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gard du gouvernement anglais, dans la position où elle était avant la guerre présente.

XVII. Sa majesté l'empereur des Français, roi d'Italie et sa majesté l'empereur d'Autriche, roi de Hongrie et de Bohême, conserveront entre eux le même cérémonial, quant au rang et aux autres étiquettes, que celui qui a été observé avant la présente guerre.

(Note 8.) Tous les princes français de l'auguste maison de Bourbon avaient formellement adhéré à cette réponse du Roi.

Le 2 mars, Sa Majesté écrivit à Monsieur, alors en Angleterre, ce qui s'était passé à Varsovie, le 26 février, et lui manda d'en faire part aux princes de son sang qui se trouvaient dans ce pays, se chargeant lui-même d'en donner connaissance à ceux qui n'y étaient pas. Monsieur rassembla les princes, qui tous s'empressèrent d'appuyer la lettre du Roi par l'acte d'adhésion suivant, daté de Wanstedhouse, le 23 avril :

« Nous princes soussignés, frère, neveu et cousins de Sa Majesté Louis XVIII, Roi de France et de Navarre,

« Pénétrés des mêmes sentimens dont notre souverain seigneur et Roi se montre si dignement animé dans sa réponse à la proposition qui lui a été faite de renoncer au trône de France, et d'exiger de tous les princes de sa maison une renonciation à leurs droits imprescriptibles de succession à ce même trône, déclarons :

» Que notre attachement à nos devoirs, et notre honneur ne pouvant jamais nous permettre de transiger sur nos droits, nous adhérons de cœur et d'âme à la réponse de notre Roi;

» Qu'à son exemple, nous ne nous prêterons jamais à la moindre démarche qui pût nous faire manquer à ce que nous nous devons à nous-mêmes, à nos ancêtres, à nos descendans.

>> Déclarons enfin, que positivement certains que la grande majorité des Français partage intérieurement tous les sentimens qui nous animent, c'est au nom de nos loyaux compatriotes, comme au nôtre, que nous renouvelons devant Dieu, sur notre épée, et entre les mains de notre Roi, le serment sacré de vivre et de mourir fidèles à l'honneur et à notre légitime souverain. » M. le duc d'Angoulême, qui se trouvait auprès de Sa Ma

jesté, avait écrit les mots suivans au bas de sa lettre : « Avec la permission du Roi, mon oncle, j'adhère de cœur et d'âme au contenu de cette note. >>

(Nole 9.) La lettre suivante de M. l'abbé de Tressant, sur P'arrivée de Madame à Mittau, et sur les préparatifs de ce mariage, est du plus grand intérêt. Nos lecteurs ne nous sauront sans doute pas mauvais gré de la leur donner en entier dans ces

notes.

« Mittau, le 7 juin 1799.

»Je suis arrivé ici, Monsieur, il y a quelques jours, avec milord Folkestone, et malgré le peu de temps qui nous reste pour compléter notre voyage, nous n'avons pu résister au désir d'être les témoins de l'arrivée de Madame Thérèse de France. Les bontés du Roi nous autorisent même à rester jusqu'après le jour où elle épousera monseigneur le duc d'Angoulême.

» Il nous serait impossible de vous peindre tous les sentimens qui nous animent; mais puisque tous les détails qui tiennent à cet ange consolateur, intéresssent la religion, l'honneur et la sensibilité de toutes les âmes honnêtes, nous allons recueillir nos souvenirs et nos pensées, pour que vous puissiez leur donner quelque ordre. Nous vous prions même, milord et moi, de citer de cette lettre tout ce que vous croirez capable d'inspirer les sentimens que nous éprouvons.

<< Vous vous rappelez l'événement dirigé par le ciel, qui vint adoucir les larmes que l'héritier de saint Louis, de Louis XII et de Henri IV, répandait sur les malheurs de la France et sur ceux de sa famille. Que la sérénité ne reparut sur son front qu'au moment où il apprit que Madame Thérèse se rendait à Vienne. Son cœur soupira plus librement lorsqu'il la sut dans cet asile; et aidé, comme il se plaît à le répéter, d'un ami fidèle qui ne me pardonnerait pas de le nommer, il réunit tous ses soins et ses efforts pour obéir aux vues de la Providence, qui lui confiait le soin de veiller au sort de l'auguste et malheureuse fille de Louis XVI..

Le Roi ne resta donc pas, un seul instant, incertain sur le sort de l'époux qu'il désirait voir accepter par Madame. Jamais son cœur paternel et français n'a pu soutenir l'idée de la voir se

parée de France par une alliance étrangère, quelque nécessaire: qu'elle parût être pour lui donner un appui, et pour la sauver du dénûment qui la menace encore. Après s'être assuré de l'approbation de Madame, le Roi borua tous ses soins à obtenir qu'elle vînt s'unir aux larmes, aux espérances, au sort de l'héritier de son nom. Les vœux du Roi sont exaucés; Madame est dans ses bras: c'est de là qu'elle réclame ses droits à l'amour des Français; c'est là qu'elle forme des vœux ardens pour leur bonheur; car, de ses longs et terribles malheurs, il ne lui reste que l'extrême besoin de voir des heureux.

» Dès que le Roi eut levé tous les obtacles, il instruisit la reine qu'il allait bientôt unir ses enfans adoptifs, et lui demanda de venir l'aider à les rendre plus heureux. La reine accourut: elle est à Mittau depuis le 4 de ce mois; elle voit tous les regards satisfaits de sa présence, et les vœux qu'elle entend former pour son bonheur, lui prouvent combien les Français qui l'entourent ont de dévouement et d'amour pour leurs maîtres.

» Le lendemain du retour de la reine, le Roi monta en voiture pour aller au-devant de Madame. Une route longue et pénible n'avait point altéré ses forces: elle ne souffrait que du retard qni Ja tenait encore séparée du Roi. Aussitôt que les voitures furent un peu rapprochées, Madame commanda d'arrêter. Elle descendit rapidement on voulut essayer de la soutenir; mais, s'échappant avec une incroyable légèreré, elle courut, à travers les tourbillons de poussière, vers le Roi, qui, les bras étendus ? accourait pour la serrer sur son cœur. Les forces du Roi ne purent suffire pour l'empêcher de se jeter à ses pieds. Il se précipita pour la relever, et l'entendit s'écrier: Je vous revois, enfin !.... je suis heureuse.... voilà votre enfant... VEILLEZ SUR MOL... soyez mon père.....

» Ah! Français, que n'étiez-vous là pour voir pleurer votre Roi! vous auriez senti que celui qui versa de pareilles larmes, ne put être l'ennemi de personne..... vous auriez senti que vos regrets, votre repentir, votre amour pourraient seuls ajouter au bonheur qu'il éprouvait.

» Le Roi, sans pouvoir proférer une parole, serra Madame contre son sein, et lui présenta monseigneur le duc d'Angou lême. Ce jeune prince, retenu par le respect, ne put s'exprimer

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que par des larmes qu'il laissa tomber sur la main de sa cousine, en la pressant sur ses lèvres.

>> On se remit en voiture, et bientôt Madame arriva. Aussitôt que le Roi vit ceux de ses serviteurs qui volaient au-devant de lui, il s'écria, rayonnant de bonheur... « La voilà !... >> Ensuite il la conduisit auprès de la reine.

» A l'instant le château retentit de cris de joie.... on se précipitait; il n'existait plus de consigne, plus de séparation; il ne semblait plus y avoir qu'un sanctuaire où tous les cœurs allaient se réunir. Les regards avides restaient fixés sur l'appartement de la reine; ce ne fut qu'après que Madame eut présenté ses hommages à sa majesté, que, conduite par le Roi, elle vint se montrer à nos yeux, trop inondés de larmes pour conserver la puissance de distinguer ses traits.

» Le premier mouvement du Roi, en apercevant la foule de ceux qui l'environnaient, fut de conduire Madame auprès de l'homme inspiré qui a dit à Louis XVI.... Fils de saint Louis, montez au ciel !.... Ce fut à lui, le premier, qu'il présenta Madame.... Des larmes coulèrent de tous les yeux, le silence fut universel.... A ce pieux et premier mouvement de la reconnaisun second succéda; le Roi conduisit Madame au milieu, de ses gardes.... Voilà, lui dit-il, les fidèles gardes de ceux que nous pleurons: leur áge, leurs blessures et leurs larmes vous disent tout ce que je voudrais exprimer.... Il se retourna ensuite vers nous tous, en disant: Enfin elle est à nous; nous ne la quitterons plus; nous ne sommes plus étrangers au

sance

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bonheur.

» N'attendez pas, monsieur, que je vous répète nos vœux nos pensées, nos questions.... suppléez à tout le désordre de nos sentimens.... Madame rentra dans son appartement pour s'acquitter d'un devoir aussi cher que juste, celui d'exprimer sa vive reconnaissance pour sa majesté l'empereur de toutes les Russies. Dès les premiers pas qu'elle avait faits dans son empire, elle avait reçu les preuves les plus nobles et les plus empressées de son intérêt, et le cœur de Madame avait senti tout ce qu'elle devait au souverain auguste et généreux auquel le ciel a confié la puissance et donné la volonté de secourir les rois malheureux.

Après avoir rempli ce devoir, Madame demanda M. l'abbé

Edgeworth. Dès qu'elle fut seule avec ce dernier consolateur-de Louis XVI, ses larmes ruisselèrent; les mouvemens de son cœur furent si vifs, qu'elle fut près de s'évanouir. M. Edgeworth, effrayé, voulut apppeler..... Ah! laissez-moi pleurer devant vous, lui dit Madame.... ces larmes el votre présence me soulagent..... Elle n'avait alors pour témoins que le ciel et celui qu'elle regardait comme sou interprête..... Pas une seule plainte n'échappa de son cœur.... M. Edgeworth n'a vu que des larmes... c'est de lui-même que je tiens ce récit. Il m'a permis de le citer; il sent que toute modestie personnelle doit céder à la nécessité de faire connaître cette âme pure et céleste.

» La famille royale dîna dans son intérieur, et ce fut vers les cinq heures du soir que nous eûmes l'honneur d'être présentés à Madame. Ce fut alors seulement que nous pûmes considérer l'ensemble de ses traits. Il semble que le ciel a voulu joindre à la fraîcheur, à la grâce, à la beauté, un caractère sacré qui pût la rendre et plus chère et plus vénérable aux Français. On retrouve sur sa physionomie les traits de Louis XVI, de Marie-Antoinette, et ceux de madame Élisabeth. Ces ressemblances augustes sont si grandes, que nous sentions le besoin d'invoquer ceux qu'elles rappellent. Ces souvenirs et la présence de Madame semblaient unir le ciel à la terre; et certainement toutes les fois qu'elle voudra parler en leur nom, son âme douce et généreuse forcera tous les sentimens à se modeler sur les siens.... etc., etc. >>

FIN DES NOTES DU SECOND VOLUME.

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