda le silence pendant quelques minutes. Il étoit pâle et visiblement agité. Enfin il prit la parole, et d'un ton de voix tremblant, il dit

au Pape qu'il avoit à remplir une commission désagréable et pénible, mais qu'ayant prêté serment de fidélité et d'obéissance à l'empereur, il ne pouvoit se dispenser de s'en acquitter; qu'il étoit chargé de lui intimer, de la part de l'empereur, de renoncer à la ' souveraineté temporelle de Rome et de l'Etat de l'Eglise, et que si S. S. ne s'y conformoit pas, il avoit ordre de la conduire chez le général commandant en chef, qui lui indiqueroit sa destination ultérieure. Le Pape, sans rien perdre de sa tranquillité, lui répondit à peu près en ces termes : Si vous avez cru devoir exécuter des ordres semblables de votre empereur, à cause du serment de fidélité et d'obéissance que vous lui avez prété, pensez-vous que nous puissions abandonner les droits du saint Siége, auquel nous sommes liés par tant de sermens ? Nous ne pouvons renoncer à ce qui ne nous appartient pas. Le domaine temporel est à l'Eglise romaine; nous n'en sommes que les administrateurs. L'empereur pourra nous mettre en pièces, mais il n'obtiendra jamais cela de nous. Au reste, après tout ce que nous avions fait pour lui, nous ne devions pas attendre ce traitement. Saint Père, dit alors le général, je sais que l'empereur vous a beaucoup d'obligations. Il m'en a plus encore que vous ne pensez, reprit le Pape avec un accent expressif'; puis continuant, il demanda au général Devons-nous aller seuls? Le général répondit : V. S. peut conduire avec elle son ministre, le cardinal Pacca. Ce cardinal, qui étoit à côté du Pape, se tourna vers lui, et lui dit : Quel ordre me donnez-vous, saint Père? Aurai-je l'honneur de vous accompagner? Le Pape lui ayant répondu : Oui, le cardinal passa, escorté de quelques gendarmes, dans une pièce voisine, où il se revêtit de ses habits de cardinal, avec

l'aumusse et le rochet, parce qu'il avoit cru qu'on alloit les conduire chez le commandant en chef. Etant rentré dans la pièce où il avoit laissé le Pape, il fut fort étonné de voir qu'on avoit déjà fait partir sa Sainteté sans lui donner même le temps de faire aucune disposition. Il se hâta de rejoindre le saint Père, qui étoit escorté des gendarmes, des sbires et des félons romains. Sa Sainteté marchoit difficilement à travers les débris des portes renversées. Ayant traversé la grande cour, elle arriva à la porte principale, où se trouva une espèce de voiture appelée batarde. On y fit monter le Pape, et puis le cardinal. Immédiatement après, les deux portières furent fermées à clef par un maréchal des logis des gendarmes. Le général Radet s'assit sur le siége du cocher, et prit auprès de lui ce maréchal des logis, qui étoit un jeune Toscan de ses protégés. Alors le carrosse partit. Des gendarmes à cheval l'entouroient. On prit la route, non du palais Doria, où demeuroit le général en chef, mais de la porte Pia. A peu de distance de Monte-Cavallo, on fit un tour à gauche, et on sortit par la porte Salara, l'unique qui fût ouverte; puis, par un circuit autour des murs de la ville, on arriva à la porte del Popolo, où les chevaux de poste attendoient. Il y avoit dans la rue des piquets de cavalerie, le sabre nu, pour plus de précaution. Fendant qu'on relayoit, le saint Père reprocha doucement au général Radet de l'avoir trompé, en lui laissant croire qu'on ne le menoit que chez le général Miollis. Il se plaignit aussi qu'on l'eût fait partir de Rome sans suite, et avec les seuls vêtemens qu'il avoit en ce moment. On lui répondit qu'incessamment quelques-uns de ceux que le Pape avoit demandés avant

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