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espions, que la ville d'Ossuna, qui fait partie de cette dernière province, n'avait, pour ainsi dire, point de garnison. Le colonel d'état major Beauvais, qui commandait sur ce point, venait de faire un détachement qui réduisait à deux compagnies d'infanterie les troupes chargées de garder Ossuna, Le nombre des habitans n'était pas moindre de six mille, et ils montraient les plus mauvaises dispositions. Le 24 juillet, Ballesteros prit avec lui trois mille hommes, dont trois cents de cavalerie, et partit, dans la soirée, du village de Canete, placé au pied des montagnes de Ronda, à l'entrée de .la plaine immense au milieu de laquelle est située Ossuna. Le 25, vers deux heures du matin, il se trouva sous les murs de cette ville. Ballesteros n'essaya point de forcer les postes établis aux issues, bien qu'ils fussent très faibles; par la connivence des habitans des dernières maisons, il s'introduisit avec son monde dans les jardins, et y attendit en silence le lever du jour. Son dessein était de se répandre alors dans Ossuna, et de surprendre les Français encore endormis, Le colonel Beauvais était logé dans une maison qui donnait par derrière sur la place d'armes, presque vis-à-vis un couvent où la troupe était établie. A deux heures et demie, les Espagnols débouchèrent par plusieurs rues à la fois. Deux compagnies de grenadiers marcherent droit au logement du commandant français. La sentinelle, placée à la porte, ayant fait feu sur cette colonne

donna l'alarme à la garde, qui, reconnaissant du premier coup d'œil, la supériorité de l'ennemi, ferma les portes de la maison, et s'y barricada. Cependant tout le monde, dans la ville, s'était éveillé au bruit, et les officiers, logés chez le bourgeois, gagnaient doucement la caserne, en évitant l'ennemi. Le colonel Beauvais, après avoir, par les derrières de son logement, donné des ordres à sa petite garnison, qui s'était déjà mise sous les armes, sortit tout d'un coup à la tête des cinq soldats qui composaient sa garde, se jeta sur les grenadiers qui le tenaient assiégé, s'ouvrit un passage à travers leurs rangs, et arriva ainsi jusqu'au couvent, légèrement blessé au bras par une balle, et à la cuisse par un coup de bayonnette.

Il reparut bientôt, et prit, avec les cent dix hommes réunis dans le couvent, la route d'un petit réduit, situé sur une hauteur près des murs de la ville, et qu'occupait, à tout événement, un poste de trente hommes. Il arriva dans ce lieu, sans perdre un seul soldat. Il y trouva les postes que l'ennemi avait négligé d'attaquer aux issues de la ville, et y fut bientôt joint par plusieurs petits détachemens qui avaient été précédemment envoyés dans les environs d'Ossuna. Les Espagnols cherchaient à écraser le réduit par le feu d'un petit obusier et d'une pièce de canon de montagne. Il ne fut cependant nullement endommagé, et un seul homme reçut une blessure. La mousqueterie des assiégés,

balayant la place d'armes, produisait un effet bien plus terrible. Pendant que cette lutte se prolongeait, Bellesteros fut informé qu'il allait être assailli par une forte colonne, qui, de la frontière de Grenade, marchait à sa poursuite; il se retira précipitamment, laissant dans Ossuna, une soixantaine des siens tant tués que blessés. Le colonel Beauvais le fit harceler par une de ses compagnies jusqu'auprès du camp de Saint-Roch, où le géné→ ral espagnol parut seulement se croire en sûreté.

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Quand, le 25 août 1812, les troupes françaises abandonnèrent le siége de Cadix, le duc de Dalmatie rassemblait toute son armée, pour repousser les Anglais devenus maîtres, de la capital eet d'une partie de l'Espagne.

Les événemens du siége de Cadix furent ceux de tous les siégés que les Français firent en Espagne. On le troubla pas vingt entreprises que formèrent, tantôt des troupes régulières, tantôt des bandes de partisans. A une certaine époque les choses en étaient venues au point dans ce malheureux pays, qu'il eût fallu une armée innombrable pour le réduire. Chaque habitant était devenu un ennemi que l'on devait avoir tôt ou tard à combattre, et qui, paraissant paisible dès qu'il se trouvait entouré de Français victorieux, reprenait les armes aussitôt que ces Français s'éloignaient ou portaient seulement leur attention d'un autre côté. La campagne de 1811 fut, sans contredit, beau

coup plus avantageuse aux habitans de la péninsule et à leurs alliés, qu'au peuple qui voulait faire la conquête du pays. Ils se maintinrent dans le Portugal, quelques efforts que l'on tentât pour le soumettre. Lorsqu'on put regarder cette campagne comme terminée, ils se trouvèrent en possession d'Alméida, qui, fortifiée de rechef, pouvait être un rempart contre une nouvelle invasion, et donnerait le temps de se préparer à la repousser. Cependant, cinq armées françaises dominaient encore en Espagne : la première, appelée armée du centre, et ayant à sa tête le roi Joseph en personne, était campée dans les environs de Madrid et de Tolède; la seconde, sous le nom d'armée du midi, et commandée par les ducs de Dalmatie et de Bellune, assiégeait Cadix, et tenait en sa puissance les principales villes de l'Andalousie; le maréchal Suchet occupait glorieusement avec la troisième, dite armée d'Aragon, les royaumes de Murcie et de Valence; la quatrième, nommée armée de Catalogne, était répandue sur les bords de l'Ebre ; la cinquième enfin, obéissant aux ordres du duc de Raguse, tenait les frontières du Portugal, depuis les bords du Tage jusqu'aux sources du Minho.

Les opérations du maréchal Suchet avaient eu particulièrement le plus grandéclat. Cet officier, qui mérite d'obtenir une place distinguée parmi les pre miers généraux de notre temps, prit, après des siéges mémorables, les villes de Tortose, de Tarragone,

pour

de Sagonte et de Valence. La prise de Sagonte fut lui la suite d'une victoire du même nom, remportée sur une armée du double plus forte que la sienne, et qui laissa pour trophées entre les mains du vainqueur, quatre mille six cents prisonniers, dont deux cent trente officiers, quarante colouels ou majors, deux maréchaux de camp, seize pièces de canon, huit caissons, quatre mille deux cents fusils de fabrique anglaise, et deux drapeaux. Les services rendus par le maréchal Suchet et son armée, semblèrent tels à Napoléon, qu'ils devinrent, le 24 janvier 1812, l'objet de deux décrets spéciaux décernant des récompenses nationales : le premier instituait le maréchal, duc d'Albufera; le second accordait deux cent millions de dotations à l'armée d'Aragon, pour être partagés entre les généraux, officiers et soldats de cette armée qui s'étaient le plus éminemment distingués. Qu'on juge, au reste, des militaires qui composaient cette armée par le trait suivant, que nous citons d'après les autorités les plus respectables. Le caporal Bianchini, du sixième régiment de ligne italien, déjà honoré d'une double décoration, l'aigle de la légion d'honneur et la couronne de fer, amena au maréchal Suchet, après l'assaut du fort Olivo, quatre officiers et cinq soldats espagnols, qu'il avait, lui seul, faits prisonniers. Le général français lui demanda quelle récompense il désirait : « l'honneur de monter le premier à la brèche lorsqu'on donnera l'assaut à Tar

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